jeudi 31 janvier 2008

APPEL DES FEDERATIONS D’EDUCATION POPULAIRE

la Boutique d'écriture et Peuple & Culture vous invitent à signer cette pétition

Nous qui produisons, diffusons, accompagnons des œuvres partout en France,

Nous qui amenons les arts et la culture dans les villages, les quartiers, les écoles, et aussi dans la rue, dans les hôpitaux ou dans les prisons, qui organisons des festivals, des ateliers, des rencontres entre les professionnels et le grand public,

Nous qui développons et qualifions les pratiques artistiques des amateurs,

Nous qui soutenons une culture vivante de qualité, de courage, d’indépendance et de création, dans le cadre d’une politique nationale concertée et durable fondée sur l’intérêt général, en lien avec les artistes, les collectivités, les institutions, et les services de l’Etat, ... "


Nous sommes extrèmement inquiets des orientations actuelles du ministère de la culture, de la politique de la ville, de l'animation rurale qui détruisent tous les outils et moyens de la démocratisation culturelle.
Ces orientations préparent de surcroit les budgets 2009-2010-2011 de l'état, si elles sont mises en oeuvre, il sera trop tard en 2013 pour inverser la destruction accomplie.

Nous appellons tous ceux - membres ou partenaires de nos associations, artistes et écrivains compagnons de nombre de nos actions et qui ne pourront plus l'être, participants aux pratiques amateurs, parents, spectateurs, lecteurs qui n'auront plus accès à l'offre que nous ne pourrons plus leur proposer, étudiants et stagiaires que nous ne pourrons plus former, à lire, faire circuler et signer, si il rejoint leurs convictions, l'appel suivant
http://mouvement-rural.org/article-nu.php3?id_article=2296

Médecins du Monde dénonce des pressions sur les SDF

source : http://www.archipelrouge.fr/spip.php?article252
Publié le 16 juin 2007
par dandi

PARIS

Médecins du Monde dénonce des pressions sur les SDF

NOUVELOBS.COM | 16.06.2007 | 10:48

"Selon Médecins du Monde, les SDF installés sous des tentes ont reçu la visite d’"agents de sécurité de la Ville" qui leur ont demandé de partir en les menaçant d’expulsion par la police. Un ultimatum aurait été fixé à ce samedi et des tentes auraient été jetées dans la Seine.

Le Canal Saint-Martin à Paris le 2 janvier 2007 (AFP)

Le Canal Saint-Martin à Paris le 2 janvier 2007 (AFP) Les SDF qui vivent sous la tente à Paris ont reçu ces derniers jours la visite d’agents de sécurité qui les ont sommés de partir, sous peine d’expulsion par la police, a affirmé vendredi 15 juin Médecins du Monde (MDM), sur la foi de "nombreux témoignages". "Depuis quelques jours, les personnes vivant sous les tentes, dont celles distribuées par Médecins du Monde, font état de pressions pour qu’elles évacuent les tentes", annonce MDM dans un communiqué. "Les témoignages qu’on a recueillis convergent tous vers le même récit", a précisé à l’AFP Graciela Robert, responsable de la mission SDF de Paris pour MDM.

Des "agents de sécurité"

"Les agents de sécurité de la Ville sont passés pour dire qu’il fallait qu’ils partent, que sinon c’est la police qui viendrait", a-t-elle ajouté. "Apparemment l’ultimatum serait demain (samedi)", a-t-elle ajouté, en citant un "arrêté préfectoral" récent mentionné dans les témoignages. Selon la préfecture de police, "il n’y a pas eu d’arrêté préfectoral pris dans le cadre des situations évoquées par Graciela Robert". "Il y a des fois où ça s’est mal passé, des tentes ont été jetées dans la Seine", selon ces témoignages, a assuré la responsable de MDM. Interrogée, la mairie de Paris s’est déclaré "étonnée", assurant qu’il ne pouvait s’agir d’agents municipaux. "Les services municipaux n’ont pas reçu instruction de faire cela", a-t-on affirmé. "Il n’est pas impossible qu’un agent ait dit ça parce que c’est interdit de camper dans Paris", selon la même source. "Il peut y avoir eu des confusions entre différents services de sécurité", a-t-on souligné. Médecins du monde (MDM) a par ailleurs dénoncé l’absence de respect des engagements pris par le précédent gouvernement vis-à-vis des sans-abri et la poursuite de l’évacuation des tentes "sans proposer de solutions".

"En février 2007, des engagements ont été pris par le ministère du Travail et de la Cohésion sociale. Dans cette logique, 55 dossiers ont été déposés par Médecins du monde auprès de la DASS (Direction des affaires sanitaires et sociales) de Paris. Nous avions reçu l’assurance que chacun de ces dossiers trouverait rapidement une solution durable (maison relais, hôtel social, hébergement de stabilisation, CHRS). Six autres dossiers de logement social ont été présentés", précise le communiqué. "A ce jour", déplore MDM "nous n’avons reçu aucune proposition de la DASS conduisant à des hébergements durables, malgré plusieurs réunions et relances. Sur l’ensemble des dossiers présentés, seuls deux ont abouti à un relogement effectif".

"Respect des engagements"

"A la lumière de ce constat", Médecins du monde "rappelle les pouvoirs publics au respect des engagements pris début 2007", et "proteste contre ces évacuations qui continuent d’entretenir une stratégie visant à cacher la misère de la rue".

Depuis décembre 2005, MDM distribue des tentes aux SDF à Paris pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur leur sort. En décembre 2006, l’association les Enfants de Don Quichotte avait à son tour installé plusieurs centaines de tentes le long du Canal Saint-Martin, invitant les habitants à venir dormir aux côtés des SDF. Face au retentissement de l’opération, qui s’était étendue à plusieurs villes en province, le gouvernement avait annoncé le 8 janvier dernier la mise en place d’un plan d’action renforcé au profit des mal-logés et des SDF s’appuyant notamment sur 27.100 places d’hébergement, les personnes accueillies devant se voir proposer une "solution pérenne". Un comité de suivi composé des principales associations d’aide aux plus démunis avait été créé pour veiller à la mise en oeuvre de ce programme, suivi notamment par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Les campements des Enfants de Don Quichotte ont, depuis, été progressivement démonté. "Pour toutes les personnes des tentes des Enfants de Don Quichotte des solutions ont été trouvées", a assuré de son côté la présidente de la FNARS Nicole Maestracci, interrogée vendredi par l’Associated Press. La FNARS précisait toutefois que quelques dossiers étaient toujours en cours de règlement, sans pour autant que les personnes soient encore sous des tentes, et que 53 personnes entrées dans le dispositif début 2007 n’avaient plus donné suite depuis. "Sur la mise en oeuvre du plan annoncé, la non-remise à la rue des personnes accueillies, l’ouverture des centres 24 heures sur 24, et le financement, il y a eu des avancées. Même si tout n’est pas réglé, on ne peut pas dire que rien n’a été fait", a ajouté Nicole Maestracci. La FNARS explique qu’un bilan des opérations menées à Paris comme en province pourrait être fait dans les prochaines semaines. (Avec AP et AFP)

*Source:http://tempsreel.nouvelobs.com

mercredi 30 janvier 2008

mardi 29 janvier 2008

Sabine, la bien aimée billet signé Gérard Lefort



Sur les écrans ce mercredi 30 janvier 2008

Quinzaine des réalisateurs.
Dans «Elle s'appelle Sabine», Sandrine Bonnaire filme sa soeur devenue autiste avec amour mais sans pathos ni concession.

Sabine, la bien aimée

http://www.liberation.fr/culture/cinema/255986.FR.php

REUTERS
Par Gérard LEFORT
QUOTIDIEN : vendredi 25 mai 2007

Elle s'appelle Sabine documentaire de Sandrine Bonnaire (France). 1 h 25.

Sabine est un prénom qui commence comme Sandrine mais qui ne finit pas pareil. Sandrine est Sandrine Bonnaire, une actrice de grande notoriété. Sabine est Sabine Bonnaire, sa petite soeur de 38 ans, autiste. Sandrine a décidé de faire à «Sabine la folle» un cadeau magnifique avec les moyens qu'elle connaît le mieux, les moyens du cinéma. Un film qu'elle a tourné entre juin 2006 et janvier 2007, en Charente, dans un centre d'accueil médicalisé où Sabine vit depuis quelques années. Voilà Sabine, presque trop grosse pour tenir dans le cadre, trop hurlante, trop violente avec les éducateurs quand elle les attaque à la fourchette, trop méchante, surtout avec elle-même quand elle se mord les mains au sang. Sandrine ne détourne pas le regard dans ces moments-là. Mais elle dévisage sa soeur tout aussi longuement lorsqu'elle fait la sieste. Ce n'est plus du cinéma, c'est une caresse sur la joue, c'est un baiser sur le front. C'est incroyable qu'autant d'amour puisse passer dans des images aussi simples. Il y a quelqu'un derrière la caméra qui nous bouleverse parce qu'elle ne se laisse jamais aller, parce qu'elle se tient droite. Et s'il faut un signe de plus que Sandrine Bonnaire est une fille formidable, on voit que souvent son regard traverse sa soeur pour s'inquiéter du genre humain : hommage à l'armée des ombres des éducateurs, attention aux autres et notamment à Olivier, jeune épileptique qu'elle suit dans une promenade virant au calvaire.

Sandrine Bonnaire a mêlé aux images d'aujourd'hui des vidéos d'hier datant de l'époque où Sabine n'était pas encore une personne dépendante mais une gamine rieuse et fantasque, douée pour le piano, et ivre de joie quand sa soeur célèbre réalise son rêve : un voyage à New York, une virée de princesses en Amérique. On voit l'arrivée en Concorde, la belle maison au bord de la mer, les vagues sur la plage, les frangines qui comparent leurs bronzages. On regarde le vent dans les cheveux de Sabine et son bonheur incroyable. Ce qui trouble alors c'est la gémellité entre Sabine et Sandrine, le même soleil dans le sourire, le même voile sombre quand le regard se tourne vers la caméra.

Que s'est-il passé pour que le malheur s'abatte ? En voix off, d'une gravité telle qu'elle interdit les larmes, Sandrine raconte. Le choc quand le frère aîné décède, le départ en province avec sa mère, la dégradation rapide, la violence qui s'installe. Sabine est placée dans un hôpital psychiatrique, puis un autre. Elle y restera cinq ans. A la sortie, elle est irrémédiablement altérée. Depuis 2001, enfin placée dans un centre adapté, Sabine tente de remonter la pente qu'elle a dévalée.
Au coeur de se filme au coeur gros, il y a un soliloque de Sabine sous sa couette : «Tu n'es pas une pute, tu es ma soeur. Tu n'es pas une salope, tu es ma soeur.» Et ceci, qui revient comme une mélopée : «Quand je te quitterai et que tu partiras et que je pleurerai dans tes bras, tu diras que tu viendras me voir demain?» Oui, elle viendra Sandrine, elle viendra toujours... Et nous aussi, qui t'avons vue, Sabine, petite soeur bien aimée.

Une sœur dans un asile de douleur - Sandrine Bonnaire dénonce l'état de la psychiatrie en france

article paru dans libération du 29 janvier 2009

Une sœur dans un asile de douleur

A l’occasion de la sortie de son documentaire, «Elle s’appelle Sabine», l’actrice Sandrine Bonnaire est retournée pour «Libération» sur les lieux où a été internée sa sœur, dressant un constat alarmant de la psychiatrie publique.

éRIC FAVEREAU


Sandrine Bonnaire n’est pas en colère. Ou alors, elle le cache par délicatesse. De retour d’une visite aux deux hôpitaux psychiatriques où sa sœur, Sabine, a été internée pendant près de quatre ans, Sandrine semble se parler à elle-même : «Sabine a été endormie, enfermée, droguée, et tout cela a servi à quoi ? Pendant ces années-là, on ne comprenait pas. On nous disait que c’était nécessaire, qu’il fallait l’interner. Et nous, avec mes sœurs, on voyait Sabine décliner, décliner»…

Aujourd’hui, ce n’est pas un combat, plutôt une évidence à imposer.«A l’époque, on n’y arrivait plus avec Sabine. Il y avait eu la mort de mon frère. On se disait que l’hôpital allait pouvoir mieux faire que nous. Je n’ai rien contre les hôpitaux. Mais quand on voit comment Sabine en est ressortie…» Un désastre en effet. Le 29 décembre 2000, Sabine, sœur cadette de Sandrine, quitte l’hôpital psychiatrique des Murets pour s’installer dans un foyer de vie près d’Angoulême. Mais qu’est devenue Sabine ? Cette jeune femme sort défaite. Elle est défigurée, alourdie de quarante kilos. Les cheveux si courts. Alors qu’en février 1997, comme le montre le magnifique documentaire Elle s’appelle Sabine (lire page 4), celle-ci, qui a alors 28 ans, est belle comme tout, aussi jolie que sa sœur célèbre, troublante, fatigante, fragile à l’évidence, violente parfois avec les claques qu’elle donne, comme ça, sans rien dire. Mais bien vivante, espiègle, inattendue, moqueuse, triste aussi. Elle joue du piano, elle pleure, elle sourit, elle se mure. Et voilà donc qu’en sortant quatre ans plus tard de l’institution psychiatrique, ce n’est plus la même femme. Comment expliquer cet effondrement ? Y a-t-il une raison ? Est-ce la faute de l’avancée inexorable de la maladie ou celle de l’institution ? Comment éviter le constat que décrit avec force le documentaire de Sandrine Bonnaire ? Sabine était malade, elle en ressort détruite : le monde à l’envers.

«Qu’est-ce qui fait que ce qui tient ne tient plus»

Sandrine Bonnaire a été tout de suite d’accord, lorsque Libération lui a proposé de retourner dans les lieux où sa sœur avait été hospitalisée. «On ira avec mes sœurs», nous a-t-elle dit. «Mais je ne veux pas que ce soit un réquisitoire contre la psychiatrie».

Sandrine et ses trois sœurs sont très proches de Sabine. Elles sont allées la voir, toutes les semaines. D’abord à l’hôpital Paul-Guiraud à Villejuif, puis à celui des Murets à la Queue-en-Brie. Juste avant son hospitalisation, Sabine ne va pas bien. Quelques mois auparavant, un de ses frères est mort. Elle vit avec sa mère. «Quand nous sommes allées leur rendre visite, nous étions inquiètes, raconte Corinne, la sœur aînée. Sabine frappait ma mère. Je l’ai reprise avec moi, à la maison, mais on n’y arrivait pas. Et c’est comme ça qu’on a été conduits à l’amener à Villejuif.

L’hôpital Paul-Guiraud est un monde à part, un de ces grands établissements, construits à la fin du XIXe siècle, pour «interner» les malades de Paris et de sa région. Chaque service correspond à un secteur géographique de compétence. Sabine relève alors du secteur 15, dirigée par le Dr Françoise Josselin, partie depuis à la retraite. Et c’est son successeur le Dr Jean Ferrandi qui nous reçoit, avec la Dr Francesca Biagi-Cha. Il a repris le dossier : «Votre sœur est arrivée à un moment aigu de sa vie, elle était violente, elle s’automutilait. Qu’est ce qui fait qu’à un moment les choses qui tenaient ne tiennent plus ?», s’interroge-t-il.

Les sœurs écoutent. Elles ont d’autres souvenirs, plus violents : Sabine attachée, Sabine qui se frappe la tête contre les murs. Elle restera jusqu’en avril 1998 à Villejuif. Six hospitalisations successives.

«Peut-être est-elle restée ici trop longtemps»

Sandrine : «On a le sentiment que sa violence n’était pas aussi forte que cela. Et que l’enfermement a exacerbé sa violence.» Le dialogue est franc, sans agressivité aucune. La Dr Biagi-Chai : «Je vous donne un exemple. Sabine, un jour, met une claque à un infirmier. Ce n’est pas plus grave que cela, on est habitués. Mais elle donne une claque sans raison, et cela nous inquiète beaucoup, car l’acte est immotivé.

- Mais pourquoi est-elle restée attachée si longtemps ?

- C’est parfois nécessaire, pour la contenir.

- Et les médicaments ? A priori, nous n’étions pas contre non plus. Mais pourquoi des doses aussi fortes ? C’était un cas si difficile que ça ?

- Quotidiennement, nous avons des patients comme votre sœur, c’est un peu notre travail habituel.

- Quand on allait voir Sabine, elle nous disait : "J’habite chez toi, hein ?" Et les médecins nous disaient de lui dire qu’elle habitait à l’hôpital. Pourquoi ? […] Et comment expliquer qu’aujourd’hui, alors qu’elle n’est plus enfermée, qu’elle vit avec d’autres malades dans une maison et qu’elle prend moins de médicaments, les choses vont mieux ?

- Peut-être est-elle restée ici trop longtemps? Tout notre problème est de trouver des lieux de vie relais. On n’en avait pas alors.»

Dans le cahier de transmissions, il y a une note datée du 2 novembre 1997 : «Sabine pleure, elle va mal, rentre dans les différentes chambres. Finalement, se calme».

Dehors, en ressortant du bâtiment, on longe un bâtiment, refait tout neuf, celui de l’UMD, c’est-à-dire l’Unité pour malades difficiles. Il y a cinq lieux en France comme celui-là. Y sont hospitalisés les malades dits «perturbateurs», mais aussi des patients considérés comme très dangereux. Sabine perturbe : elle donne, parfois, des coups. Jamais plus qu’une paire de claques. Elle sera pourtant enfermée cinq mois à l’UMD. «Une prison», lâche Sandrine, en revoyant le bâtiment : «C’est étrange, on nous dessine le portrait d’une Sabine, violente, dangereuse. On dirait qu’on a peu installé Sabine dans un autre rôle, plus violent, plus grave.»

Direction, l’hôpital des Murets à la Queue-en-Brie. «De fait, explique Sandrine, après son hospitalisation à Villejuif, j’ai loué un appartement pour ma sœur en bas de chez moi, avec des gardes-malades toute la journée. Mais ça n’allait pas trop. Les gardes malades n’y arrivaient pas». Et c’est ainsi que Sabine atterrit aux Murets.

Dans la voiture nous y conduisant, Sandrine, Jocelyne et Lydie sont désarçonnées, mais elles ne l’avouent qu’à moitié. Elles ne sont jamais revenues aux Murets. En retrouvant l’itinéraire, on devine paradoxalement de la chaleur qui remonte, des souvenirs qui reviennent. Et elles en rient. Lydie, en colère : «Une fois, pour l’anniversaire de Sabine. J’arrive avec un gâteau. Et on m’interdit d’entrer. On me dit : "Pas de visite de la famille". Sabine était juste devant moi. J’ai fait mine simplement d’aller vers elle. Physiquement, deux infirmiers m’ont alors conduit à la porte.»

«Elle donnait des claques, elle injuriait, elle crachait»

Les Roseraies, où a été «internée» Sabine, sont en rénovation. Un bâtiment fermé, engrillagé, planté en bas du parc. Le chef de service et la psychiatre qui ont suivi Sabine veulent bien recevoir ses sœurs «mais seules, sans journaliste». «On prendra des notes», répond, avec un grand sourire, Sandrine Bonnaire.

Deux heures plus tard, elles ressortent. Le Dr Daniel Brehier, chef de service, s’est montré ouvert. Il a pris son temps. «Vraiment, voyez, je ne vois pas ce qu’on aurait pu faire de mieux. Sabine avait besoin d’être hospitalisée, voire enfermée. C’était thérapeutique», leur a-t-il dit, et même répété. «Quand votre sœur est arrivée, ce qui m’a frappé, c’était quand même sa violence, autant une violence à son égard que par rapport aux autres.» Mais quelle violence ? «Elle donnait des claques, elle injuriait et elle crachait au visage. On ne peut pas tolérer ça, surtout quand il y a, à côté, des personnes qui sont, eux aussi, très mal.» Pui s insistant : «Votre sœur était malade. C’est une maladie extrêmement grave… Une psychose infantile avec des troubles du comportement, c’est très difficile, on est extrêmement démuni.»

En tout cas, aux Murets, un traitement sans concession est très vite choisi. Manifestement destiné davantage à la tranquillité du service qu’au bien-être de Sabine. Le Dr Brehier s’explique : «Le problème avec Sabine, c’est que les neuroleptiques ne marchaient pas très bien sur elle.» D’où l’idée d’une «fenêtre thérapeutique» : l’équipe médicale arrête tous les médicaments afin que l’organisme se reconstruise. «Mais il y avait un risque en terme de comportement.» Et c’est ainsi que «pour permettre cette fenêtre thérapeutique», Sabine se retrouve pendant cinq mois à l’UMD de Villejuif. Un lieu carcéral, enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec aucune possibilité de sortie.

Sandrine demande simplement au psychiatre si, à son retour aux Murets, ils ont pu «travailler» avec elle. Réponse : «Quand elle était plus calme, on la mettait avec les autres, mais avec la limite de nos moyens. L’hôpital psychiatrique, c’est le lieu de toutes les grosses misères. Il n’y a que deux à trois infirmiers en permanence pour 25 malades. On fait aussi ce qu’on peut avec ce qu’on a.

- Vous reconnaissez que vos traitements sont parfois liés aux manques de moyens ?»

- Les médicaments, c’est quand même un progrès. Vous n’imaginez pas ce que c’était avant, quand, dans un service, un malade hurlait toute la journée, jusqu’à n’avoir plus de voix…

- Sabine était quelqu’un qui exprimait ses angoisses. Elle était dans l’échange, dans le contact. D’ailleurs, elle jouait du Schubert, elle dessinait. Aux Murets, elle a perdu toute mémoire, elle ne savait même plus s’habiller. Comment vous l’expliquez ?

- Ce que j’essaye de vous dire, c’est qu’elle a eu beaucoup de décompensations. Si elle est entrée à l’hôpital, c’est pour ça. Croyez-moi, ce n’est pas l’hôpital qui l’a rendu malade…»

La Dr B., qui la suivait au quotidien aux Murets, dira la même chose. Pour autant, cette médecin ne se souvient pas de la «fenêtre thérapeutique», ni des longues périodes où Sabine est restée enfermée dans sa chambre. Elle évoque l’intérêt des chambres d’isolement, et même de contentions «plus modernes, avec des aimants qui lient directement mains et chevilles au lit».

A l’automne 2000, c’est la sortie des Murets. Un autre combat : alors que les sœurs ont remué terre et ciel pour trouver un autre lieu, la Dr L. ne veut pas laisser partir Sabine. «Elle nous disait qu’elle devait rester hospitalisée, qu’elle ne pouvait pas aller en Charente, car le lieu n’était pas assez médicalisé», raconte Sandrine Bonnaire. Finalement le 29 décembre, Sabine a pu intégrer ce lieu de vie près d’Angoulême. En quittant les Murets, Sandrine Bonnaire veut revoir l’ancien bâtiment. «C’est sa chambre», dit-elle en montrant une fenêtre.

«Pas de colère, de la tristesse»

Quelques jours plus tard, de retour à Villejuif : «Je viens de discuter avec le Dr B, à qui j’ai envoyé un DVD du film. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir mal travaillé. Et que, si cela avait été le cas, ils se seraient trompés en groupe».

Sandrine Bonnaire a-t-elle appris quelque chose à l’occasion de ce retour ? Certains arguments l’ont-ils troublée ou convaincue ? «Ce n’est pas de la colère que je ressens, c’est de la tristesse. Les réponses que l’on nous a données, non, elles ne nous ont rien appris. Et c’est cela qui est terrible».

Le « krach » de l'UMP

source : http://www.marianne2.fr/Le-krach-de-l-UMP_a83213.html
Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach,
directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.

Le « krach » de l'UMP
C'est un dimanche sombre qu'à vécu hier l'UMP car les électeurs ont « partiellement » confirmé l'humeur mauvaise des sondés. L'électorat de droite en effet a commencé de se détourner du pouvoir alors que celui de gauche est mobilisé. C'est le premier « krach » du sarkozysme.

Un « sarkokrach » d'abord dans son propre fief, les Hauts-de-Seine, puisque dans cette circonscription où se tenait donc une législative partielle, le candidat de l'UMP, Jean-Pierre Schostek, a perdu 2 points alors que celui du PS, Philippe Kaltenbach, en gagnait 7 d'un coup ! ll est vrai que ce dernier bénéficiait de l'absence d'un représentant des Verts qui, en juin dernier, avait dépassé les 3 % des voix. Il n'empêche. Alors que la gauche est dans l'état de déliquescence que l'on sait, du moins sa direction, alors qu'elle persiste à s'abîmer dans des bisbilles internes, des querelles fratricides d'hommes et de femmes, la mobilisation de ses électeurs s'amplifie! La gauche vote socialiste en dépit des socialistes…
Pour preuve de ce mouvement, l'autre élection partielle qui se tenait à Chartres, en Eure-et-Loir, où la candidate PS, Françoise Vallet, est arrivée en tête avec un gain de 13 points par rapport à juin dernier, devançant ainsi le député sortant et maire de Chartres UMP, Jean-Pierre Gorges, qui, lui, en perd 4 ! Les cantons ruraux se sont tout particulièrement mobilisés pour la représentante socialiste qui, comme dans les Hauts-de-Seine, a mené une campagne très forte pour le pouvoir d'achat et contre Sarkozy. « Ca impacte », comme on jargonne aujourd'hui.

Ca fait en tout cas mal, très mal. « « Pendant que vous vous serrez la ceinture, Sarkozy se fait péter la sous-ventrière. » « Vous vivez mal, il fait la fête. » Les attaques font mouche. Sa récente correction d'image n'a pas eu d'effet. Les uns ressortent son « auto-augmentation de salaire vertigineuse », les autres « ses vacances de milliardaires », les autres encore « ses amours paillettes de star aux mœurs trop légères pour un chef d'Etat », et tous ont retenu cette phrase qui lui revient en boomerang : « Je ne peux pas puiser dans les caisses puisqu'elles sont vides ». En ajoutant : « Elles ne sont pas vides pour lui ». Sarkozy, « le président du bonheur pour lui-même » s'est donc fait le meilleur agent électoral de la gauche qui a désormais rodé sa thématique offensive de campagne : « un pouvoir de riche qui ne sert que les riches et ne tient pas ses promesses sur le pouvoir d'achat » alors que l'UMP ne trouve pas ses argumentaires ni ses marques.

« Quand on vante le bilan, le courage du gouvernement sur la réforme des régimes spéciaux, des retraites par exemple, se désole un membre du staff élyséen, on nous renvoie toujours aux retraites des petites gens qu'on n'a pas augmentées, contrairement à nos engagements, ou à la franchise médicale ou à la hausse de l'essence. On n'échappe pas au pouvoir d'achat ».

Alors dans l'état-major de l'UMP où l'on guettait ces résultats, on n'a pas été très surpris, mais le moral est en berne. On s'attend à ce que la perte de confiance sur la marché électoral se traduise par la perte d'au moins un député sinon des deux. D'autant que le Modem continue à réaliser des scores plus que respectables, 18 % dans l'Eure-et-Loir, 7 % dans les Hauts-de-Seine. C'est important non seulement pour Bayrou qui ne disparaît pas du paysage politique, contrairement à ce qu'espérait l'UMP, mais aussi pour la gauche qui peut bénéficier du report d'une bonne partie de ses voix pour les scrutins partiels comme pour les municipales à venir.

Chacun regarde ces deux circonscriptions avec cette échéance dans la tête. Si la poussée du PS se confirme au second tour, si elle est encore renforcée par l'apport bayrouiste, alors dimanche prochain sera vraiment un dimanche noir. La dynamique de victoire va passer à gauche. Sarkozy ne sera plus le chef magique, porte-bonheur, alchimiste moderne des succès électoraux. On est superstitieux en politique. Un chef ne saurait porter la poisse.

Lycée de Jeunes Filles...

lundi 28 janvier 2008

Le droit au savoir - Historique de l'enseignement féminin

source : femmes-égalité
http://www.femmes-egalite.gouv.fr/se_documenter/operations_de_communication/datecles_4.pdf

Au XVIIIe siècle, la plupart des hommes estiment encore que les femmes doivent
être "éduquées" et non "instruites".


En 1836, l’enseignement primaire public pour les filles est autorisé. Mais l’enseignement féminin est surtout assuré par des institutions religieuses
soucieuses de former des épouses et des mères chrétiennes.

En 1880, lorsque les collèges de filles sont créés,
les matières "nobles" sont exclues de leurs
programmes (grec, latin, philosophie,
mathématiques…). Il faut attendre le XXe siècle
pour que de réels progrès aient lieu : l’accès au
baccalauréat en 1919 et l’unification des
programmes scolaires pour les filles et les garçons,
en 1924. La question de la mixité dans les
établissements scolaires se pose à partir des années
soixante mais sa mise en place se fera très
lentement.

Depuis vingt ans, les efforts portent sur
l’orientation des jeunes filles : elles réussissent
mieux leurs études que les garçons, pourtant elles
sont encore peu nombreuses dans les filières
scientifiques et technologiques qui sont porteuses
en matière d’emploi.
Favoriser aujourd’hui l’égalité entre les filles
et les garçons à l’école, c’est travailler contre
les inégalités professionnelles de demain
et pour une citoyenneté partagée.


1808 Les filles et les femmes sont interdites dans l’enceinte des lycées, nouvellement créés.

1836 L’ordonnance du 23 juin organise l’enseignement primaire pour les filles.

1838 Création de la première école normale d’institutrices.

1850 La loi Falloux oblige les communes de plus de 800 habitants à avoir une école primaire de filles (15 mars).

1861 Après avoir bataillé plusieurs années, l’institutrice Julie Daubié
est la première femme autorisée à se présenter au baccalauréat, qu’elle
obtient en l’ayant préparé seule.

1862 Création de l’enseignement professionnel féminin public et laïque par la
pédagogue Elisa Lemonnier.

1867 La loi Victor Duruy, par extension de la loi Falloux, crée des cours secondaires
publics pour les filles (10 avril).

1879 La loi Paul Bert rend obligatoire l’entretien par chaque département d’une
école normale d’institutrices (9 août).

1880 La loi Camille Sée organise l’enseignement secondaire féminin mais celui-ci
n’est pas sanctionné par le baccalauréat (21 décembre).

1881 Création de l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres.

1882 La loi Jules Ferry (28 mars) institue l’obligation d’instruction et la laïcité de l’enseignement primaire, pour les filles comme pour les garçons (cet enseignement était gratuit depuis juin 1881).

1900 La loi du 1er décembre ouvre le barreau aux
femmes : Jeanne Chauvin devient la première avocate.

1903 Marie Curie est la première femme à recevoir un prix Nobel, avec son mari, pour
leur découverte de la radioactivité. Après ce prix de physique, elle recevra, en 1911, le prix Nobel de chimie, et reste à ce jour la seule femme ayant reçu deux fois le prix Nobel.

1912 Création de l’École normale supérieure mixte pour l’enseignement technique, à Cachan.

1924 Les programmes de l’enseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons(décret du 25 mars).

1930 Pour la première fois, une femme est admise à l’École centrale.

1937 Les femmes sont autorisées à enseigner le latin, le grec et la philosophie.

1938 Suppression de l’incapacité civile : les femmes peuvent s’inscrire à l’université sans l’autorisation de leur mari (loi du 18 février).

1972 L’École polytechnique devient mixte : huit femmes sont reçues et
l’une d’entre elles (Anne Chopinet) sera major de promotion.

1975 La loi Haby et ses décrets d’application organisent l’obligation de mixité dans
tous les établissements publics d’enseignement.

1984 Le secrétariat d’État chargé des Droits des femmes et le secrétariat d’État chargé de l’Enseignement technique signent une convention qui fait de l’orientation des jeunes filles vers les formations industrielles un de leurs objectifs prioritaires. En 1989, une seconde convention viendra renforcer leur collaboration.

1989 La loi d’orientation sur l’éducation rappelle la mission d’égalité de l’enseignement. Les établissements scolaires "contribuent à favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes".

1997 Le Rapport parlementaire au Premier ministre sur la représentation des femmes dans les livres scolaires souligne la persistance des stéréotypes et d’une présentation surannée des activités féminines.

2000 : Une convention interministérielle (entre le ministère de l'Emploi et de la
Solidarité, le ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche et le secrétariat d'État aux Droits des femmes et à la Formation professionnelle) est signée le 25 février afin de mettre en oeuvre une politique globale d'égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif.

Cette convention comporte trois séries de mesures :

• améliorer l’orientation scolaire et professionnelle des filles afin d’élargir leurs choix professionnels ;
• lutter contre les représentations stéréotypées des femmes et des hommes, en
intégrant la question du sexisme et la réflexion sur leurs rôles sociaux respectifs
dans les programmes scolaires ;
• promouvoir l’égalité, notamment à travers les matières obligatoires dans les
instituts de formation des maîtres (IUFM), et valoriser le rôle des femmes dans
l’enseignement et la recherche universitaire, ainsi que dans les programmes.

Les réformes qui ont fait avancer la parité - Notes sur les municipales

source : Observatoire de la parité
http://www.observatoire-parite.gouv.fr/portail/guide.htm

Les réformes qui ont fait avancer la parité

21 avril 1944 : l'ordonnance du 21 avril introduit le suffrage universel en permettant pour la première fois aux femmes de voter et d'être éligibles.

23 juin 1999 : Les articles 3 et 4 de la Constitution de 1958 sont modifiés. Il est ajouté à l'art. 3 que la loi " favorise l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ", et précisé dans l'art. 4 que " les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ".

6 juin 2000 : la première loi dite sur " la parité " est promulguée. Elle contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d'hommes et de femmes lors des scrutins de liste et prévoit une retenue sur la dotation financière des partis qui ne respecteront pas le principe de parité lors de la désignation des candidats pour les élections législatives.

10 juillet 2000 : les départements élisant 3 sénateurs et plus votent désormais par scrutin de liste (soit 2/3 des sénateurs). Le scrutin de liste ne concernait jusque là que les départements élisant cinq sénateurs et plus.

11 avril 2003 : les modes de scrutin des élections régionales et européennes sont réformés. L'alternance stricte entre hommes et femmes est instaurée pour les listes des élections régionales et confirmée pour les élections européennes. La loi introduit des sections départementales sur les listes régionales, et crée des eurorégions pour les européennes.

30 juillet 2003 : Réforme du mode de scrutin des sénatoriales qui réserve l'application de la proportionnelle aux départements élisant 4 sénateurs et plus. Le scrutin uninominal, ne comportant aucune obligation paritaire aux yeux de la loi, concerne désormais la moitié des sièges sénatoriaux.

31 janvier 2007 : La loi impose désormais une alternance stricte femmes-hommes dans la composition des listes électorales municipales (de 3500 habitants et plus) et introduit une obligation de parité dans les exécutifs régionaux et municipaux (de 3500 habitantes et plus). Elle augmente la pénalité financière encourue par les partis qui ne respectent pas la parité des investitures lors des élections législatives (75% de l'écart à la moyenne) et contraint les candidat-e-s aux élections cantonales à se présenter au côté d'un/e suppléant-e de l'autre sexe
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Les élections municipales ( 3500 hab. et + )

Les dernières élections municipales de 2001, ont permis une entrée massive des femmes dans les conseils municipaux : la proportion de femmes dans ces assemblées est passé de 25,7 % en 1995, à 47,5 % en 2001. Cependant, il n'y a actuellement que 6,7 % de femmes maires dans ces communes, contre 4,4 % en 1995.

La loi du 31/01/07 indique que désormais les adjoints seront élus au scrutin de liste à la majorité absolue, sans panachage ni vote préférentiel. Sur chacune des listes, l'écart entre le nombre des candidats de chaque sexe ne peut être supérieur à un.
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Les élections municipales ( - de 3500 hab. )

Même si la loi sur la parité ne s'applique pas dans ces petites communes, on constate un léger effet d'entraînement puisque le nombre de conseillères municipales est passé de 21 % en 1995 à 30 % en 2001 et que la part des femmes maires a atteint 11,2 % en 2001, alors qu'elle n'était que de 7,8 % en 1995.
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Elections municipales et intercommunalités :

► Il serait opportun d'abaisser de 3 500 à 2 500 habitants le seuil du scrutin proportionnel avec obligation de parité lors des élections municipales.

► Les intercommunalités sont des lieux de pouvoir où les dispositifs en faveur de la parité ne s'appliquent pas. Il serait absolument indispensable que dans les communes de plus de 2 500 habitants, la désignation des délégués dans les intercommunalités se fasse au scrutin de liste à la proportionnelle avec obligation de parité.

Statut de l'élu :

► Le cumul des mandats et l'absence de limitation dans le temps des possibilités de renouvellement sont deux facteurs qui freinent la rénovation du personnel politique. Ce sont donc des freins pour la parité. Une réflexion pourrait être engagée pour une limitation plus stricte des cumuls de mandats (par exemple, interdiction du cumul de mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale). De même, on peut s'interroger sur une limitation des possibilités de renouvellement au-delà de trois ou quatre mandats

dimanche 27 janvier 2008

Assemblée participative Désirs d'avenir, le samedi 26 janvier 08, Ségolène Royal

Week end Royal : ..."Je prendrais mes responsabilités"

Royal : «Ces sept milliards doivent être rendus aux familles surendettées»

samedi 26 janvier 2008, 18h29 | leparisien.fr

Ségolène Royal a fustigé ce matin à Paris le système bancaire, dénonçant la «connivence» entre les puissants et «ceux qui jonglent avec les milliards», à propos des pertes de la Société Générale qu'elle a qualifiées «d'invraisemblable scandale».

Pour l'ex-candidate à la présidentielle, il est «amoral» qu'on vienne nous dire que cette perte de sept milliards «n'est rien et que tout va bien». «Si pour une banque comme la société générale, une perte d'euros ce n'est rien du tout, comment se fait-il qu'elle matraque les familles qui sont en découvert bancaire ? Je demande le remboursement aux familles qui ont été plongées dans le surendettement de ces tarifications bancaires».


«C'est inadmissible» et d'une «immoralité insupportable».


Ségolène Royal a dénoncé une forme de connivence du pouvoir : «comment se fait-il que le pouvoir aujourd'hui, au lieu de sanctionner et de condamner ces comportements, nous dise 'mais non, tout va bien', 'que monsieur Bouton reste en place'... Mais comment voulez-vous que les gens y comprennent quelque chose ? où est le bien, où est le mal et où est la responsabilité ?».

Et celle qui, en réanimant son association Désirs d'avenir, prépare sa prise du parti socialiste, d'ajouter : «ces sept milliards doivent être rendus aux familles». Elle a également appelé à une réforme du système bancaire.

FRAUDE A LA SOCIETE GENERALE
Royal : «Le capitalisme est devenu incompétent, irresponsable»

samedi 26 janvier 2008, 12h26 | leparisien.fr

Ségolène Royal (PS) a dénoncé samedi à Paris une «connivence» entre les puissants et «ceux qui jonglent avec les milliards», à propos de ce qu'elle a qualifié d'«invraisemblable scandale de la Société Générale».

L'ex-candidate à la présidentielle s'exprimait à la Bellevilloise, salle de spectacles du XXème arrondissement, devant quelque 300 militants de son association Désirs d'avenir, qui revendique 2.200 militants à Paris et 15.000 en France et est présidée par l'avocat Jean-Pierre Mignard. Selon Dominique Bertinotti, maire du IVème arrondissement, proche de Mme Royal, c'était la première fois qu'elle s'exprimait ainsi publiquement devant une assemblée de Désirs d'avenir.

La présidente de Charentes-Poitou a pointé «cette espèce de connivence, en haut, des puissants et de ceux qui jonglent avec les milliards pendant qu'à la base les petits ont du mal à vivre, à survivre».

«Il faut un rétablissement moral à partir de ce scandale, au moins que la leçon en soit tirée et que les banques, grâce à une loi bien claire, cessent de se faire du beurre sur le dos des plus modestes», a poursuivi Mme Royal. «Faisons très rapidement la réforme que je réclamais depuis longtemps: rémunérer les comptes de petits épargnants».

Evoquant les municipales, elle a affirmé: «c'est dans les collectivités territoriales que nous allons pouvoir faire un rempart contre la politique de la droite, celle qui met les valeurs financières au-dessus de toute valeur humaine».

«Cet invraisemblable scandale nous montre à quel point le capitalisme est devenu incompétent, irresponsable, intolérable, désinvolte», a lancé l'ex-candidate. Avant de s'envoler pour Florence, où se tenait une réunion du nouveau parti démocrate (centre gauche), Mme Royal a été ovationnée par ses partisans, réunis sur le thème de la Ville, avant de futurs débats sur le développement durable puis la démocratie participative.
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Samedi 26 Janvier 2008

Ségolène Royal : "Si je sens que la gauche, pour se relever, avancer et faire lever une nouvelle génération, a besoin d'un leader, et si je sens que je peux être celle-là, je prendrai mes responsabilités"

Par Marie QUENET
leJDD.fr

Sur les conseils de Michel Drucker, le maître de cérémonie, elle porte un pull et un pantalon noirs. Mais elle affiche un sourire radieux. Pour la troisième fois en huit ans, Ségolène Royal est ce dimanche l'invitée de Vivement Dimanche sur France 2. L'occasion pour la candidate malheureuse à l'élection présidentielle de se livrer un peu...

L'ex-candidate PS à la présidentielle se dit "heureuse". Certes, elle revient sur les crocs-en-jambe qu'elle a pu subir au sein de son propre camp, sur les accusations d'incompétence. Mais, affirme-t-elle, elle n'en veut pas aux "éléphants" du parti: "La page a été tournée". Elle évoque également sa séparation avec François Hollande, le père de ses quatre enfants. Elle raconte la souffrance d'"être trompée", explique que "quand on ne partage plus la même conception de la fidélité et de la famille, il faut aussi se sauver, au sens de garder son intégrité". Mais, assure-t-elle encore, "c'est cicatrisé".


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Ségolène Royal à "vivement dimanche", le 27/01 à 14h.

http://www.leparisien.fr/home/info/politique/articles.htm?articleid=296003568

Dans « Vivement dimanche », , elle parlera de politique, de ses ambitions pour le PS, de Nicolas Sarkozy, mais aussi de sa rupture avec François Hollande. L'ex-candidate socialiste le dit tout net : « J'ai été trompée. »

CETTE ÉMISSION-LÀ, Michel Drucker s'en souviendra longtemps. Enregistré mercredi et diffusée demain sur France 2, le « Vivement dimanche » avec Ségolène Royal en invitée vedette a marqué le présentateur télé, qui en a pourtant vu beaucoup d'autres. « C'est l'une des émissions les plus fortes que j'aie faites en huit ans », confie-t-il.

En pantalon et pull noirs, l'ex-candidate à la présidentielle était en confiance, entourée de ses amis politiques Michel Sapin, Najat Belkacem, Delphine Batho, Aurélie Filippetti, Sophie Bouchet-Petersen, Jean-Pierre Mignard et Christiane Taubira. Mais aussi de Dominique Besnehard, son poisson-pilote dans le monde du spectacle. Sur le plateau, la présidente de Poitou-Charentes va aussi échanger avec Charles Aznavour, Cali, Thomas Dutronc, André Dussollier, Arielle Dombasle et Liane Foly, cette dernière se livrant à une imitation (réussie) de la candidate socialiste.

« Elle parle de manière apaisée parce qu'elle a tourné la page »

A distance, la comédienne Jeanne Moreau (qui fêtait ce mercredi ses 80 ans) dit tout le bien qu'elle pense de la dame du Poitou-Charentes : « J'aime cette femme. Avec Ségolène, la politique est montée d'un cran. » Aznavour, qui penche pourtant plus vers Sarkozy que vers les socialistes, se fend d'un compliment en saluant sa « performance artistique » durant la présidentielle. Thomas Dutronc approuve en riant : pour le guitariste et comédien, il n'y a pas de doute, les « plus belles jambes de la campagne » étaient bien celles de Ségolène Royal. A l'aise, détendue, l'ex-candidate a apporté quelques paires de charentaises de mode fabriquées dans une entreprise en difficulté du Poitou. Elle se déclare même prête à en offrir une paire au président de la République en espérant, dit-elle, que cela puisse le « calmer ». Interrogée par Claude Sérillon dans la partie politique de l'émission, l'invitée ne cache pas ses ambitions pour la présidentielle de 2012. Non plus que pour le PS à l'égard duquel elle se dit prête à « prendre ses responsabilités » si les conditions sont réunies pour en prendre la tête. Et elle répète, avec des mots quasi identiques à ceux qu'elle avait déjà utilisés sur France 2, qu'elle ira « jusqu'au bout de sa démarche ». Au passage, elle évoque le rôle de plus en plus important des médias dans une campagne présidentielle et réfute l'idée que la politique soit un métier.

Quand on l'amène sur un terrain tout à fait personnel en lui demandant d'évoquer sa rupture avec son ex-compagnon François Hollande, Ségolène Royal ne se dérobe pas. Elle parle pour la première fois, en termes très directs, de sa séparation et des causes qui l'ont amenée. « J'ai été trompée », lâche-t-elle en indiquant que cette situation avait duré « pendant longtemps ». Un aveu très franc formulé, selon les participants à l'émission, sans rancoeur. C'est en tout cas l'impression de Michel Drucker : « Elle parle de manière apaisée parce qu'elle a tourné la page. » D'ailleurs, Royal renouvelle ses voeux de bonheur personnel à son ex-compagnon. Celle qui tacle durement Nicolas Sarkozy pour la mise en scène de sa vie privée avoue simplement se sentir, personnellement, « libérée ». Sa prestation à « Vivement dimanche » a impressionné Drucker qui l'avait déjà invitée à deux reprises. « Elle a passé un cap, c'est très net », commente l'animateur. Dimanche, son émission pourrait bien, elle, battre ses records d'audience.


Dans la seconde partie de l'émission, à 18h55 dans « Vivement dimanche prochain », Michel Drucker recevra Liane Foly et Christiane Taubira en compagnie de Claude Sérillon et Jean-Pierre Coffe."

samedi 26 janvier 2008

Mardi, Heptalogue par Charly Dupuis & Benjamin Choisnard

source : http://www.charlydupuis.com/

Voyez nos films !




sur leur site :
http://www.charlydupuis.com/video/mardi.php



Pendant que vous les regardez,

nous en tricotons d'autres

à l'écoute des musiques, du bruit et de la fureur du monde

et nous aimons nos femmes...

(les vôtres ne sont pas mal non plus...)

La lutte continue !

Charly Dupuis & Benjamin Choisnard

Lundi, Heptalogue par Benjamin Choisnard et Charly Dupuis


Lundi
envoyé par charlydupuis


source : http://www.dailymotion.com/charlydupuis/video/x3ifri_lundi_events
Si les néos-libéraux continuent encore un peu à jouer avec la valeur travail, en pratiquant l'exclusion tous azimuts, il y aura de plus en plus de monde pour faire la manche à la sortie du métro, en grève ou pas… 6 mois après l'élection d'un nouveau président, portrait d'un désastre. Ce "lundi" est le premier volet de l'heptalogue, la nouvelle série de Benjamin Choisnard et Charly Dupuis, les têtus politiques des "éclats de campagne". En forme et rigolos-rageurs ce coup-ci !

Leur site : http://www.charlydupuis.com/

Sisyphe, un mythe...

Le Mythe de Sisyphe par Agnès sur équilibre précaire

Le Mythe de Sisyphe par Agnès sur équilibre précaire
Publié le 26 septembre 2007
par dandi sur http://www.archipelrouge.fr/spip.php?article1260

Le Mythe de Sisyphe

Par Agnès sur http://equilibreprecaire.wordpress.com/

Tel un Sisyphe des temps modernes, le chômeur roule sans cesse la pierre de sa culpabilité d’office, coupable d’avoir été privé de son travail, coupable de n’avoir pas trouvé un nouveau poste dans une société qui détruit les emplois !

La rupture

Le mythe de Sisyphe Un jour, comme ça, sans prévenir, vous disparaissez du monde des vivants. Il y avait bien quelques infos qui laissaient penser que la situation était instable, que vous n’étiez pas vraiment en sécurité, mais bon, vous faisiez votre job, vous le faisiez bien, consciencieusement, proprement. Et puis, le trou noir, le kidnapping social, vous recevez une lettre de licenciement.

Soyons clair ! C’est tombé sur vous un peu par hasard. Cela aurait pu tomber sur n’importe qui d’autre. C’est la petite musique du hasard qui vient de rythmer le grand jeu des chaises musicales. Et vous voilà le cul par terre. Cela n’a rien de personnel. Vos qualités professionnelles, individuelles ne sont pas remises en cause. Votre travail a toujours donné entière satisfaction. Vos collègues vous apprécient. Vous allez même leur manquer. Mais voilà, c’est tombé sur vous, une certaine réalité économique intangible, la douloureuse nécessité de rationnaliser les coûts de l’entreprise. D’ailleurs, on le sent bien, votre patron est sur le point de se faire seppuku. Vous qui avez passé l’essentiel de votre temps dans ce cocon confortable et chaleureux qu’est votre entreprise, vous voilà rattrappé par l’abrupte réalité des choses. Votre formation, votre expérience, vos compétences, vos qualités propres, votre métier, votre réseau de clients, amis, collaborateurs, fournisseurs, votre connaissance intime du terrain… vous partez à la conquête du vaste monde ainsi doté, convaincu d’être suffisamment armé pour rebondir !

Lost in translation

En recevant votre lettre de licenciement, vous venez de passer de l’autre côté du miroir, mais vous ne le savez pas encore. La prise de conscience se fait au fur et à mesure de votre progression dans votre nouveau statut, celui de chômeur. Au début, vous n’endossez pas cet étroit et triste uniforme. Vous n’êtes pas un chômeur, mais bien un salarié temporairement privé d’emploi. Vous n’avez d’ailleurs rien à voir avec cette masse anonyme et sans visage des chômeurs : “quand on veut, on peut“, “qui cherche trouve“. Vous êtes serein. Vous êtes confiant. Votre CV parle pour vous : vous êtes quelqu’un de compétent et d’employable ! Vous avez vos indemnités de licenciement sur votre compte en banque, confortable petit matelas permettant de temporiser. Vous êtes un peu en vacances…

Bien que n’étant qu’un chômeur du dimanche, un pélerin en transit, vous avez acquis des droits, vous avez cotisé à une assurance sur le risque de chômage. Vous entreprenez donc de faire valloir vos droits légitimes. Vous vous rendez donc aux Assedic.

Dois-je raconter l’inscription sur les listes de chômage ? Dois-je évoquer la plus ou moins longue file d’attente pour accéder parfois simplement au ticket numéroté qui ouvre lui le droit d’attendre son tour sur un siège, devant les guichets ? Dois-je parler des minutes qui s’étirent, des regards qui s’échangent furtivement avec les autres pénitents ? Le jaugeage subtil du degré de déchéance de son voisin d’infortune où l’usure des vêtements raconte la chronique d’un provisoire qui dure ? Dois-je rapporter le malaise croissant, l’envie de partir, la petite boule d’angoisse au creux de l’estomac qui va commencer son long travail de sape du moral ? Dois-je décrire le face à face final, avec un guichetier au mieux glacial, au pire revanchard, la sensation de glisser soudain vers le néant des statistiques atones ? Votre première pelure vient de tomber. Vous êtes déjà en train de changer. Vous n’êtes déjà plus qu’un numéro, un dossier perdu dans la pile qui n’en finit pas de grimper vers le ciel, un humanicule perdu dans les rouages d’un système trop grand pour lui.

La disparition

Le temps passe. C’est devenu là votre plus grande certitude. Le temps passe, et pour vous, il ne se passe rien.

Dans un premier temps, vous avez activé vos réseaux relationnels, les fameux réseaux relationnels, dont le conseiller ANPE ne cesse de se gargariser, et dont vous vous rendez compte à l’usage qu’ils sont solubles dans le chômage. Comme un anesthésique avant une mutilation, rien ne se fait jamais brutalement. Vos amis ne vous tournent pas le dos du jour au lendemain, votre téléphone ne cesse pas de sonner brutalement, votre vie continue malgré tout, en se ralentissant tout doucement, insidieusement.

Vous avez perdu environ 1/3 de vos revenus et votre petite cagnotte n’a fait qu’alimenter le fameux temps de latence des indemnités chômage [1]. Forcément, vous avez réduit votre train de vie. Vous faites durer votre garde-robe d’avant. Vous sortez nettement moins. Parfois, vous avez du vous résoudre à déménager. Vous ne pouvez plus recevoir vos amis comme avant. Doucement, votre vie sociale se restreint. Le chômage commence à occuper toute votre existence, tout votre temps, toutes vos perspectives.

Ce que vous étiez, vos talents, votre carrière, tout cela est en train de se diluer doucement au fil des mois. Vous êtes toujours la même personne mais dans le regard des autres, amis, famille, proches, voisins, le souvenir de cet autre s’étiole. Vous devenez un chômeur. Vous n’êtes bientôt plus que cela. Vous vous estompez, vous vous perdez, vous êtes en train de disparaître à la face du monde, aspiré par la grande foule grossissante des sans vie, sans grade, sans nom et sans visage.

La punition

Sisyphe a fait une connerie qui n’a pas plu aux dieux de l’Olympe. Il est donc condamné à rouler [2] un rocher au sommet d’une montagne. Au moment où le rocher arrive en haut, il redévale la pente jusqu’en bas, forçant Sisyphe à recommencer éternellement son absurde labeur.

Le chômeur est un peu un Sisyphe des temps modernes. Inlassablement, il roule le boulet de sa recherche d’emploi active le long des pentes vertigineuses de l’exclusion. A la réflexion, vous vous dites parfois que Sisyphe n’est pas si mal loti que cela. Lui au moins, ne doit pas supporter le regard désapprobateur des autres, ne se fait pas traiter de faignasse par le reste de la société, n’est pas fliqué sans cesse par les zélés agents de l’ANPE, et n’a pas sur dos les Seillières et autres démiurges de la libéralisation heureuse qui n’ont de cesse de retailler l’obstiné cailloux de la punition pour lui ajouter toujours plus d’angles aigüs. Sisyphe, une fois sa journée finie, se couche tranquillement sous son rocher et trouve le sommeil sans se soucier d’un éventuel plan de carrière.

Jour après jour, vous devez donc vivre, penser, vous agiter comme un bon chômeur. L’exercice est d’autant plus difficile que vous êtes suspecté par défaut d’être un mauvais chômeur qui se complaît dans son exclusion et vit grassement aux crochets de la société. Jour après jour, vous épluchez les offres d’emploi qui ne vous correspondent en rien, vous sélectionnez les moins absurdes et vous y allez de votre bafouille. Inlassablement, vous prospectez et vous attendez ce coup de fil qui ne retentit jamais pour vous convoquer à un éventuel entretien d’embauche. D’ailleurs, les entreprises ne prennent même plus la peine de vous envoyer des lettres de refus, faussement peinées, pleines de regrets administrativement corrects.

Et tandis que vos efforts ne portent aucun fruit, que le temps passe et ne revient pas, vous restez un chômeur, pire, vous voyez se profiler à l’horizon le spectre hideux du RMI, l’autoroute de l’exclusion.

Libera me !

Le pire ennemi du chômeur, c’est finalement lui-même. Condamné par défaut, sans qu’aucune faute ne lui soit imputable, il doit continuer sans cesse à expier !

Pourquoi moi ? Pourquoi pas. Il n’est pas besoin de raison. Comme un promeneur dans les rues de Bagdad, un coup on rentre chez soi, un coup on se fait enlever, comme ça ! C’est la faute à pas de chance. Demain, c’est ceux qui vous montrent du doigt qui passeront par la trappe à disparaître. C’est le règne de l’arbitraire, de l’absurde, de la violence aussi. Violence d’une société qui n’a plus de sens, plus de repère, et qui comme Chronos se nourrit à présent de ses propres enfants.

Il ne faut donc pas s’arrêter. Ne pas douter. Jamais ! Même lorsque le reste du monde vous regarde comme la dernière des merdes, vous rappeler, encore et toujours de ce que vous étiez, que vous faisiez, que vous valiez… et que vous êtes toujours, envers et contre tout !

Tenir bon ! Ne pas s’enfoncer ! Refuser cette fausse fatalité. Refuser de devenir le bouc-émissaire d’un système devenu fou qui se dévore lui-même ! Ne pas se résigner ! A aucun prix ! Refuser que l’on vous enterre vivant !

Résister ! Penser ! Crier ! Ecrire ! Exister !

Ne pas attendre de secours du dehors !

S’en sortir ! Par soi-même !

Se libérer ! Et libérer les autres !

Notes

[1] Le temps de latence, est la période pendant laquelle l’ouverture de vos droits d’indemnisation est reculée. Si vous avez touché l’équivalent de 5 ou 6 mois d’allocation chômage en indemnités de départ, l’ouverture du paiement de cette allocation sera reculé d’autant ! Une bonne chose à savoir : votre petit pécule, le solde de tout compte pour des années de travail et de fidélité à votre entreprise, ce petit pécule ne doit surtout pas vous servir à financer un projet, mais seulement à entamer votre période de survie !

[2] L’usage du verbe “rouler” laisse penser que les dieux avaient donné à Sisyphe un gros caillou sphérique, comme quoi, ils n’étaient pas si vachards qu’on veut bien le dire ! Sisyphe en aurait bien plus bavé avec un cube !

Payer plus pour travailler plus

Payer plus pour travailler plus
Publié le 2 août 2007
par Sémaphore sur http://www.archipelrouge.fr/spip.php?article757

Payer plus pour travailler plus

source : Ce Qu’il Faut Détruire
http://cequilfautdetruire.org/

par Gilles Lucas

Enfin, on y arrive ! La réhabilitation de la valeur travail est en marche. Sous prétexte de découvertes touristico-culturelles, quelques entreprises avant-gardistes inventent le travail payant. Pour le travailleur, bien sûr. D’autres sollicitent, gratuitement, l’élan créateur du consommateur, récompensé en verroteries. Il était temps !

SOUS LE TITRE de « Whisky Academy » la distillerie écossaise de Bruichladdich, sur l’île d’Islay, offre à l’amateur curieux la possibilité d’effectuer toutes les tâches d’un employé - une journée à pousser les tonneaux, une autre à travailler sur la chaîne d’embouteillage, une autre à couper la tourbe dans les champs, etc. Le soir, dans les chais, un maître-distilleur explique le travail de dégustation. L’« invité » est nourri et logé, mais c’est de sa poche qu’il paie son voyage, en plus des 1 200 euros qu’il doit débourser pour une semaine de chagrin à produire du whisky vendu en moyenne soixante-quinze euros la bouteille de soixante-dix centilitres. Malin ! Dans nos contrées, ce sont des viticulteurs qui se sont mis sur le coup. Plusieurs propriétaires proposent, enrobées d’un concept touristique, des vendanges sympas, assorties de quelques exposés techniques. Un repas par-ci, un petit déjeuner par-là, une bouteille, et le tour est joué. Coût de l’excursion pour le vendangeur occasionnel : entre soixante et trois cents euros, selon les cas et le cru. Un producteur de Champagne ajoute même un petit côté ludique à l’entreprise : le premier qui finit sa ligne est récompensé d’une bouteille gratos !

Fini le temps où le zélé coupeur était la bête noire des vendangeurs quand il ne venait pas donner un coup de main aux moins adroits ou aux plus tranquilles. Bingo pour les employeurs : pas de charges professionnelles, recrutements souples et volatiles, réductions des frais salariaux. Finie aussi l’époque où travailler signifiait d’évidence gagner de l’argent - même peu - d’une manière plus ou moins régulière. Aujourd’hui, avoir un emploi est une faveur suffisante pour ne pas se plaindre du niveau de rémunération, quand il y en a un, selon le principe moderne du « si tu pleurniches, c’est la porte. Des comme toi, y en a dix qui attendent ». Demain, on entendra : « Des comme toi, y en a dix qui sont prêts à payer pour bosser. » D’ailleurs, ça a déjà commencé. Il y a quelques années encore, déclarer « Je suis prêt à payer pour travailler ! » suscitait l’hilarité, l’effarement, le mépris, voire la sortie précipitée de la trousse d’urgence pour apporter les premiers soins. Bientôt, cette profession de foi pourrait devenir de la plus simple évidence. Puisque avoir un travail est un privilège, de là à le payer, il n’y a qu’un pas.

Car si dans le secteur privé, c’est habillée de culture et de tourisme que se diffuse l’idée de faire payer des travailleurs, le projet est déjà bien en place dans le domaine institutionnel de gestion des chômeurs. Les multiples boîtes de formation conventionnées par l’Unedic et les Assedic procèdent de la même manière. Le chômeur ne reçoit plus son argent, celui qu’il a versé chaque mois à la caisse de chômage quand il travaillait. L’allocation est versée à l’entreprise de formation qui la reverse au chômeur contraint de faire acte de présence aux mêmes horaires qu’un salarié. À ceci près que devenu élève assidu de la boîte de formation, l’argent qu’il reçoit est celui qu’il devrait toucher en restant chez lui en bon chômeur heureux. Lumineux ! Le chômage de masse est un réservoir inépuisable pour l’expérimentation de formes inédites de travail. La précarité est en place, la gratuité se développe, le paiement s’impatiente. En attendant, payer de sa personne, en échange d’une dérisoire contrepartie, reste de mise.

Pour exemple, début 2006, IDTGV lance un concours destiné aux créateurs de vêtements. L’obscure entreprise se propose de relooker son personnel afin de lui donner un style « Zen and Zap » inscrit « dans le marché des loisirs » en rapport « avec les nouveaux comportements de consommation » qui favorisent « l’hédonisme et le plaisir ». Sous les auspices de l’Institut méditerranéen de la Mode, aux créateurs de se mettre à la tâche pour réaliser les modèles de la garde-robe complète des contrôleurs [1]. Pour tout paiement de son labeur, le lauréat du concours recevra royalement 3 000 euros d’argent de poche assortis gracieusement de cinq voyages pour deux personnes [2]. La SNCF, quant à elle, s’est attachée les services de Christian Lacroix : l’opération a coûté globalement dix-neuf millions d’euros et on peut être assuré que quelques billets de trains n’auraient pas satisfait le couturier arlésien...

Toutes les perspectives sont désormais ouvertes. À quand un stage payant chez EADS où le petit actionnaire passera une semaine « live » sur les sites de montage ? Ou dans une exploitation de la plaine de la Crau à ramasser des fruits ? Ou comme « formateur » payant de chômeurs payés avec leur propre argent ? Il faut rétablir la valeur travail disent-ils ? On attend les tarifs avec cette question : c’est quand les prix promotionnels ?

CQFD n° 46, juin 2007

[1] « La tenue ne devra pas être trop stricte afin de ne pas créer un “froid” entre le voyageur et le personnel de bord », selon le cahier des charges IDTGV.

[2] Cinq cents euros pour les candidats retenus après sélection, cinq voyages pour le second prix, trois voyages pour le troisième prix, avec mise en ligne sur le site IDTGV.com des trois premiers prix...

Chômeur, voleur, le peuple aura ta peau

Chômeur, voleur, le peuple aura ta peau
Publié le 18 septembre 2007
par dandi sur http://www.archipelrouge.fr/spip.php?article1155

Chômeur, voleur, le peuple aura ta peau

par sol sur http://lecailloudanslachaussure.blogspot.com

« Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. » Confucius.

Dans notre beau pays a l’union nationale retrouvée, lorsque le grand Sachem pointe du doigt, personne ne voit la lune. Et surtout pas les journalistes, ni l’opposition. Certes quelques associations, quelques blogueurs ou autres voix dissonantes tentent de hausser le ton mais ils restent inaudibles dans l’enthousiascophonie ambiante. Notre omniprésident a annoncé la semaine dernière le lancement d’un « gigantesque plan de lutte contre la fraude. » Il parlait de la fraude à l’assurance chômage. Le voilà ainsi certain de s’attirer la sympathie de tous ceux (et ils sont nombreux) qui se lèvent tôt et en ont assez de payer pour des fainéants et des tricheurs. Mais comme il se trouve que, même s’il m’arrive de me lever tôt, je suis de tout cœur avec les couche-tard, je me suis posé quelques questions. Car enfin, qu’a-t-on fait jusqu’à ce jour ? Aurait-on laissé les tricheurs se remplir les fouilles en tournant le regard de l’autre côté ?

J’en doute. C’est pourquoi, afin d’essayer de mieux appréhender la situation, je vais vous faire manger quelques chiffres. Je sais je ne suis pas pheune mais c’est pour la bonne cause. En 2006, l’UNEDIC a engagé 29.436 procédures civiles et 788 procédures pénales. Sur ces dernières, elle a obtenu 342 condamnations dont 140 avec des peines de prison (ferme ou avec sursis). L’ensemble des condamnations s’est élevé à 41 millions d’euros. L’UNEDIC elle-même estime le préjudice qu’elle a subi à 140 millions d’euros sur plusieurs années. C’est considérable. Voilà de l’argent qui serait mieux dans la poche des chômeurs. Mais même, si l’on prenait ce chiffre (140 millions d’euros) pour la seule année 2006, il faut savoir qu’il représente 0,61 % des allocations versées par les ASSEDIC.

Diantre ! 0,61 % ! Voilà bien de quoi justifier un gigantesque plan de lutte lancé par le grand Sachem himself. On pourrait penser qu’il estime que la lutte a jusque-là été menée sans détermination ou sans efficacité. Mais non, même pas. On comprend mieux lorsqu’il nous explique qu’ « il n’est pas normal quand on est au chômage, qu’on refuse un emploi qui correspond à votre qualification, parce que ce sont les autres qui paient. » C’est clair : il s’agit donc de faire augmenter la fraude en y incluant quelque chose qui, jusque-là, n’en faisait pas partie, afin de mieux le stigmatiser.

Alors, les autres paient, c’est sûr. Mais ce ne sont pas les seuls. Le chômeur aussi a été un travailleur. Et lui aussi a payé, pour lui comme pour les autres. Et puis, que signifie refuser un boulot correspondant à sa qualification ? Quand on connaît la durée (23 mois) des allocations chômage et leur montant (57 % du salaire brut), il faudrait être vraiment idiot pour refuser un emploi intéressant, bien payé et pas loin de chez soi. Sauf à croire que le même type d’offre peut vous revenir le lendemain. Mais chacun sait bien comme cela est peu probable. Seulement voilà : peut-être que le boulot est à 150 km de chez le demandeur d’emploi ? Peut-être que le salaire proposé est la moitié de celui qui était le sien avant, c’est-à-dire encore moins que ses allocations ? Peut-être que les conditions de travail sont tellement pénibles ou indignes que l’offre est non pourvue depuis des années sauf pour de courtes périodes par de pauvres bougres prêts à tout pour survivre mais qui lâchent ensuite l’affaire lorsqu’ils réalisent dans quel traquenard ils sont tombés ? Parce qu’au fond, c’est quoi un chômeur ? C’est quelqu’un qui a besoin d’un salaire pour vivre et bien souvent pour faire vivre sa famille. C’est quelqu’un qui, d’une manière générale, n’a pas vraiment le choix et ne peut se permettre de refuser une offre qu’il sait rare et intéressante.

On peut donc raisonnablement penser que cette stratégie de notre omniprésident veut criminaliser les chômeurs pour mieux leur faire accepter des boulots pourris, payés une misère dans des conditions indignes. Et si vouloir essayer de trouver le meilleur emploi possible c’est être profiteur, comment doit-on appeler ceux qui fraudent l’administration fiscale (par exemple), qui sont autrement plus nombreux et qui trichent pour des sommes sans commune mesure ? N’y aurait-il pas là matière à un plan gigantesque ?

Rappelons que selon un très officiel rapport du Conseil des Prélèvements Obligatoires, la fraude fiscale et sociale est estimée entre 29 et 40 milliards d’euros par an, qu’elle est constituée aux deux tiers de fraudes aux impôts (la TVA arrive en tête mais est suivie de près par l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu et les impôts locaux) et pour un tiers aux prélèvements sociaux (essentiellement le travail au noir). Ces 29 milliards d’euros annuels (au minimum) sont à rapprocher des 140 millions d’euros (sur plusieurs années) qui constituent la fraude aux allocations chômage. Et l’on ne pourra éviter de constater qu’il y a deux poids, deux mesures, avec d’un côté des riches prêts à tout pour conserver l’argent qu’ils estiment avoir si durement gagné et de l’autre des pauvres qui n’ont même pas été fichus de devenir riches en dépit de leurs perpétuelles tricheries. Alors bien évidemment, pour faire le moins d’insatisfaits possibles, on tape toujours sur les mêmes, accessoirement les plus faibles.

J’ajoute qu’à l’heure qu’il est, le gouvernement envisage de rendre imposable l’indemnité de licenciement. Après avoir offert 15 milliards d’euros de pactole fiscal aux plus riches (sous prétexte de relancer la machine économique), voilà une nouvelle mesure juste et équitable. Il ne manque plus qu’une pincée de dépénalisation du droit des affaires pour compléter le tableau. Ainsi se révèle au grand jour le projet de société de notre grand Sachem, même pour ceux qui tentent obstinément de garder les yeux fermés.

par sol

Chômologie portative ou Petit Dictionnaire du Cynisme Social

Chômologie portative ou Petit Dictionnaire du Cynisme Social
Publié le 25 juillet 2007
par Wildo sur http://www.archipelrouge.fr/spip.php?article677

Source : blog precaires.free.fr

A Abnégation, ou sacrifice de soi au bénéfice d’autrui. Autrement dit : qualité majeure et forcée de tout chômeur, qui en a donc au moins une.

Actionnaire. Fainéant chronique, coléreux et menaçant, qui ne bosse jamais et qui réclame tout le temps du pognon, c’est un parfait chômeur qui a raté sa vocation.

Aide soignante. Nouvel idéal des jeunes filles n’ayant pas pu obtenir une instruction de 3ème cycle universitaire. Devenir aide soignante en l’an 2000 relève cependant d’un long parcours de la combattante, ponctué de concours et de vastes frais, parcours bien supérieur en difficultés à celui des infirmières des Trente Glorieuses. Ceci est dû au fait que l’accès au métier d’infirmière, en France, est aujourd’hui impossible puisque cet art est réservé aux Espagnoles, beaucoup plus intelligentes et adroites que les Françaises au chômage.

Alinéa : C’est un peu comme les puces. Il en sort toujours une du plancher pour te piquer rien qu’à toi, pile au moment où tu devais poser tout nu pour des photos, comme il y a toujours un alinéa quelque part qui s’applique à ton cas pour t’exclure de la nouvelle mesure avantageuse qu’on vient juste d’annoncer à la télé.

Ambition. Sentiment naturel visant à s’élever dans la vie pour se situer au-dessus du lot, soit par son travail, soit par son mérite, soit par l’exploitation de son talent. Curieusement, les minus les plus ambitieux du monde politico-économique ont réussi à imposer une façon géniale de s’élever au-dessus d’autrui sans faire le moindre effort, sans talent, et avec encore moins de mérite qu’un gagnant du loto : il suffit d’enfoncer autrui plus bas que soi.

Arnaque. C’est drôle, ceux qui réclament le pouvoir finissent toujours par le prendre, alors que ceux qui réclament le travail finissent toujours par se faire prendre pour des cons.

ASSEDIC. Il paraît que ce serait une Association pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce (Qui le savait ?). En vrai, ça ressemble plus exactement à une Aumône Sèche et Suffisante pour Endiguer le Dynamisme et l’Insolence du Chômeur.

B Bilan (de compétences), ou intitulé extravagant de l’un des multiples stages utiles proposés par une célèbre agence qui est censée en avoir (des compétences). En gros, c’est une sorte d’initiation où l’on persuade ceux que personne ne veut plus fréquenter, qu’ils ont des tonnes de qualités cachées mais qu’ils ne savent pas les mettre en valeur. Le fin est justement d’apprendre à dissimuler ces qualités, lorsqu’on en a trop, ou en tout cas lorsqu’on en a au moins une bonne. Ceci est destiné à ne pas énerver le monde que vous énervez déjà assez comme ça par votre seule existence de parasite, non mais : pour qui vous prenez-vous ?! Vous aviez évidemment besoin d’un stage afin que des gens compétents, eux, puisqu’ils travaillent, vous rappellent tout ça. D’ailleurs, ces gens compétents, qui travaillent dans la célèbre agence, vous apportent surtout la réponse universelle à cette question fondamentale qui vous tourmente depuis déjà longtemps (sinon vous n’auriez pas accepté ce stage) : question : « Où est la solution de mon problème ? » – réponse : « Continuez à chercher, elle est en vous ; compétent comme vous l’êtes, vous finirez bien par la trouver. »

BIT. Bureau International du Travail (si, si, ça existe et c’est à Paris) ! On aurait choisi NIC, c’eut été aussi parlant (Non Intéressé par les Chômeurs). Il n’existe d’ailleurs pas de BIC (Bureau International du Chômage), sans doute parce que ça, c’est jetable.

Bras. Il paraît qu’on en manque. Généralement, ce sont les petits patrons et les grosses matrones qui le disent avec indignation, sous-entendant qu’il y en a plein qui se reposent au chômage. Si tu es un homme et que tu te sens visé, n’hésite pas à répondre à ton interlocuteur que pour ce qui est des bras, tu ne peux pas le dépanner parce que tu n’en as pas plus que lui, mais qu’en revanche, tu as un cerveau et une bite, au cas où il en manquerait aussi.

C Carrière. Archaïsme dont on ne trouve la résurgence que dans les rares métiers médiatiques (présentateur, politicien) ou artistiques (chanteur, écrivain, chômeur).

Chômage : [ ! ] “ ... Chuuuut !... Taisez-vous donc, inconscients, vous n’avez pas honte ?! ”

Convocation. Terme courtois et respectueux, utilisé notamment par les administrations de la police et de la justice en lieu et place d’invitation. L’ANPE en use avec force prévenance (traduire menace) lorsqu’elle propose au chômeur, soit un (sous-)emploi, soit (et c’est beaucoup plus fréquent) un bilan de situation dite professionnelle ( !). Le chômeur serait donc poliment assimilable à un coupable ?

Cynique : Toi-même !

D Dégrader (se). « Comme c’est triste de voir les êtres qu’on chérit se dégrader peu à peu », disait déjà Flaubert... On comprend pourquoi ce n’est pas lui qui a inventé l’ANPE.

Délocalisation. Cela doit vouloir dire “déménagement sous protection pour que les chiens errants et les abeilles n’attaquent pas les camions ni les ouvriers”, puisqu’à chaque fois, les déménageurs arrivent en cachette la nuit et sont armés de battes de base-ball. Et puis souvent, le lendemain, il y a des types emmitouflés de noir avec des cagoules et des armes de Rambo qui viennent pour protéger l’ouvrier quand il s’enferme dans le bureau du patron pour éviter les piqûres d’abeilles.

E Exclu. Électron libéré de l’ensemble des inclus à coups de pieds au cul, équivalent du relégué antique, du lépreux moyenâgeux, de la femme d’Henri VIII ou du moustique entêté qu’on chasse le soir dans la chambre.

F Fainéant. Synonyme inavoué du mot “Fonctionnaire” (défini ci-dessous dans la liste), c’est aussi l’insulte favorite qu’emploient ceux dont la principale source de revenus consiste à faire bosser les autres, ou bien de ceux qui adorent voir transpirer autrui alors qu’eux-mêmes ne transpirent jamais.

Fin de droit. C’est exactement l’expression tronquée qu’il convenait de mettre en usage en matière socio-économique et historico-culturelle : la France est, depuis déjà fort longtemps, le pays de la fin des droits de l’homme !

Fonctionnaire. Énorme concurrent du chômeur. Il coûte une fortune au contribuable, il a la garantie de son statut à vie car personne ne peut le virer, il est antiproductif et donc ne sert à rien non plus, il a le culot de réclamer son seizième mois hebdomadaire à chaque rentrée comme le second sa prime de Noël à chaque sortie, il détient le record du monde de l’absentéisme occidental et, en outre, il présente cette même tendance surprenante à s’énerver lorsqu’on lui demande s’il a l’intention de travailler un jour.

Footballeur. Seule profession où l’on devient milliardaire à 20 ans en jouant, avec les encouragements de la foule laborieuse ; où l’on prend sa retraite à 30 ans sans que personne n’y trouve à redire, et surtout pas ceux qui doivent bosser plus de 45 ans pour en avoir une de merde ; où l’on peut donner des coups de boule devant la terre entière à quiconque semble vous manquer de respect en italien, sans avoir de compte à rendre à la justice et avec la bénédiction générale.

Fumer. Et en plus, tu fumes ?!

Futur. Pourquoi du compliques toujours tout ?!

G Gâteau (part de...) : disons que c’est dommage pour les chômeurs : ils font tous du diabète...

H Hippie ou hippy. Mention souvent camouflée dans la partie “années 60 et 70” du CV des chômeurs de plus de cinquante ans.

Humour. Avec les comiques d’aujourd’hui, tu sais bien que pour accéder au rire, il faut choisir un camp. Alors si t’es chômeur, l’humour, oui, mais... entre chômeurs seulement, sinon ce serait de la provoc’.

I Insécurité... de l’emploi, dans les banlieues, routière ; de l’emploi, dans les banlieues, routière ; de l’emploi, dans les banlieues, routière... Ah ! Mince ! J’ai fini les pétales.

Intérim : ça vient du latin et ça veut dire pendant ce temps-là. D’où les expressions : “Intérim tu nous fais pas chier”, ou bien “Intérim je peux coucher avec ta femme”, ou encore “Intérim pas de maladies, pas de syndicats, pas de casse-couilles”.

Isolement : ou quel est le comble de l’isolement ?… Ben, c’est d’être au chômage, c’est-à-dire dans la plus grande des confréries, où se mêlent toutes les origines, toutes les professions, tous les profils, où la victimisation devrait donner lieu à l’un des plus vastes rapprochement humain, au plus bel élan de solidarité et de soutien collectif, à… Argh ! Allez tous vous faire voir.

J Job :

– T’en as trouvé un, chérie ?

– Oui, j’en ai trouvé un, mais comme d’habitude, il commence par z.

Justice. L’exclu n’y a accès que par le biais des aides juridiques. Autrement dit, il n’y a pas accès. C’est normal, non ? puisqu’il est exclu, ce maraud ne va pas en plus réclamer justice !... Bon, d’accord, il y a eu l’affaire des “recalculés”... Certes, de temps en temps, il y a des juges isolés qui se lancent dans l’humanitaire. Surtout quand le Syndicat de la Magistrature a des comptes à régler avec Monsieur le Ministre. Mais ça ne dure pas. La preuve : tous les recalculés ont été déboutés en appel, après que le Syndicat de la Magistrature a obtenu d’urgence une partie ce qu’il demandait.

K Kleptomane. Terme scientifique. Sauf quand c’est celui qui pique l’argent de ceux qui travaillent, tout en les encourageant à travailler pour continuer à ne rien foutre lui-même : là, on préfère utiliser l’un des termes populaires de chômeur ou de patron (c’est selon).

L Loup-garou. Voir Patron.

Luxe : curieusement, pour les uns, c’est synonyme de vacances alors que pour les autres, c’est synonyme de travail. Allez y comprendre quelque chose !

M Malade. Mais non ! Arrête, avec ça ! C’est pas toi, c’est le système qui est malade.

Mexicain. Mention à porter dans la case “dernier emploi exercé” lorsque l’on ne s’en rappelle plus.

Motivation. Si tu me demandes encore quelles sont mes motivations, je te les mets dans la fraise toutes les deux.

N Non. Généralement assorti de t’es un con (sous-entendu ou pas), c’est le leitmotiv que doit subir le chômeur têtu s’il n’a toujours pas compris qu’il énerve les gens des bureaux d’embauche, à leur poser toujours la même question idiote.

Nomade. Aujourd’hui, on dit SDF. Ça fait plus kitch, et ça peut sous-entendre Standing De Fortune.

O O.S. Anciennement Ouvrier Spécialisé, de nos jours plutôt Oisif en Solde. Il faut noter que lorsqu’on cherche du travail, on tombe souvent sur des os.

P Parasite. Le tout est de savoir lequel est le plus nuisible et le moins étranger à tous les maux du monde dit social : le pou, le chômeur, le grand patron, le gros ou le petit actionnaire, l’État, le fonctionnaire, le morpion… Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les chômeurs qui parasitent le système, mais l’ANPE qui parasite les chômeurs.

Patron. Souvent confondu avec le Manager stock-optionné, ou le repris de justic... (Pardon !) le Grand Patron nommé par l’État, il n’est pas forcément cet être abject qui considère que l’employé est un Gnakoué qui lui doit tout et qui doit se contenter de rien. Le patron, parfois petit, prend le risque de dégringoler plus bas que ses employés en cas d’échec, surtout s’il comptait sur le MEDEF pour le soutenir et s’il n’a pas eu la présence d’esprit, comme les grands, de délocaliser son compte bancaire. Lorsqu’il a le temps de lâcher la vapeur en se faisant fouetter chez une maîtresse dominatrice une fois par semaine, il lui arrive alors de ne pas trop faire subir ses états d’âme despotiques à ses subordonnés. Il lui arrive également de ne pas harceler ses secrétaires pendant que sa femme le surveille, de payer les heures sup. au personnel concerné lorsqu’un inspecteur du travail constate par hasard leur effectivité, d’accorder des échelons à ceux qui peuvent y prétendre selon les conventions collectives après intervention syndicale, et de respecter le droit du travail quand il y est contraint par les prud’hommes. Le (petit) patron, parfois, a le mérite d’être un ancien chômeur, même s’il oublie vite son triste passé ou ne s’en sert que pour reproduire, à son profit, les statuts qu’il a précédemment endurés (stages et contrats poubelles à répétition). Il est surtout le grand oublié des inventeurs du suivi de l’emploi : l’ANPE, depuis qu’elle existe, n’a encore pas pensé à lui organiser des “stages de recherche intensive d’employés”, avec apprentissage de la lettre de recrutement motivée, le tout assorti d’un revenu de 420 euros par mois pendant 6 mois, afin de mieux le rapprocher des réalités de l’offre et de la demande.

PIB, PNB, PPA, Pnud :

– Vous savez ce que c’est, vous ?

– Bien sûr. Le premier est la somme annuelle des valeurs ajoutées sur les biens et services réalisés sur le territoire national par l’ensemble des entreprises nationales ou non, le second étant la somme du premier et du solde des revenus des facteurs de productions transférés par ou à l’étranger sachant que le chiffre, à parité de pouvoir d’achat (PPA), caractérise la puissance économique du productivisme national. Ainsi, selon le Pnud (Programme des Nations Unies pour le Développement), le volume des exportations de la France ayant été multiplié par trois durant ces vingt dernières années, la France n’a jamais été aussi compétitive dans le monde.

– Ough ! Vous pouvez répéter la réponse ?...

– Toi y’en a vivre de mieux en mieux depuis trente ans, Ducon.

– T’as raison, Ducapable, c’est pour ça que le chômage n’a pas cessé d’augmenter depuis trente ans et qu’on peut plus se loger même en bossant.

Profession : Nom, prénom... jusque-là, ça va, on peut répondre. Mais après... SPF ?

Prédation. On ne peut pas parler d’“idéologie libérale”, parce que le terme “idéologie” supposerait qu’il y ait une idée. Il s’agit plutôt de “prédation libérale”. Un prédateur n’a aucune réflexion : il ne méprise pas seulement sa victime, il la culpabilise et la sanctionne. Il ne se lie jamais d’amitié avec ses congénères : il peut s’associer momentanément avec eux par intérêt ou par nécessité, mais il les tuera au moindre moment d’opulence. Voyez le comportement des lions autour de la carcasse de ce salaud de gnou, ou bien celui des requins à l’odeur de la moindre goutte de sang. N’espérez pas raisonner un prédateur : il ne comprendra jamais autre chose que son intérêt bestial, il ne reviendra jamais sur ses positions, même si vous avez réussi par miracle à le conditionner un temps, et il ne mangera jamais des pommes, même si sa femelle en mange de grosses, parfois (voyez certains politiques). Si vous êtes un gnou dans la nature, face à un prédateur, votre seule issue est la fuite. Si vous êtes un homme ou une femme, dans un monde civilisé, vous n’avez aucune raison de continuer à fuir, à vous cacher et à pleurer. Physiquement, votre prédateur n’a rien de plus que vous. Curieusement, il est même souvent plus faible et beaucoup plus lâche que vous.

Précarité. Depuis le temps qu’elle dure, on se demande ce qu’attend l’Académie pour en faire un synonyme de “stabilité”.

Q Quand ? : « Quand on t’aura besoin. Pas avant, ni après. »

Que dalle :

– Et pourtant, je cherche, hein ! Et je suis vachement motivé, hein ! Et j’ai fait tous les stages que vous m’avez obligé à faire, hein !...

– Hein ?!

Quinquagénaire : ancien mort-vivant, aujourd’hui rejoint par le quadra, lui-même bientôt surfait par le trentenaire. C’est fou ce que l’exclusion vous vieillit un homme, alors qu’il passe son temps à faire la couleuvre sur le hamac.

R Radar automatique, ou distributeur de sanctions automatisées, tellement le citoyen est coupable et irresponsable. Cette chose bizarre, issue du plus mauvais film de science-fiction ou de l’imaginaire rudimentaire de quelque politicard populiste sans âme, est la machine prémonitoire de ce qui attend le citoyen polisson du meilleur des mondes, au troisième millénaire. En effet, préparons-nous à voir surgir le “Distributeur automatique de coups de pieds au cul dans l’entreprise” pour tout travailleur qui aurait l’outrecuidance de s’octroyer une seconde d’inattention pendant ses heures de travail, ou encore la “Règle sauteuse qui tape systématiquement sur les doigts de la main gauche de tout employé droitier”, lorsque ce dernier se permettrait de laisser sa main gauche au repos pendant que sa main droite se tape tout le boulot.

Il y avait tout de même mille autres solutions que les radars automatiques (voir ci-après notre définition de la répression) : rétrécissement des voies, bandes frontales de ralentissement, autorégulation des moteurs, capteurs-émetteurs à l’entrée des lieux sensibles pour ralentissement automatisé, multiplication des ronds-points, pose d’obstacles identiques à ceux des péages, interventions aléatoires de police non pour piéger et réprimer mais pour faire ralentir, stages de sensibilisation obligatoires, 2 ou 3h d’auto-école obligatoires par an ou bien non obligatoires mais assorties d’un point de bonus... Ah, évidemment, la méthode “radar-caisse et débilisation du piégé” est tout à fait dans l’esprit de la délocalisation d’usine. C’est pourquoi tout nous porte à penser qu’il y a aussi mille autres solutions en matière de choix du travail et de gestion du chômage.

Raté : ancienne appellation de l’exclu. De nos jours, on ne peut plus être un(e) raté(e) puisque le système ne vous laisse plus le loisir d’essayer de réussir quelque chose.

Retour à l’emploi (aide au). Vu l’orientation de la courbe du chômage qui ne va qu’en croissant depuis bientôt 40 ans, il serait plus utile d’aider les travailleurs provisoires (pardon pour le pléonasme) à l’entrée au chômage.

Rien faire, ou chercher du boulot. Pour un chômeur, ça revient au même puisque chercher du boulot, c’est ne rien obtenir non plus, alors, autant ne…

S S.M.I.C. Stimulant Magique et Incitatif du Chômeur qui, au vu de cet incroyable émolument auquel il a décidément le privilège d’échapper, préfère lâchement rester chez lui dans la béatitude.

Stage : officiellement, c’est une période d’activité temporaire en vue de se perfectionner. Qu’est-ce qu’il y en a, ces temps-ci, des gens perfectionnistes, sur le marché ! C’est pas étonnant, avec tous ces fignoleurs, qu’on ne trouve plus assez de bourricots pour occuper des boulots de merde qui ne demandent aucun perfectionnement.

T Travailler (ils n’ont qu’à aller). Vous connaissez l’histoire du type qui a perdu son larfeuille et à qui le flic du bureau des pertes demande, sourcil droit froncé, le gauche soupçonneux : « …z’avez votre larfeuille, vous ? »

Travailler (ils ne veulent pas aller). Expression consacrée, à l’attention des chômeurs, notamment de la part de ceux qui croient ou qui prétendent travailler. Pourtant, le nombre de gens qui ne fichent rien dans les entreprises, lorsqu’ils n’en ralentissent pas carrément le fonctionnement, est autrement plus élevé que celui des chômeurs ! En effet, demander à des employés attitrés de faire une heure supplémentaire, c’est 99 fois sur 100 leur demander la lune ou provoquer la prochaine grève. Pourquoi voudrait-on que les mêmes, une fois au chômage, se muent en esclaves et en sous-pantins ? Surtout lorsqu’on les pioche et qu’on les jette à la carte du patron, tout en les payant au lance-pierre, et en les persuadant qu’on leur fait là une grande faveur ?

En outre, les chômeurs qui ne cherchent plus de travail ont au moins une excuse, eux : on les en a écœurés.

Travailleurs. Assorti de “Travailleuses”, il s’agit de l’acouphène résonnant du sempiternel disque rayé de certains vieux Partis très nostalgiques, qui veulent encore croire que le mot est un compliment et la notion un idéal.

U UNEDIC. “Union Nationale pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce”. En fait, tout ce qui finit par DIC, ça veut dire “Dans l’Industrie et le Commerce”. Ça ne veut pas dire “Des Incapables au Chômage”. Autrement dit, aucun de ces organismes ne s’occupe vraiment de l’emploi des chômeurs, mais seulement de l’emploi de ceux qui travaillent déjà dans l’industrie et le commerce. Quant aux individus qui perdent un tel emploi, l’Unedic est certes là pour leur jeter une aumône provisoire, mais surtout pour leur rappeler qu’ils sont en train de ruiner ceux qui bossent toujours dans l’industrie et le commerce.

V Vérité. C’est sans doute ce qu’il y a de pire chez le chômeur : sa situation est tellement criante de vérité qu’il n’a plus besoin d’ajouter quoi que ce soit pour susciter la haine du reste du monde.

W Wagon-lit : dernier hôtel 3 étoiles du sans-emploi qui a la chance d’habiter près d’une gare de triage.

X X : catégorie professionnelle dans laquelle les jeunes chômeuses peuvent encore espérer bénéficier d’un bon coup de piston.

Y Yéti : ou abominable homme des neiges, aussi légendaire et inquiétant pour le chômeur que ne le sont les synonymes de cet animal fabuleux : employeur, ami ou conjoint.

Z Zigzag. Cette onomatopée désigne, au figuré, l’évolution sinueuse de la vie de quelqu’un (selon le Larousse). Ne pourrait-elle être aujourd’hui usitée au sens propre pour remplacer l’abréviation latine CV ? En effet, curriculum vitae signifie carrière de la vie. Or, la carrière est une chose qui n’existe plus et qui n’a même jamais existé pour la plupart des chômeurs. Il est donc absurde de demander un CV à un chômeur ! Il serait plus juste de lui demander son Zigzag.

... Mai 2008 ?

Sea, sex and RMI, Le décret RMI : un train d’enfer

Sea, sex and RMI
Le décret RMI : un train d’enfer

source : collectif RTO
http://www.collectif-rto.org/spip.php?article613

vendredi 25 janvier 2008 par collectif rto
Navigation rapide

* Dans quels cas va-t-on vérifier si votre train de vie est suffisamment misérable pour continuer à bénéficier du RMI ?, p1
* A partir de quel montant votre train de vie est celui d’un riche ?, p1
* Les éléments pris en compte dans le calcul de votre « train de vie » :, p1
* Enfin une mesure qui fera le tri entre les torchons et les foulards Hermès., p1
* L’inspecteur mène l’enquête :, p1
* Dernier conseil : avant de sourire hypocritement au contrôleur CAF, pensez à vos dents en or !,

Fini le lucre et les folles bacchanales ! La proposition de décret sur le train de vie des Rmistes vient de tomber, et fait tomber le dernier bastion de résistances après l’abolition des privilèges en 1789.

La fin d’un privilège ?

C’est grâce à l’enquête minutieuse du MEDEF et la complicité des partis politiques au pouvoir que l’affaire vient d’être révélée au grand public et que le gouvernement a pu prendre les mesures qui s’imposaient.

Dans quels cas va-t-on vérifier si votre train de vie est suffisamment misérable pour continuer à bénéficier du RMI ?

De ce côté, pas de grands changements. Les dispositions sont les mêmes que pour un contrôle CAF avec tout de même l’immense nuance que les éléments soumis au contrôle, sont étendus.

Par exemple, un bon citoyen, qui soupçonnait votre colocataire de ne pas dormir dans le canapé du salon, et vous dénonçait à la CAF pour concubinage non déclaré, pourra dorénavant le faire s’il trouve que le son de votre chaîne hi-fi est bien trop pur pour avoir été achetée aux puces.

Ou encore quand l’organisme qui vous suit pour votre contrat d’insertion demande à la CAF d’effectuer un contrôle car il trouve que votre attitude ne correspond pas à l’humilité que tout gueux se doit d’adopter, faites gaffe dorénavant de ne pas dire à votre référent que vous allez toutes les semaines à des projections de films spaghettis des années 70 pour vous distraire de cette vie morose. Dorénavant, le cout des loisirs est pris en compte pour le calcul de vos droits.

Et à savoir surtout, car c’est la source principale des contrôles, que les conseils généraux de chaque département fixent chaque année des publics cibles qui seront de toute façon contrôlés. Ce peut être, par exemple, les gens qui sont inscrits au RMI depuis une certaine date, ou ceux nés en 19XX.

Maintenant cela pourrait, peut-être, être ceux que l’on a déjà vu porter une bague ou des boucles d’oreilles, ou ceux qui sont inscrits au cours de judo de leur commune.

Désormais, un contrôle sur pièces ou à domicile pourra donc être déclenché dès lors qu’une suspicion sur votre train de vie, suspicion déclenchée par n’importe quelle information ( délation, recoupement de fichiers, ...) existera. Bien évidemment, la CAF n’a aucune obligation de vous révéler la source et l’origine de la suspicion.

Le décret précise qu’un questionnaire devra être rempli par l’allocataire. Il est donc fort probable que chacun d’entre nous le reçoive sous peu. Il faudra y répondre avec pièce justificative à l’appui. Combien tout ceci va coûter ? Mais quelle question !? Rien n’est trop cher pour l’égalité préconisée par notre chère république !

A partir de quel montant votre train de vie est celui d’un riche ?

Si les éléments pris en compte dépassent ou égalent le montant de la moitié de votre RMI annuel, vos droits seront purement et simplement arrêtés. Soit pour 90% des RMIstes, la somme mirobolante de 2351,52 Euros.

Si la valeur de votre « train de vie » correspond à ce montant ou lui est supérieur, le décret prévoit tout simplement de couper votre allocation et de vous demander les sommes que vous avez perçues indûment.Votre RMi pourra aussi être réduit si la valeur est inférieure.

Les éléments pris en compte dans le calcul de votre « train de vie » :

A peu près toutes vos possessions, mais également et surtout ce qui ne vous appartient pas !

En effet, rien ne précise dans le décret qu’il s’agisse de VOS possessions. Il est même précisé que « les dépenses sont celles réglées au bénéfice du foyer du demandeur ou du bénéficiaire pendant la période de référence ».

Que vous soyez locataire ou hébergé, un quart de la valeur locative annuelle sera prise en compte dans le calcul. On peut voir déjà que les RMIstes locataires ou hébergés dans des villes où l’immobilier est hors de prix comme Paris, dépasseront beaucoup plus rapidement le plafond. Un décret qui devrait plaire au Maire parisien qui cherche depuis son début de mandat à se débarrasser des pauvres de la Capitale.

Enfin une mesure qui fera le tri entre les torchons et les foulards Hermès.

Ajouter à cela :

- 80% des dépenses pour travaux, charges, frais d’entretien des immeubles, personnels et services domestiques (si vous avez besoin d’une aide ménagère par exemple).

- 80% des dépenses pour voyages, séjours en hôtels, locations saisonnières, frais de réception, biens et services culturels, éducatifs, de communications et de loisirs, club de sport et de loisirs (ils en ont après les loisirs), et même, s’il y a lieu, vos droits de chasse.

Bref, vos cours de ping-pong (attention, pour ceux qui se rappellent, à ne pas acheter des Secretin 5 étoiles), votre note de portable, votre inscription à une bibliothèque privée spécialisée dans les bouquins de SF, bref tout et surtout n’importe quoi.

- 80% de la valeur de l’électroménager, équipements son hi-fi vidéo et matériel informatique. Toujours.

Et quelques autres trucs mis là pour faire penser que les RMIstes sont vraiment des riches qui partent en solitaire sur les mers chaudes des Caraïbes : 6,25% de la valeur vénale des bateaux de plaisance, voiture, moto si la valeur vénale est de plus de 10 000 euros.

L’inspecteur mène l’enquête :

Affublé d’un imper vieux et passé, on voit déjà le contrôleur CAF surgir à chaque coin de rue pour vous poser une multitude de questions plus ou moins embarrassantes :

« Au fait, ne m’aviez-vous pas dit que votre mère était décédée, il y a peu ? HMMM… Mais alors, elle a bien du vous laisser un petit quelque chose ; pas d’argent bien sûr, nous l’aurions vu. En nature, voyez ? Un de vos voisins m’a dit qu’il avait remarqué que votre mère portait une broche en or. Non, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas en rapport avec le contrôle ! C’est que voyez-vous, ma femme – oui, car j’ai le droit d’être marié sans que mes revenus soient revus à la baisse –, a le même genre de broche et elle noircit tout le temps. Ces objets précieux, c’est vraiment fragile, vous savez ! Alors si vous aviez un truc de grand-mère pour entretenir ce genre d’objet ? »

Le spectre du contrôleur CAF surgissant et vous prenant sur le fait durant votre leçon de yoga ou trouvant un polo Lacoste dans le recoin de votre placard, n’est pas loin. On se demande d’ailleurs comment de telles évaluations pourront être faites. Les contrôleurs CAF bénéficieront-ils du droit de procéder à des perquisitions comme la police ? Pour le moment, ce n’est pas prévu, bien que d’ores et déjà, certains n’hésitent pas à procéder ainsi, fouillant placards et salles de bain à la recherche d’une preuve de concubinage au mépris des droits des allocataires.

Pour le moment, les seules précisions concernant le calcul des biens sont :
- Le montant garanti par l’assurance
- L’estimation particulière effectuée par un professionnel
- La référence issue d’une publication professionnelle faisant autorité

Mais alors pour prendre le cas de l’auteur de cet article, la plupart des « objets de valeur » (télévision, ordinateurs, hi-fi etc.) dont je dispose, m’ont été offerts ou récupérés. Il faut, si l’on en croit le décret, n’offrir aux RMIstes que des serpillières ou quelques vieux tabourets de plastique sous peine de les condamner à l’arrêt de leur allocation. De même si vous disposez d’un grand appartement et que vous hébergez votre copain RMIste dans un coin du salon, peut-être que la valeur locative de votre appartement lui sucrera ses allocations. Etre à la rue ou ne pas l’être, toucher le RMI en dormant sous les ponts ou être hébergé sans allocation, voilà l’existentialisme du 21ème siècle..

Et ce décret va s’appliquer au nouveaux entrants. S’agit-il d’une mesure à venir, motivée par l’imminence d’un krach boursier et d’une crise économique sans précédent, qui va précipiter des millions de personnes dans la misère ? En tout cas une évidence s’impose : tous ceux qui ont eu un boulot pas trop mal payé, qui ont donc pu consommer, devenir propriétaires, faire quelques économies risquent de n’avoir pas droit au RMI, le jour ou un licenciement leur tombe dessus et qu’ils n’ont épuisé leurs droit au chômage.

Car tout ce qu’ils ont pu acquérir sera pris en compte dans le calcul.

Bref, après avoir travaillé plus pour gagner plus, ils n’auront plus qu’à tout perdre, et c’est seulement une fois dépouillés de leurs bien et totalement précarisés qu’ils pourront prétendre à une allocation de misère et accessoirement à la protection sociale qui va avec car ce décret s’applique aussi à la CMU.

C’est concernant les loisirs et autres subtilités que le décret reste fort obscur. Nul doute que des enquêtes de voisinage viendront compléter les « preuves ». Les contrôleurs pourront également compter sur l’aide des centres sociaux et associations d‘insertion qui, en créant une empathie artificielle, vous feront avouer vos méfaits : « Oui je l’avoue, j’ai mangé au restaurant cette semaine, mais juste une fois, et c’était le Mac Do ! »

En tout cas, il faut retenir les quelques « faiblesses » du décret. Elles ne seront utiles que par la lutte collective, car on le voit, ces « faiblesses » ne sont présentes que pour donner une impression de droits au peu de RMIstes qui liront ce décret. Il est probable que la CAF n’informe d’aucun de ses droits et fasse fi, comme l’ANPE, des obligations qu’elle se devrait de respecter avant d’entamer la procédure de contrôle.

Ce décret vise, on le voit, un public beaucoup plus large que ce que les médias laissent entendre.

Le point le plus important est la marge de manœuvre laissée aux départements pour la liste des publics ciblés par les contrôles. À plusieurs, on peut tenter de faire pression sur les conseils généraux afin qu’ils n’appliquent pas et ne demandent pas de contrôle.

Avant toute chose, vérifiez que vous ne risquez rien là où vous vivez, et faites des calculs d’apothicaire pour vérifier que vous ne dépassez pas le plafond. Sinon, déclarez-vous SDF si vous le pouvez, et faites-vous domicilier dans une association conventionnée. Ce n’est certes pas drôle de fréquenter ce genre de lieux, mais cela vous évitera de passer pour un nanti et vous toucherez 55 euros de plus, soit en tout 445 € de RMI au lieu de 390 €.

En principe, vous devrez être informé par lettre recommandée avec accusé de réception de l’objet de la procédure, de son déroulement et de ses conséquences. Il est peu probable que cette procédure soit respectée. La CAF et autres organismes ne respectaient déjà pas le fait qu’une personne devait être avertie, autrefois par courrier simple ou par téléphone. Mais c’est bon à retenir : cette « négligence » peut toujours servir, s’ils vous traînent devant les tribunaux.

Le décret le précise, vous pouvez être accompagné et assisté durant le contrôle et autres démarches liées à ce contrôle. N’hésitez pas à faire appel à une association de précaires. Le décret ne précise pas combien de personnes peuvent assister l’allocataire, donc autant être le plus nombreux possible ! Ça calmera probablement les ardeurs de l’enquêteur.

Il est précisé que si les valeurs sont utilisées dans le cadre professionnel, elles ne seront pas prises en compte. Jouez là-dessus : vous faites vos recherches d’emploi sur internet et par téléphone, d’où votre note élevée et la présence de matériel informatique ! Votre voiture est utile pour aller chercher du boulot à 40 kilomètres de chez vous, comme vous l’ordonne votre référent ou l’ANPE si vous y êtes inscrit. D’ailleurs, un Rmiste sur trois est aussi en emploi ( petits boulots précaires à durée déterminée le plus souvent ).

Le projet de décret précise que l’allocation n’est pas refusée en cas de circonstances exceptionnelles liées notamment à la situation économique et sociale du foyer, ou s’il a été établi que la disproportion a cessé (si vous avez vendu tous vos meubles ?). Qui juge de ces circonstances ? L’organisme payeur qui agit sur délégation du Conseil général en ce qui concerne le RMI, du moins. Et le Conseil Général ce sont des élus, pas des administratifs, donc des personnages publics sur qui une pression collective peut être mise ; notamment en dénonçant les résultats concrets de leur politique de contrôle.

C’est à eux que nous vous conseillons d’adresser vos courriers en double dès le début de la procédure

Et puis, c’est dingue mais on en est là, il va falloir retrouver les bonnes vieilles pratiques : en cas de contrôle CAF, comme en cas de visite d’huissier, on cache tout chez le voisin, chez des amis....

Dernier conseil : avant de sourire hypocritement au contrôleur CAF, pensez à vos dents en or !

- Pour lire le projet de décret cliquez sur le lien :
http://www.collectif-rto.org/IMG/pdf/decret_train_de_vie.pdf

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