samedi 11 octobre 2008

Jacqueline Julien, Le Feu [extrait]




(…)
“Très tôt nous nous sommes regardées. Mon premier regard a été pour ce regard de plomb brillant qui m’a cinglée, aigu, agile, perspicace.
Je crois savoir que je ne l’ai pas vue, mais regardée. Elle m’a vue aussi sans doute,
Mais elle m’a regardée, surtout. Nous avons fait comme si nous ne faisions que nous voir,
mais je sais qu’il y a eu le regard surtout, de chacune sur l’autre.
(…)
Il y a ainsi beaucoup de choses que je ne suis pas sûre d’avoir vues, parce que je la regardais.
Je n’ai pas vu sa carrure, qu’il aurait fallu dire d’athlète, je n’ai pas vu, je n’ai pas vu ses flancs.
Ni ses jambes. Ni ses hanches. Je l’ai regardée dans ce qui émanait de sa forme.
J’ai regardé ses mouvements, cette buée électrique que j’avais cette furie d’atteindre, de pénétrer.

Parce que ce regard plus fort que voir et être vue, j’ai su directement du dessous de ma peau
l’atteindre sous la peau. Il y avait les vêtements à enlever et sa peau à traverser.
Je ne voyais pas sa forme. Ce désir n’était pas que pour sa forme. “
(…)

Jacqueline Julien, Le Feu

lu ici :

Est-ce qu'on naît lesbienne ou est-ce qu'on le devient ?

in Bagdam Espace lesbien, Toulouse.

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