vendredi 23 janvier 2009

Empreintes - Françoise Heritier [documentaire]


A ne ratez sous aucun prétexte!
"Françoise Héritier, la pensée de la différence"

Un formidable document sur Françoise Héritier, je vous invite vivement à le visionner, ayant été diffusé le 16 janvier dernier sur arte, peut-être est-ce le dernier jour où il vous sera encore possible de le voir, je ne sais... sa dernière diffusion télé était le 18 janvier, alors peut-être aurez- vous jusqu'au 25 prochain?...

Ne le rater pas!
Au delà de l'ethnologue c'est un documentaire émouvant, attachant sur une vie de femme, une femme engagée dans ses recherches dans son combat pour la parité entre les sexes, auprès des malades du sida, des femmes en prison, des prostituées.

Des moments de grâce, d'humanité quand elle chante en duo avec le professeur qui la suit "un p'tit coquelicot", quand elle offre des photos à Marc Augé, son ancien mari, l'estime mutuelle qu'ils se portent l'un l'autre, au delà de la séparation.

Les évocations de la vieillesse, de la maladie qui handicape et transforme le corps, celle de devoir se séparer d'un lieu investi de souvenirs, du temps qui passe et des combats des enthousiasmes qui perdurent.

L'histoire d'une vie, d'un parcours singulier, de l'importance des rencontres, celle de Claude Lévi-Strauss : une leçon de vie, de féminisme et d'espoir.

Voir ici :

Empreintes - Françoise Heritier



Sémaphore

Actives, pas seulement héritier-es !

sur http://parite-fanchon.blogspot.com

Participer à la vie de la cité implique des choix, des obligations - souvent autant de profits humains, sociaux, politiques, intelligents. Dans l’absolu, quand fanchon s’est rendue dans une mairie pour la cérémonie rituelle des vœux de nouvelle année, elle rencontrait ce vendredi d’autres humain-e-s, des réseaux sociaux : par exemple des responsables d’associations de toutes sortes, des personnalités culturelles comme un poète fêlé ; bref elle a passé une bonne soirée. Ce qui était, dans l’absolu, bien préférable au choix de rester devant sa télé.
Si elle avait jeté ne serait-ce qu’un œil sur Télérama, le choix eût été une épreuve. Dans l’émission Empreintes, Annick Cojean (belle promesse déjà) proposait dès 20h(35 bien sûr) un documentaire sur Françoise Héritier. Merveilles manquées !
Il a fallu ce dimanche matin pour tomber sur une rediffusion, et le site de France 5 permet de voir la video pendant la semaine qui vient : à consommer sans aucune modération !

“Celui qui écoute un témoin le devient déjà”, dit Annick Cojean. Il est donc important de ne pas manquer, et de ne pas oublier un document pareil.

On y voit une grande figure de ce siècle passé, “fille” choisie de Claude Lévi-Strauss et lui succédant, avec tous les titres portés par d’autres (plus souvent au masculin) : ethnologue, anthropologue, professeur émérite au Collège de France(où elle fut la seule femme, la deuxième). Le document évoque évidemment sa carrière et ses domaines de recherche. Mais elle se présente comme “anthropologue dans la cité” ; une femme. Et elle en dit et montre toute l’originalité - qu’on voit bien rarement avec des hommes scientifiques de ce niveau. Tout de son travail est en lien avec ce qui pourrait paraître anecdotique dans une vie quotidienne.

Comment ne pas retenir pour nos engagements ces phrases que F. Héritier prononce à dessein ?
“La connaissance rend sceptique et rend critique”
“Ce que l’esprit humain a créé, l’esprit humain peut le remplacer”

À retenir comme encouragement à combattre la primitivité intellectuelle et la brutalité des affirmations politiques simplistes de notre temps !

Voilà une femme comme de nombreuses femmes de son âge, atteinte par la maladie, qui accepte de se montrer changée physiquement, sur ses cannes, en train de vider une vieille maison de ses souvenirs dans des cartons. Qui ne connaît ?… Mais une femme épluchant des légumes devant une caméra, même non scientifique honoraire, c’est rare ! Enfin, amoureuse de chanson, on la voit sur un banc avec son médecin complice, évoquer Henri Salvador et les paroles de “ton père n’est pas ton père…”, non incongrues en ethnologie.

Si des personnalités s’engagent dans la vie de la cité avec leur expérience et leur notoriété, c’est généralement pour le faire savoir. Mais on découvre, 20 ans plus tard, que F. Héritier avait été nommée présidente du Conseil national du Sida créé par F. Mitterrand. Bien loin d’un titre purement formel, cette fonction a permis à l’anthropologue féministe d’enquêter et d’agir.

Le bilan qu’elle en tire avec l’historienne Michelle Perrot est édifiant : le CNS a obtenu (entre autres) que la médecine pénitentiaire, dépendant du ministère de l’Intérieur, soit rattachée à la Santé (ministère, pas prison !). C’était la victoire du droit au secret de la vie privée, dont elles avaient découvert l’absolue nécessité après avoir rencontré des prostituées, des femmes détenues. Toutes deux soulignant que la plus forte privation de liberté a toujours été celle des femmes.

Voilà des universitaires-femmes qui ont mis leur savoir, leur expérience, leur autorité, au service d’un engagement féministe. C’est-à-dire au service, solidaire, des femmes dont elles font partie. Toutes deux soulignent que ce 20e siècle avec la contraception a permis aux femmes, si longtemps soumises, de devenir sujets agissantes de leurs vies.

Françoise Héritier, comme beaucoup de femmes, a porté des noms différents selon le cours de sa vie : et elle s’est fait ces noms-là successivement, sous lesquels nous l’avons connue au fil de sa carrière : Françoise Izard, puis Héritier-Augé, puis simplement SON nom : Héritier (un masculin ! mais ça n’empêche rien). Quels hommes célèbres ont eu à garder une notoriété avec des noms successifs, qui sont simplement d’usage ? (On avait déjà connu le cas d’Alice Picard, première “recteur”, devenue Alice Saunier-Seïté, ministre)
Si elle avait gardé son nom sans porter celui de ses maris, on en aurait perçu toute la symbolique aussi, dans son domaine de recherche sur les filiations. Mais on la voit justement avec son ex et collègue, mais mieux que beaucoup de couples, retracer un bilan et parler avec intelligence.

Tous ces petits détails abordés en moins d’une heure ne marquent pas un grand écart entre une carrière professionnelle exceptionnelle et une vie de femme comme d’autres. Au contraire l’expérience de la chercheure nous incite à nous prendre en main, comme elle a utilisé son savoir pour aider les autres femmes.
Un détail parmi d’autres : elle n’hésite pas à faire remarquer que tout au long de sa leçon inaugurale au Collège de France, il y a 25 ans, elle libérait son angoisse et son trac en manipulant un mouchoir en boule… Même à ce niveau, une femme seule devant un auditoire d’hommes connaît la même expérience que les autres. Trivialité hors de propos ? non. Elle-même l’assume et nous invite à bouger.

Cette femme du commun et hors du commun a tenu à laisser une filiation et un lien pour l’action future : les associations de femmes gardent le souvenir ébloui - et amical - des interventions de Françoise Héritier pour les inciter à continuer, mettant son savoir à leur disposition comme outil de réflexion.

On l’avait retrouvée aussi parmi 200 intellectuels appelant à soutenir la candidate Ségolène Royal et démolissant, il y a deux ans dans Le Monde, les arguments misogynes.

AInsi n’y a t-il aucune excuse pour le genre qui chipote “oh non, JE ne suis pas féministe”. Ah bon ? et JE veux tout quand même ? S’il n’y avait pas eu de féministes, comment aurais-JE eu la contraception et mille petites libertés acquises difficilement ? Comment pourrais-JE espérer - un jour ?! - un poste, un salaire, une retraite, les conditions de vie que je mérite ?

Ces grandes universitaires si discrètes montrent l’exemple et nous incitent à “garder espoir dans la capacité humaine de changer” le monde.


Françoise Héritier souligne la nécessité d’abolir la hiérarchie homme-femme millénaire et en tous lieux : moyen de “rendre le monde meilleur, car c’est la première hiérarchie” et son abolition entraînera les autres progrès.
Elle nous invite à “l’espoir pour ce siècle”, “une époque formidable”.

Optimiste en plus, par les temps qui courent… Il y a des femmes formidables ! à nous de les mériter. Engageons-nous ; et les filles, faites des études !

Voir ici :

Empreintes - Françoise Heritier

lundi 19 janvier 2009

Au nom du Pére, du fils et du... sain d'esprit !

Religolo (Religulous)

Belle réalisation que cette affiche pour le documentaire "Religulous" de Bill Maher, l'impertinent, plus insolente que sa version américaine, à mon sens.

Oui, vraiment est-il sage de se taire, de faire la sourde oreille et de se voiler la face... je vous le demande?

Quand ce qui devrait relier les hommes entre eux, puisque l'amour de Dieu est tout puissant..et bien non! C'est même tout le contraire et depuis des siècles, et des siècles ...Amen!

Un film sur les religions, dont je n'ai vu que la bande annonce, sortant dans les salles ce mercredi 21 janvier.

" Mon but est de pointer les aberrations et les aspects ridicules de toutes les religions !" B. Maher
La religion a de quoi faire peur quand elle affirme que les urines des femmes prenant la pillule seraient la cause de l'infertilité des hommes et de la polution de la planète!
Illustré avec le sourire par Emelire
ou encore ici dans ses stigmates : La religion c'est l'pied

bande annonce ici : http://www.linternaute.com/cinema/bande-annonce/religolo/28062/177920/

semaphore

Résumé du film
Le maître de l’irrévérence américaine, Bill Maher, dresse un état des lieux de toutes les religions du monde en parcourant la planète et en interrogeant des spécialistes et des gens de la rue. Fascinant, instructif, décapant, hilarant, inquiétant et passionnant, Religolo est un instantané de la spiritualité humaine comme personne n’en a jamais vu...

samedi 17 janvier 2009

Performances et lectures à Sauve (Gard)

Un jour d'été au milieu de l'hiver... pour reprendre le communiqué de cet anniversaire de l'art, cela ne saurait se refuser!

Je souligne la présence d'Edith Azam dont les lectures sont des performances en soi, à ne rater sous aucun prétexte.

Pour vous, donner la mesure de cette intensité à dire toutes ces pelotes qui nous nouent, cette densité sensible, juste, poignante, écoutez-la, ici accompagnée par Eric Diot.

Belle osmose syncopée, à vous couper le souffle.

...et rendez-vous à Sauve... qui peut!...bah!

Sémaphore

Bon...Faut attendre...30s avant démarrage.

1 000 046ème ANNIVERSAIRE DE L'ART

SAUVE (Gard), le 17 janvier 2009

Plan33


















(un clic pour aggrandir)

14h- Temple : Inauguration, intervention Julien Blaine/AntoineSimon (performances)
15h- Château de Roquevaire : SébastienLespinasse (poésie sonore) Pierre Guéry (lectureperformative, sous réserve) Guy Ibanez (performance)
16h- Maison des Comtes : MartialBettencourt (lecture d' Artaud), Cart Brainich (guitare), EricMc Coulet (?), RahimSeligman (flûte traversière)
17h- Poussière d'étoiles :Exposition Filliou, Delphine Desyeux (lit « L'histoirechuchotée de l'art » de Filliou), ClaudieLenzi (lecture performative), Pierre Tilman (lecture, dédicace de « Nationalité Poète »,biographie de Robert Filliou).
18h- La Traversière : vin chaud, Nadine Agostini et André Gache (lectures performatives)
19h- Temple : EdithAzam et Frédérique Guetat-Liviani (lectures poésie directe), CharlesDreyfus (performance, sous réserve))
19h30/45- Repas

21h/22h-Temple : participation de tous les intervenants...

mercredi 14 janvier 2009

Aujourd’hui Gaza, demain Massada ?

déliquescence, fractale© Sylvaine Vaucher
(cliquez pour agrandir)

Aujourd’hui Gaza, demain Massada ?

La pédagogie noire des leaders israéliens est suicidaire

par Rony Brauman médecin, il a été président de Médecins sans Frontière jusqu'en 1994.

source : http://www.causeur.fr/aujourdhui-gaza-demain-massada,1680

“Une fois admise la vertu des bottes de sept lieues, tout s’enchaîne avec une parfaite logique, l’essoufflement de l’ogre comme la célérité du Petit Poucet.” (G. Burdeau, La politique au pays des merveilles, PUF 1979.)

Qu’est-ce qu’une “riposte proportionnée”? Une action militaire à la mesure de l’attaque à laquelle elle répond. Le droit humanitaire proscrit les pratiques provoquant des victimes dans la population civile et des dommages aux biens civils excessifs par rapport à “l’avantage militaire concret et direct attendu”. Convenons d’emblée qu’on serait bien en peine de définir la limite au-delà de laquelle le principe de proportionnalité, qui vise à limiter les destructions et pertes humaines “inutiles”, est violé, que ce soit à Gaza ou ailleurs. La retenue dans la conduite de la guerre est un principe élémentaire d’humanité, mais il est vrai qu’une fois les hostilités engagées, la définition de la juste proportionnalité demeure une affaire pour le moins floue, sujette à des interprétations et à des paradoxes infinis. Reste que le rapport de un à cent entre les morts de chaque côté, sans même parler des blessés et des destructions, signale la démesure de l’opération “Plomb durci”. A défaut de savoir ce que serait une juste proportion, chacun peut constater ce qu’est une perte de tout sens de la mesure. La “troisième phase” qui débute au moment où ces lignes sont écrites ne devrait pas être moins cruelle que les deux premières. Mais peut-être le cabinet de sécurité israélien considérera-t-il, au vu des réactions internationales, que ses buts ont été atteints et mettra-t-il un terme à la boucherie plus tôt que prévu.

Boucherie. Le mot fâche les “amis” d’Israël qui rappellent volontiers qu’on n’a pas vu tant de manifestants ni de protestations pour d’autres conflits (Tchétchénie, Darfour, Congo, Tibet parmi les plus cités) ayant provoqué beaucoup plus de morts et que la compassion pour les victimes de l’armée israélienne est suspecte à force d’être sélective. Selon eux, la solidarité envers les Palestiniens ne serait qu’un prétexte pour s’en prendre aux Juifs et à leur État. On ne contestera pas qu’il s’agit là d’un registre bien établi dont témoignent notamment Dieudonné et ses émules. L’antisémitisme peut se travestir en antisionisme, l’affaire est entendue, mais prenons également acte que les principaux mouvements de solidarité avec les Palestiniens veillent attentivement au grain. Reste que la mortalité des quinze jours d’offensive sur Gaza se situe au niveau le plus haut constaté lors des différents conflits évoqués plus haut, dépassée seulement par les bombardements de Grozny, capitale de la Tchétchénie, en 1999. Et l’on reste pantois en entendant que l’armée israélienne attend d’être félicitée pour avoir averti par tract et par téléphone des dizaines de milliers de personnes de l’imminence de bombardements sur leur quartier. Les destinataires de ces appels “humanitaires” n’avaient bien entendu aucune possibilité de fuir pour s’abriter et ils ne pouvaient en déduire qu’une chose : restant sur place, ils devenaient des cibles légitimes, puisqu’informées. Trois cents enfants ont été tués en moins de deux semaines. Que cette tuerie soit comparable, par son intensité, à des violences extrêmes observées ailleurs, et qu’elle soit insidieusement ou activement justifiée par certains au nom du caractère démocratique d’Israël et de son droit à se défendre, voilà sans doute l’aspect le plus révoltant de la situation.

Le plus révoltant mais pas le plus inquiétant. Le plus inquiétant est que l’on retrouve intacts les thèmes les plus recuits du discours politique israélien, ceux qu’Israël sort de son chapeau, guerre après guerre, comme l’écrivait Tom Segev dans Ha’aretz dès le lendemain de l’offensive, en dépit de leur constante mise en échec. La synthèse en est simple : la paix passe par la liquidation des infrastructures et des chefs terroristes. Le terrorisme n’est pas pour Israël un enjeu politique, celui de l’occupation des territoires palestiniens et du pourrissement de la vie de ses habitants, mais un problème militaro-policier. Ce qui explique que le seul sujet de discussion avec Mahmoud Abbas soit le contrôle policier de la violence anti-israélienne dans les lambeaux de terre qui lui ont été confiés (et on regrettera qu’il ait accepté de jouer ce rôle de relais de l’occupation jusqu’au discrédit quasi total de son “autorité”), tandis que la colonisation se développe jour après jour en Cisjordanie. Cela explique également qu’aucune proposition de règlement du conflit sur la base de la ligne d’armistice de 1949 (la “ligne verte”) n’ait jamais reçu la moindre attention d’aucun gouvernement israélien bien qu’il s’agisse des accords internationalement reconnus (voir les résolutions 242 et 338 des Nations unies, toujours évoquées pour être aussitôt oubliées). On n’en veut pour exemples récents que l’interruption unilatérale par Ehud Barak des discussions de Taba en janvier 2001, l’appel du sommet de la Ligue arabe en 2002, les déclarations indirectes mais clairement orientées dans ce sens et récemment redites de la part du Hamas, pour ne retenir que quelques éléments récents. Il y a bien longtemps que la formule “les territoires contre la paix” n’est plus une option pour les Israéliens qui confondent méthodiquement (innocemment?) négociation et diktat. Il a fallu quarante ans pour que soit reconnu, avec la première Intifada, le fait national palestinien. Depuis lors, à l’exception notable de Rabin, les différents Premiers ministres se sont employés à démontrer qu’ils sont les seuls maîtres du calendrier politique.

La bien nommée opération “Plomb durci” répond, après bien d’autres, à cette volonté d’inculcation. L’offensive “nous a permis d’atteindre des objectifs dont personne n’aurait pu rêver il y a quinze jours. Concernant les coups portés au Hamas, ils n’en ont pas encore conscience. Ils comprendront quand ils sortiront de leur cachette. La décision du Conseil de sécurité ne nous a pas lié les mains”, se félicitait un haut-gradé.

Au-delà de toute considération morale sur l’effroyable gâchis humain dont nous sommes tous les témoins atterrés et impuissants, il faut se demander à quel moment les leaders israéliens vont prendre conscience des effets dévastateurs de cette pédagogie noire. Combien de vocations à l’attentat-suicide sont nées ces derniers jours ? L’”opération” ne pouvait être que sanglante et l’on sait bien que si elle se poursuit, d’autres massacres vont se produire car il ne peut en aller autrement. Puis il y aura un cessez-le-feu et d’autres attaques suivront, et d’autres encore, jusqu’au retournement du rapport de forces qui ne manquera pas de se produire. Israël deviendra alors, peut-être, un objet de compassion. L’exaltation grandissante du mythe de Samson et des martyrs de Massada prend dans ce contexte l’allure d’une prophétie en cours d’autoréalisation.

Les amis d’Israël sont ceux qui pointent cette perspective finale et poussent à un renversement des hypothèses fondamentales de la politique israélienne. Nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour les Israéliens.

L’analyse de l’enchaînement des tirs aveugles du Hamas sur le sud d’Israël et des inévitables ripostes de Tsahal est un exercice stérile. Les uns ripostaient au blocus, les autres ripostaient aux ripostes, on choisit sa version en fonction de son camp. Reste que ledit blocus est une décision israélienne et qu’aucun pays au monde ne peut tolérer d’être – à la lettre – mis intégralement en prison. Rappelons que c’est Israël qui a mis l’Autorité palestinienne hors jeu à Gaza. Dans quel but sinon d’avoir le Hamas au pouvoir et de poursuivre son éternelle leçon en faisant de ce territoire une prison autogérée, où se succèdent les opérations punitives ?

Les tirs de roquettes et de missiles sur Israël sont une source d’angoisse pour un nombre croissant d’Israéliens, et il n’est que juste de condamner le Hamas sur ce point. Mais prétendre que le Hamas représente une menace pour l’existence d’Israël n’est pas sérieux. Ehud Barak, lorsqu’il était premier ministre, attendait de ses interlocuteurs palestiniens qu’ils reconnaissent non seulement l’État israélien, mais sa légitimité en tant qu’État juif. Il leur demandait, en d’autres termes, de se faire sionistes s’ils voulaient devenir de véritables partenaires, pour se désoler ensuite de ne pas avoir de partenaire.

La détestable habitude des gouvernements israéliens successifs de choisir et d’écarter à leur guise les représentants de leurs adversaires tient tout entière dans leur conception exclusivement militaire de la sécurité. Ils ne sauraient, dès lors, la confier à d’autres et on les comprend. Mais ce sont les prémisses de ce raisonnement qu’il faut revoir. La résolution du conseil de sécurité appelant le 9 janvier à un cessez-le-feu immédiat et renvoyant les deux parties dos à dos est un revers diplomatique pour Israël car les États-Unis ont jugé qu’ils ne pouvaient pas s’y opposer. Souhaitons que cet échec soit compris comme une ébauche de signal et regrettons que ce soit le message inverse qui ait été jusqu’à présent toujours adressé à Israël, non seulement de la part de Washington, mais aussi depuis l’Europe. Ainsi, il est certain que la sécurité d’Israël doit être reconnue comme un impératif par l’Europe, mais pas plus ni moins que la sécurité de la Palestine sur son territoire. Cela va peut-être de soi, mais irait beaucoup mieux en le disant, ce qui n’est pas le cas. On repousse tout dialogue avec le Hamas au motif qu’il ne reconnaît pas les traités antérieurs, n’abandonne pas la violence et ne reconnaît pas Israël. Soit. Mais songe-t-on que le raisonnement s’applique de facto à l’identique en sens inverse ? Visiblement pas, puisque le Parlement européen vient, par exemple, de voter le rehaussement de l’accord d’association avec Israël, en faisant un quasi-membre de l’U.E. Des pétitions appelant à suspendre ces accords circulent, les lecteurs de Causeur, dont je suis, sont ici invités à signer et faire signer…

Engagés dans ce louable mouvement de rappel à une sagesse pratique et de condamnation de l’hubris militaro-technologique, allons un pas plus loin, et demandons le remplacement urgent de Tony Blair, actuel délégué du Quartet. Son prédécesseur, l’ancien président de la Banque mondiale James Wolfensohn, avait démissionné, en grande partie à cause des réticences d’Israël à se conformer aux accords obtenus sous l’égide des Etats-Unis. Tony Blair, l’homme qui a rendu possible la guerre en Irak (et qui, notons-le, semble exonéré de toute responsabilité dans le désastre qui a suivi), incarne la politique de “W” dans cette région. Il n’y a rien à en attendre, alors qu’un engagement international crédible est urgent. L’arme de destruction massive menaçant toute la région est le statu quo. Au-delà du cessez-le-feu, la levée du blocus et le rétablissement des liens entre Gaza et la Cisjordanie sont la première des réponses politiques à l’emprise du Hamas sur Gaza. La seconde sera de négocier sans préalable avec les représentants que les Palestiniens se seront donnés. Rappelons que depuis Rabin, personne n’a envisagé sérieusement cette option, dont l’alternative est la destruction mutuelle assurée.

lundi 12 janvier 2009

Micheline Calmy-Rey s'exprime sur la violation des conventions de Genève à Gaza


Micheline Calmy-Rey

Mise au Point émission de la TSR, télévision suisse romande, recevait ce 11 janvier Micheline Calmy-Rey, cheffe du DFAE, femme politique, féministe, membre du parti socialiste suisse, conseillère fédérale chargée des affaires étrangères, présidente de la confédération en 2007.
Elle s'exprime sur la violation des conventions
de Genève de la part du gouvernement israélien, mettant en exergue le désir d'extension de l'état hébreu qui cherche dans le Hamas une légitimité à une violation de territoire, à une expropriation manu militari, massacrant sans la moindre vergogne des centaines de civils!
Mais écoutez-la, il est possible d'évoquer la p
olitique étrangère sans langue de bois!
Vous voyez de qui je veux parler, je ne le nomme même
pas, il n'en vaut vraiment pas la peine!

L'émission c'est par ici :
http://www.tsr.ch/tsr/



dimanche 11 janvier 2009

La guerre des classes : rencontre avec son auteur François Ruffin ce mardi 13 janvier 09 à Montpellier

« Les hommes combattent et perdent la bataille, et la chose pour laquelle ils ont lutté advient malgré leur défaite. Quand elle advient, elle s’avère être différente de ce qu’ils avaient visé, et d’autres hommes doivent alors combattre pour ce qu’ils avaient visé, sous un autre nom. »
William Morris.

« Ce que la vie m’a révélé,
ce n’est point l’idée socialiste,
c’est la nécessité du combat ».

Jean Jaurès.

extrait du prologue :

Pour me distraire, j’ai tapé « Peillon + lutte des classes » sous Google. Le moteur de
recherche aurait plu aux surréalistes, lui qui permet ces rapprochements incongrus et offre des
liens comme des paquets surprises. Cette fois encore, « 28400 pages en français » se sont
affichées en « 0,23 secondes ». Mais aucune citation recensée, aucune fois où il aurait
prononcé – et se serait prononcé sur – la « lutte des classes ».
J’ai essayé à sa gauche : « Buffet + lutte des classes ».
Rien non plus.
Surpris, j’ai parcouru les discours de la candidate communiste, une bonne dizaine, proférés
lors de la campagne présidentielle 2007. Après vérification : non. Marie-Georges Buffet n’a
pas utilisé une seule fois l’expression « lutte des classes ». Pas même le terme « classe ».
Sans doute a-t-elle reçu des conseils de communicants, qui lui ont susurré qu’il fallait « parler
franc », « direct », « sincère », le « langage du coeur », et que ces machins-là, « lutte des
classes » et compagnie, ça sonnait « vieux jeu », « ringard », « has-been », « pas du tout
tendance ». La candidate du PC gommait son lexique comme on efface des rides, fausse cure
de jouvence par un glossaire rafraîchi. A la place, Marie-Georges Buffet enfilait les détresses
comme des perles : « Je peux vous parler des ouvrières d'ECCE qui viennent de nous faire
part des menaces pesant sur leur entreprise, alors que je peux témoigner de la qualité de leur
travail, des Diebold, qui occupent leur usine, des salariés de l'imprimerie JDC dont la
multinationale donneuse d'ordre ne respecte pas son engagement commercial. Je peux dire ici
au nom des infirmières de l'hôpital Saint Louis leur besoin de temps pour récupérer, tant est
lourde leur tâche. Je peux ici témoigner pour cette femme du 11ème arrondissement de Paris
qui fait vivre sept personnes dans quelques mètres carrés. Elle tient, me dit-elle, pour que ses
enfants fassent des études. J'ai au coeur cette retraitée qui sur le marché, dans ma ville, me
disait sa douleur de devoir aller au resto du coeur », etc. et l’énumération dure encore.
Je lui ai téléphoné pour lui demander pourquoi. Place du colonel Fabien, son attaché de presse
m’a passé son porte-plume, Pierre-François Kochlin :
« Jamais vous n’avez utilisé l’expression ‘lutte des classes’, ni même le mot ‘classe’ ?
-Ah… Oui, possible… Vous me l’apprenez, mais c’est une info… On a dû estimer,
inconsciemment, que le mot en lui-même était… Parce que, pour moi, les conflits de classes,
c’est une évidence, alors quand on dit ‘la droite’, ça suffit…
-Vous avez quel âge ?
-Je vais vers la trentaine.
-Bon, moi je viens de dépasser la trentaine, mais vous voyez, dans notre génération, je n’ai
pas l’impression que l’appartenance à une ‘classe’ relève de l’évidence. Et encore moins
la‘lutte des classes’…
-Je n’avais pas pensé à ça. Mais vous avez raison.
-Est-ce que, bon, je ne veux pas donner de leçons, mais est-ce que en abandonnant les mots,
vous ne participez pas à cet abandon d’une conscience de classe, qui réclamerait d’abord une
prise de conscience ?
-C’est de facto la question que je me posais. Et peut-être que le caractère anonyme des
marchés financiers, les fonds de pension, bon, ça n’est plus le patron avec son cigare…
-J’irais plus loin : en abandonnant ces mots, c’est toute une logique que vous abandonnez. Et
pardonnez-moi, mais justement : il me semble que, dans vos discours, il n’y plus de logique.
Je veux dire, on aligne tout ce qui va mal dans le monde, mais derrière on ne perçoit aucune
analyse…
-Oui, ça c’est un signe de tout ce qu’on a négligé à un moment, et qui est à reconstruire. »
Y a du boulot tant, à mes yeux, son inventaire des calamités terrestres s’avère dépourvu
d’armature intellectuelle. Une dégoulinade de tristesses qui conduit davantage au fatalisme
qu’au combat.
Mais quel combat, au fait ?
Car j’ai relevé une autre absence : pas d’ « ennemi de classe », et pas d’ « ennemi » tout court.
Pas davantage d’ « adversaire ».
Ainsi va la gauche : elle s’émascule. Elle s’effraie de son ombre. Elle se prive de son propre
vocabulaire, pourtant forgé dans la peine. Elle s’interdit de poser un mot sur une chose.
Comment oserait-elle, alors, demain, transformer les choses si elle n’ose pas, aujourd’hui,
simplement prononcer les mots ? 3
« La lutte des classes existe, et c’est la mienne qui est en train de la remporter. »
C’est en cherchant « Buffet + lutte des classes » sous Google, donc, que je suis tombé sur
cette phrase de « Buffett ».
Pas Marie-Georges, non Warren.
Deux « t » deux « f ».

notes :

2 Tribune de Vincent Peillon, Nouvel Observateur, « Les chemins de nos ruptures », 23/08/07

3Discours de Marie-George Buffet au Zénith, 23/01/07. Le relevé lexical a été effectué à partir du site Internet
de Jean Véronis, « Technologies du langage » : http://aixtal.blogspot.com/

lien au prologue du livre de François Ruffin

Remerciements au Réveil communiste pour le choix de cet extrait
Oui!..." la gauche s'effraie de son ombre!"..de l'importance des mots, dans un silence sournoisement oublieux est étouffée la réalité de l'injustice sociale, sa source même!

semaphore

Les Amis du Monde Diplomatique
reçoivent mardi 13 janvier à 20h30 au salon du Belvédère au Corum

François Ruffin
pour une conférence-débat autour de son livre La guerre des classes
éditions Fayard
« La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter.»
C’est Buffett qui a formulé ce jugement.
Pas Marie-George, non. Warren.
Deux «f», deux «t».
La première fortune mondiale.

Jamais nous n’aurions osé, nous, prononcer ces mots, «guerre des classes»: par crainte de paraître «archaïques», «simplistes», «manichéens». Et, avec nous, c’est toute une gauche qui s’autocensure, qui s’enlise dans le salmigondis de la «complexité». Toute une gauche avec des chefs qui déguisent leur lâcheté en «courage», leur renoncement en «audace», et qui causent gentiment de «rénovation», de «modernisation» pour mieux masquer leur trahison.

François Ruffin est reporter pour l’émission de France Inter Là-bas si j’y suis et collabore au Monde diplomatique.

le Grain des mots y tiendra étal de librairie
www.legraindesmots.com

jeudi 8 janvier 2009

En perdre son latin sans Y grec!

"Dès fois quand je m'endors
je sais plus qui je suis"

"Si je t'aime, si j'ai tort,
A quoi je sers
Juste, serre-moi fort"

Mademoiselle K

Un belle idée que celle de s'adresser à ces fans de la part de Mademoiselle K pour la réalisation de ce clip, ce sont 211 vidéos qui ont ainsi été récoltées, 74 ont été retenues et montées.
Une réalisation étonnante, émouvante, tour à tour souriante, touchante, tout autant que la diversité intime de chacun.
L'abandon, l'amour, les repères, la question des origines, les interrogations sur le genre, sur l'orientation sexuelle, une chanson existentielle...

Il me revient, citée par Gilles Deleuze cette formule de Lacan "celui qui n'est dupe, erre"
Jacques a dit!
Naît du père et du saint esprit, amen!

n.b. : bienvenue à vos associations d'idées...

Semaphore




Maman XY

X, Y, X, Y
On peut naître sous X
Et se sentir Y
Y, Y, Y, Y
Et moi maman, maman
Sur une échelle de X à Y
Qui je suis ?
Oublie l’échelle à Richter
Il a abandonné
Et ma terre elle tremble dans tous les sens
Sauf celui qui connait

X, X, X, X, X,

J’ai coupé mon corps en deux
Fallait que je comprenne avec mes yeux
Tout ce que j’ai vu
Je suis pas possible à trier
X, X, X, X fois je me suis perdu dans des super marchés
A chercher quoi ? A chercher quoi ?
Juste moi

X ,X, X, X, X,

Si tu peux pas t’appuyer
Si tu peux pas t’appuyer dans un bordel pas possible a trier
Alors à quoi je sers? A quoi je sers?

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Maman, maman,
Des fois quand je m’endors
Je sais plus qui je suis

X, Y,
On peut naître sous X
Se sentir Y
Mais moi maman, moi
Sur une échelle de X à Y
Qui je suis ?
Maman,
Des fois quand je m’endors
Je sais plus qui je suis
Oublie l’échelle à Richter
Il a abandonné
Et papa il a abandonné
Maman ? Papa il a abandonné
XXXX fois et XXXX fois
XXXX fois papa il a abandonné

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Si tu m’aimes, si j’ai tort
A quoi je sers, serre-moi fort

Si tu m’aimes,
Quand je m’endors
Je sais plus qui je suis
Et à quoi je sers
Alors si tu m’aimes si j’ai tort
A quoi je sers juste, serre-moi fort


mardi 6 janvier 2009

le petit prince a dit...


Les grandes personnes aiment les chiffres.
Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel.
Elles ne vous disent jamais :
« Quel est le son de sa voix ?

Quels sont les jeux qu’il préfère ?
Est-ce qu’il collectionne les papillons ? »
Elles vous demandent :
« Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ?

Combien gagne son père ? »
Alors seulement elles croient le connaître.
Si vous dites aux grandes personnes :
« J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit… » elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison.
Il faut leur dire : « J’ai vu une maison de cent mille francs. »
Alors elles s’écrient : « Comme c’est joli ! »


Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince


le businessman

lundi 5 janvier 2009

Du courage...

samedi 3 janvier 2009

Le chiffon rouge


photographie, les yeux d'un renard


Découvrez Michel+Fugain!


Le Chiffon rouge

Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps

Allons droit devant vers la lumière
En levant le poing et en serrant les dents
Nous réveillerons la terre entière
Et demain, nos matins chanteront

Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie

Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps

Tu crevais de faim dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien, le jour se lève
Il fera bon vivre demain

Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie

Paroles : Maurice Vidalin
Musique : Michel Fugain