Sur les écrans ce mercredi 30 janvier 2008
Quinzaine des réalisateurs.
Dans «Elle s'appelle Sabine», Sandrine Bonnaire filme sa soeur devenue autiste avec amour mais sans pathos ni concession.
Sabine, la bien aimée
http://www.liberation.fr/culture/cinema/255986.FR.php
REUTERS
Par Gérard LEFORT
QUOTIDIEN : vendredi 25 mai 2007
Elle s'appelle Sabine documentaire de Sandrine Bonnaire (France). 1 h 25.
Sabine est un prénom qui commence comme Sandrine mais qui ne finit pas pareil. Sandrine est Sandrine Bonnaire, une actrice de grande notoriété. Sabine est Sabine Bonnaire, sa petite soeur de 38 ans, autiste. Sandrine a décidé de faire à «Sabine la folle» un cadeau magnifique avec les moyens qu'elle connaît le mieux, les moyens du cinéma. Un film qu'elle a tourné entre juin 2006 et janvier 2007, en Charente, dans un centre d'accueil médicalisé où Sabine vit depuis quelques années. Voilà Sabine, presque trop grosse pour tenir dans le cadre, trop hurlante, trop violente avec les éducateurs quand elle les attaque à la fourchette, trop méchante, surtout avec elle-même quand elle se mord les mains au sang. Sandrine ne détourne pas le regard dans ces moments-là. Mais elle dévisage sa soeur tout aussi longuement lorsqu'elle fait la sieste. Ce n'est plus du cinéma, c'est une caresse sur la joue, c'est un baiser sur le front. C'est incroyable qu'autant d'amour puisse passer dans des images aussi simples. Il y a quelqu'un derrière la caméra qui nous bouleverse parce qu'elle ne se laisse jamais aller, parce qu'elle se tient droite. Et s'il faut un signe de plus que Sandrine Bonnaire est une fille formidable, on voit que souvent son regard traverse sa soeur pour s'inquiéter du genre humain : hommage à l'armée des ombres des éducateurs, attention aux autres et notamment à Olivier, jeune épileptique qu'elle suit dans une promenade virant au calvaire.
Sandrine Bonnaire a mêlé aux images d'aujourd'hui des vidéos d'hier datant de l'époque où Sabine n'était pas encore une personne dépendante mais une gamine rieuse et fantasque, douée pour le piano, et ivre de joie quand sa soeur célèbre réalise son rêve : un voyage à New York, une virée de princesses en Amérique. On voit l'arrivée en Concorde, la belle maison au bord de la mer, les vagues sur la plage, les frangines qui comparent leurs bronzages. On regarde le vent dans les cheveux de Sabine et son bonheur incroyable. Ce qui trouble alors c'est la gémellité entre Sabine et Sandrine, le même soleil dans le sourire, le même voile sombre quand le regard se tourne vers la caméra.
Que s'est-il passé pour que le malheur s'abatte ? En voix off, d'une gravité telle qu'elle interdit les larmes, Sandrine raconte. Le choc quand le frère aîné décède, le départ en province avec sa mère, la dégradation rapide, la violence qui s'installe. Sabine est placée dans un hôpital psychiatrique, puis un autre. Elle y restera cinq ans. A la sortie, elle est irrémédiablement altérée. Depuis 2001, enfin placée dans un centre adapté, Sabine tente de remonter la pente qu'elle a dévalée.
Au coeur de se filme au coeur gros, il y a un soliloque de Sabine sous sa couette : «Tu n'es pas une pute, tu es ma soeur. Tu n'es pas une salope, tu es ma soeur.» Et ceci, qui revient comme une mélopée : «Quand je te quitterai et que tu partiras et que je pleurerai dans tes bras, tu diras que tu viendras me voir demain?» Oui, elle viendra Sandrine, elle viendra toujours... Et nous aussi, qui t'avons vue, Sabine, petite soeur bien aimée.
mardi 29 janvier 2008
Sabine, la bien aimée billet signé Gérard Lefort
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