Chers Amis,
Je viens de me rendre dans le service de cancérologie du Professeur Agnès Levy de l'hôpital Necker, plus particulièrement dans le service de la moelle osseuse.
Une réunion de travail avec tous les personnels hospitaliers de ce service a eu lieu pendant deux heures.
J'ai constaté une fois de plus que les heures supplémentaires accomplies ne sont pas rémunérées. Les infirmières ont déclaré qu'en fait, elles travaillaient plus pour gagner moins.
L'hôpital public a besoin d'une réforme sérieuse et globale.
Cette visite fait suite à une série d'autres (entreprises, pompiers, associations) à la suite desquelles, j'ai donné une interview à VSD dont vous trouverez ci-dessous le texte.
Ségolène Royal
VSD.
Le 31 décembre, vous vous êtes rendue dans une caserne de pompiers, à Paris. Le mot d’ordre affiché dans la salle d’appels – altruisme, efficience, discrétion – vous a frappée. En quoi ?
Ségolène Royal.
Il s’agit de belles valeurs qui devraient aussi correspondre à l’action politique ! Altruisme signifie se mettre, avec générosité, au service des autres, ce que nous faisons. Efficience renvoie à la nécessité de l’efficacité.
Or, les Français attendent des résultats de l’action. Discrétion est sans doute la valeur qui manque en ce moment. Elle rappelle chacun à son devoir de pudeur. Traditionnellement dans la fonction publique, il existe une réserve républicaine, malheureusement en voie de disparition. Il faut la réhabiliter. Je forme le vœu que la vie politique revienne à plus de discrétion, de réserve et de rigueur.
VSD.
Depuis quelques semaines, vous vous faites plus présente sur le terrain. Ces ren-contres avec les Français vous paraissent-elles une façon efficace de vous opposer à Nicolas Sarkozy ?
Ségolène Royal.
Mon problème n’est pas de m’opposer systématiquement à lui, mais je constate qu’aujour-d’hui le pays a besoin d’efficacité dans les résultats de l’action politique. Aller sur des territoires, dans des entreprises ou avec des associations qui connaissent des difficultés oblige le pouvoir en place à bouger. Par exemple, après ma visite dans l’usine Charles Jourdan au contact du désespoir des salariés, le ministre a fait une réunion de travail. Tant mieux. Cela me permet aussi de faire des propositions pour que la France retrouve de nouvelles raisons d’espérer et d’entreprendre.
Car on sent monter une profonde inquiétude : le moral des ménages est au plus bas, une enquête sur les jeunes montre que les Français sont parmi les plus pessimistes d’Europe. Face à l’espérance que soulève une élection présidentielle, quel que soit le candidat qui l’a emportée, les gens attendent qu’il se passe quelque chose. J’ai été une des actrices principales du dernier scrutin présidentiel, et ma responsabilité me conduit à donner toute mon énergie, à faire pression afin que ça bouge vraiment et que la politique se montre plus efficace.
VSD.
Vous avez l’impression que l’action jusqu’à présent mise en œuvre par le président n’a pas porté ses fruits ?
Ségolène Royal.
Mais nous le voyons tous. Je souhaite que la France réussisse et obtienne des résultats qui vont dans le bon sens. Or, on assiste à un creusement des inégalités, avec les mesures fiscales par exemple. Le contre-choc commence à être ressenti. Nicolas Sarkozy a pensé que, en enrichissant les plus riches, leur croissance allait entraîner tout le monde. Ce n’est absolument pas ce qui se passe : on a les inégalités sans la croissance. Il faut essayer autre chose et, notamment, repenser les relations dans l’entreprise.
VSD.
Vous vous portez candidate à la tête du PS. Pourquoi faire cette annonce avant les élections municipales, au risque de voir vos opposants vous accuser de semer la désunion ?
Ségolène Royal.
Je n’ai fait aucune annonce de cette nature. Et je refuse les polémiques du passé. J’ai simplement expliqué que, jusqu’en décembre, j’avais conduit une première étape, durant laquelle j’avais travaillé à mon rythme. J’ai eu aussi besoin de me reposer, d’écrire le bilan de la campagne. De plus en plus de personnes me demandaient pourquoi je ne parlais pas. Pourquoi je ne suis pas à leurs côtés pour avancer. Donc, j’approfondis le tra-vail avec tout un groupe, car je crois qu’il est de ma responsabilité, avec d’autres, de mettre un potentiel au service du rassemblement des socialistes, y compris ceux qui n’ont pas été à mes côtés. J’espère parvenir à les convaincre qu’il faut accélérer les propositions concrètes. C’est le silence et l’inaction qui seraient coupables !
VSD.
Comment ?
Ségolène Royal.
En travaillant en équipe, en me déplaçant. Je voudrais encourager une nouvelle génération et donner de nouvelles raisons d’espérer. La France possède un potentiel, elle mérite beaucoup mieux que les résultats économiques et les régressions sociales dont nous souffrons aujourd’hui.
VSD.
Allez-vous soutenir la candidature de Bertrand Delanoë ?
Ségolène Royal.
Bien sûr. Je souhaite très vivement sa réélection, car c’est un excellent maire pour Paris. Je serai à ses côtés autant qu’il le voudra.
VSD.
Quel est actuellement votre état d’esprit ?
Ségolène Royal.
Serein et studieux. Je suis entourée d’amis fidèles et de conseillers talentueux. Nous regardons vers l’avenir sans polémiquer avec qui que ce soit. Je préside une région innovante et c’est très gratifiant parce que très concret. Je vais rencontrer les Français qui bougent en allant soutenir des candidats aux élections municipales. Je reste persuadée que c’est dans le mouvement que nous gagnerons de nouvelles mairies, car les Français ont besoin de sentir qu’il existe d’autres façons de faire, d’espérer et d’entreprendre par rapport à la fin des illusions et des slogans sans lendemain.
Recueilli par Marie-Aude Panossian
jeudi 10 janvier 2008
Interview de Ségolène Royal pour VSD le 9 janvier 2008
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