“De même les plaisanteries grivoises contre les femmes et la drague dans la rue “représentent la forme de pression la plus subtile et se situe à l’un des extrêmes du continuum de la violence (…), la mort se situe à l’autre extrême. Entre les deux, on trouve toutes sortes de comportements quotidiens depuis les coups superficiels jusqu’aux blessures graves, en passant par l’agression sexuelle et le viol”
Hanmer, 77
http://mauvaiseherbe.wordpress.com/2008/06/16/i-la-violence-contre-les-femmes-prostituees-une-violence-non-specifique/#comment-1956
picoré chez Je veux vivre libre et égale
dimanche 31 août 2008
les plaisanteries grivoises...
De la politique et des moutons....
sortie le 17 septembre 08
Bonne rentrée colère ! [Honoré Daumier]
samedi 30 août 2008
No kid, Corinne Maier [extrait]
lu sur http://chaminou.blogg.org/
"Que l'enfant soit la fin suprême de la femme, c'est là une affirmation qui a tout juste la valeur d'un slogan publicitaire".
Simone de Beauvoir
lire d'autres extraits ici : http://perrinesexprime.canalblog.com/archives/_feminisme/index.html
vendredi 29 août 2008
Les introuvables lesbiens
Un site où je vous invite à musarder, vous y découvrirez des oeuvres qui ne sont plus éditées et des auteures passées sous silence.
Fort belle initiative!Je laisse la parole à sa conceptrice.
semaphore
UN BLOG POUR ELLES
source : http://romanslesbiens.canalblog.com/archives/01__accueil/index.htmlPourquoi ce blog ?
Parce que je ne veux pas que la mémoire se perde !!!
Je vous ouvre ma bibliothèque, car ces ouvrages sont quasiment impossibles à trouver en librairie, et difficilement en bibliothèque publique. Pourtant le corpus littéraire lesbien est un état des lieux tout à fait éloquent de la perception de l'homosexualité féminine à travers les siècles. A ce titre, poésie, théâtre, roman... font partie de notre histoire. Ils révèlent le difficile passage de l'invisibilité à la visibilité. Parfois, ce n'est même plus de la sociologie c'est quasiment de l'ethnologie !
Les ouvrages lesbiens du XVIIe au XXe siècle naissant - O ironie ! O paradoxe ! - sont majoritairement écrits par des hommes. Pourquoi ? mais parce que seuls les hommes avaient droit à la parole, les femmes étant muselées (voire lobotomisées) par le patriarcat dominant.
Jusqu'au XXe siècle largement entamé, les seules qui ont vécu leur homosexualité à visage découvert et qui se sont exprimées en toute liberté n'ont pu le faire QUE parce qu'elles étaient financièrement indépendantes. Ainsi, les auteures lesbiennes (jusqu'au début des années 1930) sont soit de riches héritières (Renée Vivien ou Nathalie Barney) soit des actrices ou des "cocottes" (Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon...).
Les auteur-e-s
Il faut donc lire ces ouvrages avec beaucoup d'humour et de distance. Bref, un régal de énième degré !!!... Mais c'est de la mémoire, vous dis-je :
• mémoire d'une perception toujours diabolisée du lesbianisme par une hétérosexualité sûre de son bon droit et toujours prête à condamner la différence ;
• mémoire de celles qui signent leur oeuvre d'un nom d'homme pour vaincre l'ostracisme, ou de celles qui transposent une histoire d'amour tribadique en une histoire hétéro pur jus ;
• mémoire de celles qui ne se cachent pas, mais qui restent marquées dans leur tête par la culpabilité judéo-chrétienne ;
• mémoire de celles qui non seulement ne se cachent pas mais revendiquent, à la manière Fin de siècle, leur sapphisme...
Cela dit, ces ouvrages prouvent au moins une chose : à la fin du XIXe, l'identité lesbienne commence à exister. Un "statut" - bien qu'essentialiste - lui est reconnu. La lesbienne n'est pas une erreur ponctuelle de la nature, elle se reproduit...
Comment fonctionne le blog ?
• Régulièrement, j'ajouterai des oeuvres extraites de ma bibliothèque et saisies de mes blanches mains. En règle générale, j'arrive à intégrer un livre par mois.
mardi 26 août 2008
L'enfant et la mouche - Françoise Mallet-Joris/Marie-Paule Belle
L'enfant et la mouche
Seul il joue au jardin
Il est insouciant
Ce n'est qu'un enfant
Il s'élance en courant
Referme la main
La mouche est dedans
Il joue il rit
La mouche est à lui
Et il lui arrache les ailes
Il est si petit
Toi qui lis les journaux
Qui a des idées
Sais-tu regarder
Ces choses qui sont si naturelles
Qu'on oublie souvent qu'elles sont cruelles
Dans le grand camion noir
Les chevaux finis ont déjà compris
C'est vers les abattoirs
Que l'homme insouciant les mène ce soir
C'est son métier
Il n'est pas méchant
Mais il frappe il crie
En les poussant dans la nuit
Toi qui veux la justice
Et qu'elle se bâtisse
Dans tous les pays
Ces choses qui sont si naturelles
Vois-tu seulement combien c'est pareil
Le chômeur humilié
Et qu'on ne plaint pas
Tant qu'il peut manger
Le prisonnier perdu
Par des mots savants
Qu'il ne comprend plus
On a pitié on en parle un peu
Et ça nous rassure
On veut croire que ça va mieux
Ce cri d'enfant battu
On l'a entendu
Mais on n'a rien dit
Ce vieux dans un couloir
Sur de vieux journaux
Qui a peur du noir
Ils sont si près
Qu'on ne les voit pas
Et on s'en va
Pour pleurer au cinéma
C'est une même guerre
Une même misère
On les voit partout
Ces choses qui sont si naturelles
Qu'on oublie souvent qu'elles sont cruelles
Seul il joue au jardin
Il est insouciant
Ce n'est qu'un enfant
Il s'élance en courant
Referme la main
La mouche est dedans
Il joue il rit
La mouche est à lui
Et il lui arrache les ailes
il est si petit
Françoise Mallet-Joris
lundi 25 août 2008
Halte au repassage des seins - Girls, Welcome in Huntsmen's Land!
Halte au repassage des seins
Source : Courrier international, 819, 13 juil. 2006
par Etienne Tassé
Masser les seins des jeunes filles avec des objets chauffés ou non pour les résorber est une tradition au Cameroun : cette pratique peut avoir des conséquences dramatiques pour la santé des femmes.
Le réseau d’associations Renata, qui regroupe des filles mères, mène campagne contre le “repassage” des seins. “Cette pratique terriblement douloureuse et très répandue consiste à masser les seins des jeunes filles avec des objets chauffés ou non dans l’intention de les faire disparaître”, explique Bessem Ebanga, secrétaire exécutive du Renata. Selon une étude menée en décembre 2005 dans tout le pays par l’anthropologue Flavien Ndonko, du Programme germano-camerounais de santé/sida, à Yaoundé, 24 % des adolescentes, soit près d’une sur quatre, en sont victimes.
Ariane, 19 ans, qui vit à Yaoundé, se souvient encore d’avoir hurlé de douleur quand sa mère la séquestrait dans la chambre pour lui “repasser” les seins. “Elle les écrasait à l’aide d’une pierre chauffée en se protégeant les mains avec un chiffon. Je criais de toutes mes forces : ‘Non maman ! Ça fait mal ! Non ! Non !’” Malgré ses supplications, sa mère a continué le massage pendant deux mois. Elle avait alors 12 ans et ses parents voulaient ainsi étouffer le développement de sa poitrine et de sa féminité. Une sorte de lait s’est mis à couler de ses seins traumatisés. Pour échapper à cette épreuve, Ariane faisait des fugues, devenait de plus en plus rebelle, n’allait plus régulièrement à l’école. Ironie cruelle, elle a fini par tomber enceinte un an plus tard.
Le “repassage” des seins est une tradition qui se transmet de mère en fille. “Je l’ai appris de ma mère peu avant mon mariage, dans le cadre de l’éducation à la vie conjugale que toute mère donne à sa fille. Depuis, je l’applique à toutes mes filles”, confie Christine Ngatchou. Surprise d’apprendre que cette pratique est dangereuse, elle explique que le massage des seins qui poussent avant 14 ans fait partie du b.a.-ba de la bonne conduite que toute femme doit connaître avant d’arriver au mariage.
L’étude effectuée en 2005 montre que toutes sortes d’objets et de substances sont appliqués sur les seins pour les résorber, certains chauffés (pierre, spatule, pilon, herbes, peaux de banane), d’autres non (sel, pétrole, serre-seins, etc.). Mais le but des parents est toujours le même : faire disparaître la poitrine de l’adolescente afin qu’elle n’attire pas les garçons, qu’elle continue ses études et ne s’engage pas précocement dans des relations sexuelles au risque de tomber enceinte.
Cette pratique est non seulement douloureuse mais dangereuse. A partir de témoignages de femmes qui l’ont subie, l’enquête a révélé les affections et les maladies qu’elle peut provoquer : abcès, kystes, disparition totale de la poitrine, voire cancer. Ce massage peut provoquer une réaction inflammatoire. Le tissu mammaire durcit, entraînant le rétrécissement des seins et parfois la formation de nodules et de cellules cancéreuses. Géraldine Sirri a vu sa poitrine disparaître à la suite du “repassage”, pour reprendre son développement plus tard. Mais, après son accouchement, celle-ci s’est mise à gonfler au point de l’obliger à arrêter l’allaitement de son fils. “Il a fallu un traitement médical pour que mes seins retrouvent une taille acceptable”, souligne-t-elle.
source : http://www.peuplesmonde.com/article.php3?id_article=608
dimanche 24 août 2008
Sur la relation entre genre et pauvreté
article publié le 29/11/2002
auteure : Marty Christiane
Dans la dernière décennie, le concept de " féminisation de la pauvreté " a fait son apparition et a même été officiellement consigné dans la Plate-forme d’action de la 4ème Conférence Mondiale des Femmes de Pékin. "70% des pauvres sont des femmes " : ce chiffre est maintenant dans le domaine public, reconnu ou utilisé par de nombreux organismes, mais il est difficile d’en établir exactement l’origine. Que signifie-t-il, quelle est sa cohérence, et plus généralement quel est le lien entre genre et pauvreté ?
Sur la relation entre genre et pauvreté
Si tout le monde a une idée de ce qu’est la pauvreté, cette notion a fait l’objet depuis de nombreuses années d’une réflexion approfondie qui a abouti récemment à un élargissement de sa définition. Le concept de " féminisation de la pauvreté " a également fait son apparition et a même été officiellement consigné dans la Plate-forme d’action de la 4ème Conférence Mondiale des Femmes de Pékin (1995). " 70% des pauvres sont des femmes " : ce chiffre est maintenant dans le domaine public, reconnu ou utilisé par de nombreux organismes, mais il est difficile d’en établir exactement l’origine. Il est surtout primordial lorsqu’on veut traiter de la pauvreté, de savoir ce que recouvre cette notion, comment la mesurer et comment y remédier. " Il y aura toujours quelqu’un de plus pauvre que l’homme le plus pauvre : c’est sa femme " au delà de l’éloquence de l’image, qu’en est-il exactement ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de revenir sur la définition de la pauvreté
1- Concepts définissant la pauvreté [1]
La pauvreté signifiait traditionnellement la " pauvreté de revenu et de consommation ", c’est à dire un " manque d’accès aux ressources, aux biens productifs et au revenu résultant d’un état de privation matérielle ". Mettant l’accent sur la privation de consommation, la pauvreté a été définie par un seuil minimal de consommation par personne. Cette approche privilégiait la pauvreté absolue plutôt que relative. Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a largement contribué au développement de la discussion sur le concept de la pauvreté, ses mesures et ses évaluations, et le concept a été élargi. L’approche définissant la pauvreté par le seul manque de revenu/consommation a été critiquée : de nombreuses réflexions ont suggéré de prendre en compte les ressources collectives et la fourniture de services par l’Etat, et d’inclure dans la notion de pauvreté le manque de dignité et d’autonomie. Dans cette nouvelle approche multidimensionnelle, la pauvreté est vue comme un processus et non plus comme un concept statique. De plus, cette approche plus qualitative que quantitative a également mis l’accent sur les critères de la pauvreté vue par les pauvres eux-mêmes. L’implication des personnes pauvres, la prise en compte de leurs propres solutions et surtout le renforcement de leur pouvoir d’action économique (empowerment) sont considérés comme essentiels pour le succès de l’élimination de la pauvreté.
En particulier l’approche développée par Amartya Sen [2] a amélioré la compréhension du phénomène de pauvreté et de celui de vulnérabilité. Selon cette approche, la pauvreté se caractérise par " l’absence des capacités fondamentales pour fonctionner ", pour " être et faire ". Cette approche sur les " capacités " réconcilie les notions de pauvreté absolue et relative, puisque un manque relatif de revenus et de biens peut conduire à un manque absolu des capacités minimales. Le concept de " pauvreté humaine " qui a été introduit par le PNUD dans son Rapport sur le développement humain de 1997, ainsi que le concept de " développement humain soutenable ", sont basés sur cette approche des " capacités " d’Amartya Sen. Distincte de la " pauvreté de revenu ", mais néanmoins liée, la " pauvreté humaine " fait référence à la dénégation des opportunités et des choix pour accéder à une vie tolérable. La pauvreté est vue comme multidimensionnelle. De plus, la pauvreté est un phénomène relatif : même dans un pays riche où la pauvreté monétaire est moins fréquente, la pauvreté monétaire "relative" peut engendrer une pauvreté "absolue" dans certaines dimensions du développement humain telles que l’estime de soi ou la capacité à trouver un emploi décent. Le concept de " pauvreté humaine " permet donc d’appréhender les causes de la pauvreté et pas simplement ses symptômes. Un index de pauvreté humaine (IPH) a été construit par le PNUD afin de mesurer la privation de " développement humain " élémentaire, à travers l’absence de capacités, comme une faible espérance de vie, le manque d’éducation de base, le manque d’accès aux ressources publiques et privées, le manque d’accès à l’eau potable et aux soins de santé. Malgré les difficultés inhérentes à une telle mesure, le développement de ce nouvel indicateur sur la pauvreté est très utile pour évaluer la situation actuelle et son évolution ; il est regrettable que l’IPH ne soit pas sexué.
2- Quelle est la relation entre le genre et la pauvreté ?
Le concept de "pauvreté de revenu " ne permet pas d’approfondir la relation entre le genre et la pauvreté : les mesures quantitatives basées sur ce concept considèrent le ménage comme une unité homogène, et supposent une répartition équitable entre ses membres. Les promoteurs de la croissance pour lutter contre la pauvreté veulent faire croire que les bénéfices de la croissance se répandent automatiquement sur les ménages les plus pauvres, ce qui est largement démenti par les faits. De même, le concept de " pauvreté de revenu" laisse supposer que le bénéfice d’un revenu est réparti également entre les membres du ménage. C’est ignorer les conflits, inégalités et relations de pouvoir bien réelles à l’intérieur des ménages. Partout la loi, la tradition ou la religion désigne l’homme comme le chef de famille et lui attribue le pouvoir de décision sur l’ensemble des biens et décisions concernant le ménage. Non seulement l’homme dispose le plus souvent de la décision sur l’utilisation des ressources, mais il ne les utilise pas de la même manière : des études ont mis en évidence les différences suivant que c’est l’homme ou la femme qui dispose des ressources : contrairement à l’homme, la femme consacre la plus grande part de ses ressources à la santé des enfants et à une meilleure nutrition (Unifem, rapport sur le progrès des femmes, 2000). Le concept de "pauvreté de revenu " reproduit donc les carences des théories économiques classiques qui assimilent le ménage à une unité indivisible, avec une répartition égalitaire des ressources et des capacités, il est inapte à fournir une analyse et une mesure de la ’féminisation’ de la pauvreté.
Le concept de " pauvreté humaine " permet d’éclairer la relation entre le genre et la pauvreté. Le ménage reste une unité très importante pour l’analyse de la pauvreté, mais il est décomposé pour permettre d’évaluer la pauvreté et le bien être relatif de chacun de ses membres. Cette approche met en évidence les inégalités entre les hommes et les femmes concernant la privation d’éducation de base, d’accès aux soins, l’espérance de vie, ainsi que les contraintes sociales pesant sur les femmes, que ce soit dans le cadre, mais aussi hors du cadre du ménage, les contraintes sur les castes les plus basses, les minorités, etc...
A la question " les femmes sont elles plus pauvres que les hommes ? ", l’approche selon la perspective de la " pauvreté humaine " et des capacités :
d’une part permet de répondre,
d’autre part montre que les femmes sont effectivement plus pauvres dans la plupart des sociétés, et dans la plupart des dimensions constituées par les différentes " capacités " comme l’éducation et la santé.
Les femmes et filles, on l’a dit, sont très souvent pénalisées dans l’allocation des ressources à l’intérieur des ménages à cause du système patriarcal. Il est plus difficile pour elles de transformer leurs " capacités " en revenus ou bien être. Dans toutes les cultures et quel que soit le niveau de développement, les femmes assument le travail non rémunéré de reproduction et de soins. Partout, leur temps total d’activités payées et non payées est plus important que celui des hommes (PNUD 1997). En moyenne, les femmes travaillent plus, ont moins de revenus, moins de contrôle sur leur revenu, de grandes difficultés d’accès aux crédits et à la formation ; elles travaillent le plus souvent dans le secteur informel, ces activités leur permettent de combiner leur travail payé et celui non payé de reproduction, mais secteur informel signifie aussi absence de protection sociale, d’assurance maladie et de droit à la retraite. Les normes sociales peuvent les empêcher de prendre un travail payé, ou les contraindre à une mobilité réduite, les conséquences des guerres font que femmes et enfants constituent la grande majorité des réfugiés. Enfin les violences envers les femmes sont une réalité dont on mesure de plus en plus l’ampleur à l’échelle mondiale : le problème de la violence constitue un handicap très lourd à l’autonomie et à la dignité des femmes Pour toutes ces raisons, les femmes voient leurs " capacités " restreintes, et elles sont à la fois plus pauvres et plus " vulnérables " à la pauvreté chronique.
3- Evaluation qualitative et/ou quantitative de la pauvreté
La nouvelle conceptualisation de la pauvreté basée sur les " capacités " permet donc de mettre en évidence pourquoi et en quoi les femmes sont plus pauvres. Etant multidimensionnelle, cette approche de la pauvreté est essentiellement une méthode qualitative et montre comment les méthodes strictement quantitatives reproduisent les biais sexistes (cf la répartition des ressources dans le ménage). L’analyse quantitative, toujours nécessaire, doit être menée dans le cadre de cette approche qualitative, et en référence avec ses différentes dimensions. Ainsi l’examen des statistiques qui existent [3] permet d’appréhender la situation comparée des hommes et des femmes concernant différents aspects de la pauvreté. Même si elles sont encore insuffisantes, des données sexuées existent dans beaucoup de pays, elles concernent les " capacités " reconnues indispensables pour vaincre la pauvreté, comme l’alphabétisme, l’accès à la scolarisation (primaire, secondaire, supérieur), les salaires (à défaut de statistiques exactes sur les revenus), l’espérance de vie, la santé, la mortalité maternelle, l’anémie des femmes enceintes, la malnutrition des enfants de moins de 5 ans, ... Ces données sont éloquentes : les filles représentent les 2/3 de l’ensemble des enfants non scolarisés dans le monde, et les femmes 70% des adultes analphabètes. (Cependant, dans certains pays d’Europe et d’Amérique du Sud, la scolarisation des filles est équivalente à celle des garçons dans l’enseignement primaire et secondaire et même plus forte dans l’enseignement supérieur) Les salaires des femmes varient suivant les pays entre 44 et 84% de ceux des Hommes. 80 à 90 % des familles pauvres sont des ménages avec des femme seules et des enfants (familles monoparentales) L’espérance de vie est la seule dimension où les femmes bénéficient "normalement" d’un avantage analysé comme biologique et estimé à environ 5 ans. Mais dans la plupart des pays, l’avantage réel est inférieur à 5 ans, ce qui traduit le fait que les femmes n’ont pas accès aux soins au même titre que les hommes. Dans certaines sociétés, l’espérance de vie des femmes est même inférieure à celles des hommes [4] :
à cause d’une forte mortalité due à la maternité - à chaque minute une femme meurt en couches par manque de soins-,
à cause de la malnutrition et du manque de soins accordés aux filles et aux femmes (Pakistan, Népal, Bangladesh)
à cause de l’infanticide des filles (10 000 cas recensés chaque année en Inde)
et de la progression du sida qui touche de plus en plus les femmes (Zimbabwe, Namibie, Lesotho, Botswana) Ces données montrent que dans toutes les dimensions correspondant aux "capacités" identifiées pour échapper à la pauvreté, les femmes sont pénalisées. Une mesure quantitative qui synthétiserait l’ensemble de ces dimensions est très difficile : il faut bâtir un indice normé et attribuer une pondération à chacune des dimensions, ce qui a peu de sens, ou un sens différent selon le " profil " de pauvreté et selon les situations. On mesure les limites d’une démarche qui réduit la notion de pauvreté à une grandeur unique. L’IPH (indicateur de pauvreté humaine) est une évaluation qui a le mérite d’exister, mais il n’est pas sexué.
Néanmoins, au vu des données disponibles, et avec les réserves qui ont été présentées, on comprend les sources de l’évaluation usuelle de 70% pour la féminisation de la pauvreté : elle reprend les statistiques concernant la non- scolarisation des filles, l’analphabétisme des femmes, leur manque d’accès aux ressources et aux soins, leur handicap vis à vis des salaires, leur prépondérance dans les ménages monoparentaux frappés par la pauvreté. Compte tenu de ces diverses dimensions, l’évaluation de 70% représente un ordre de grandeur cohérent.
Quelle est l’évolution de la pauvreté et de la part des femmes dans la pauvreté ? Globalement à l’échelle mondiale, la pauvreté monétaire a à peine évolué au cours de la dernière décennie : de 1.28 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour en 1990, on est passé à 1.15 milliard en 1999 [4]. Où sont les bienfaits annoncés de la mondialisation financière et du libre échange ? Si la situation s’est améliorée en Asie de l’Est, ou est restée à peu près stable en Amérique latine et Caraïbes (sauf dans la dernière année où elle s’est dégradée en Argentine), elle a subi une forte régression en Afrique et en Europe Centrale et Orientale. La question de la dette et les plans d’ajustement structurels imposés à ces pays ont pesé lourd dans l’aggravation de leur situation à travers les restrictions des dépenses publiques de santé, d’éducation et de protection sociale. L’impact de ces politiques a particulièrement touché les femmes : lorsque l’éducation est devenue payante, on a observé dans de nombreux pays un recul de la scolarisation des petites filles qui est considérée comme moins importante que celle des garçons. De même, les femmes étant majoritaires dans les emplois du secteur public, elles ont été beaucoup plus touchées par les licenciements dans ce secteur.
Etant en charge des soins aux enfants et personnes âgées, elles sont au premier plan concernées par la dégradation des politiques de santé et de protection sociale. L’aggravation des conditions de vie des femmes dans des régions comme l’Afrique et l’Europe de l’Est, directement liée à la mondialisation libérale, est une des causes du développement de la traite des femmes et de leur prostitution. Les inégalités entre les hommes et les femmes dans la vie économique et le manque de participation des femmes aux décisions constituent une des causes de la pauvreté chronique de tous les membres d’un ménage.
La pauvreté mondiale ne reculera que si on associe étroitement la lutte contre les inégalités de genre à la lutte contre la mondialisation libérale. L’objectif d’égalité entre les sexes est une condition préalable à l’élimination de la pauvreté mondiale.
Notes [1] Voir l’étude Gender and poverty de Nilufer Cagatay, May 1998- Working Paper Series- UNDP [2] Amartya Sen, 1990. Poverty and famines, an essay on entitlement and deprivation- Oxford University press [3] données du PNUD, Banque Mondiale, BIT, WISTAT (base de données des Nations unies sur les femmes) [4 ] chiffres PNUD, 2002
vendredi 22 août 2008
Autopsie - À propos de l'exposition Bodies, the Exhibition
A la lecture de ce billet, ne l'entendrez-vous pas Antigone ?
Ne vous sentirez-vous pas sauvagement Antigone ?
Quel prédendu alibi artistique peut-il légitimer l'exposition de corps destinés à la science et non à leur exhibition ?
La société du spectacle ne recule devant aucun scrupule, dans le déni absolu du respect des volontés exprimées de la personne!
Que fait-on du respect dévolu aux morts ?
Veulent-ils faire de vous des voyeurs nécrophiles ?
Après la mort en direct du 20h... des cadavres dans des musées...des femmes et des hommes, des anonymes soucieux de la formation des futurs médecins, soucieux de cet autre qui recevra un de leurs organes, dont on ne respecte même la pudeur posthume!
Sémaphore
Autopsie
"Des êtres humains qui ont fait don de leur cadavre à la science ? Savaient-ils qu'ils allaient être exhibés devant des foules de visiteurs ? J'ai depuis quelques années, dans mon portefeuille, un petit carton qui atteste que j'ai fait don de mon corps à la science. Mais je n'ai pas autorisé la science à disposer de mon corps pour autre chose que l'utilisation de certains de mes organes sains ! L'être humain est-il devenu un simple objet ? Ces corps exposés sont des corps morts. Et le respect de ce que ces corps ont vécu ?
Depuis la nuit des temps les rites funéraires existent, et l'art a commencé par là. Rites pour un passage dans l'au-delà, peut-être, mais rite pour la mémoire, rite pour la séparation, pour le deuil. Que signifie être humain ?
[...] Cautionner l'intérêt d'une exposition par des raisons scientifiques et artistiques, cela peut provenir d'une perversion ! Que les amateurs choisissent en conscience ! Non, je n'irai pas !"
Danielle Stéphane, Lyon (Source : Télérama n°3049, 18 Juin 2008).
mercredi 20 août 2008
Omorphi ke paraxeni patrida Odysseus Elytis - Angélique Ionatos
Omorphi ke paraxeni patrida
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre
Et des jardins sur l’eau
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce
Elle fait mine de la creuser
Et des miracles naissent
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans
Belle mais étrange patrie...
poème d’Odysseus Elytis
musique Angélique Ionatos
mardi 19 août 2008
La parthénogenèse : une reproduction sans mâle
La parthénogenèse : une reproduction sans mâle
Par enelh, professeure agrégée de biologie (SVT)
Je me permets de rebondir sur le dernier point évoqué dans l’article précédemment posé "l’homosexualité chez les animaux" : la parthénogenèse. Des mots grecs parthenos ("vierge") et genesis("naissance","génération"), la parthénogenèse consiste en la reproduction monoparentale à partir d’un individu femelle, c’est-à-dire en la formation d’un nouvel organisme à partir d’un gamète(cellule sexuelle) femelle non fécondé... En d’autres termes, en une reproduction sans necessité d’un individu male !... Et oui, cela existe ! Et ce mode de reproduction méconnu de la plupart(...allez savoir pourquoi... !) est très répandu dans le règne végétal et animal.
En effet, la parthénogenèse présente de nombreux avantages : ainsi, n’ayant besoin que d’un seul exemplaire de l’espèce (obligatoirement une femelle !) pour assurer une reproduction, les organismes parthénogenétiques sont plus capables de coloniser des habitats isolés comme les îles ; d’autre part, les lignées se reproduisant par parthénogenèse présentent une croissance démographique rapide (quand l’environnement est stable) et plus spécialement lorsqu’il s’agit d’une parthénogenèse thélytoque (parthénogenèse ne donnant naissance qu’à des femelles). En effet, dans ce dernier cas, comme les individus sont toujours des femelles, chacun pourra produire des oeufs qui écloront. Alors que dans les populations séparées en sexes, les individus mâles ne peuvent pas avoir de progéniture par eux-memes (c’est ce qu’on appelle le désavantage reproductif !). Autrement dit, une lignée parthénogenétique thélytoque aura, dans des conditions idéales, un taux de croissance démographique double par rapport à une population composée pour moitié de mâles...! Enfin, n’oublions pas que, lors d’une reproduction parthénogenétique, la progéniture est génétiquement identique ou presque (en cas de mutations) à sa mère puisqu’il n’y a pas de recombinaison génétique liée à une fécondation entre gamètes différents. Ce "clonage" naturel peut être très favorable si le génotype convient exactement à un environnement stable (mais peut être désavantageux si l’environnement change) : la population sera parfaitement adaptée à son habitat et pourra proliférer rapidement et durablement.
On rencontre la parthénogenèse chez de nombreux Invertébrés comme les insectes : par exemple, chez les abeilles et les fourmis, les mâles naissent d’ovocytes ( ovules) non fécondés ; mais comme l’indique l’article "l’homosexualité chez les animaux", la parthénogenèse existe aussi chez les Vertébrés. Chez certains lézards (15 espèces environ), la parthénogenèse apparait comme le mode exclusif de reproduction : la parthénogenèse nécessite alors un stimulus sexuel consistant à mimer entre femelles la conduite de l’accouplement (ce qui montre clairement que les caractéristiques morpho-sexuelles du mâle ne sont absolument pas nécessaires à la stimulation reproductive de la femelle...). Un cas de parthénogenèse a également été observé en 2001 dans un zoo américain où, pour la première fois, un requin-marteau est né dans un bassin dans lequel ne vivaient que trois femelles. Le même genre de parthénogenèse a aussi été étudié chez le dragon de Komodo. Ces exceptions soulèvent des questions importantes sur l’intérêt évolutif de ce procédé : les femelles d’espèces très variées savent et peuvent se passer de mâle pour se reproduire. Cela laisse de plus supposer que la parthénogenèse naturelle, jusqu’aujourd’hui inconnue chez des animaux plus évolués comme les mammifères, est possible. D’ailleurs, des expériences récentes ont abouti à la naissance d’une souris parthénogenétique et à la création d’embryons humains parthénogenétiques (détails dans un prochain article).
Ces expériences représentent une avancée exceptionnelle en termes de recherche génétique reproductive. Leurs résultats ont-ils pour autant été révélés au grand public ? Pourquoi la parthénogenèse naturelle n’est-elle pas enseignée ou évoquée dans les programmes officiels des collégiens et lycéens alors que la reproduction sexuée "femelle-mâle" y occupe une place importante ? La vision d’un monde vivant et se renouvelant sans mâle : inutile et même toxique pour les fondements qui régissent les alibis du patriarcat.
Publié le 12 août 2007 par Mauvaise herbe
Homosexualité animale: expo à Maastricht : Against Nature ?
Visible jusqu’au 31 août 2008 au Musée d'histoire naturelle de Maastricht l'exposition: Against Nature ? (Contre nature ?) - qui a pur objet l'homosexualité dans le monde animal.
C'est l'expo qui a été mise au point par le Musée de l'université d'Oslo qui est présentée ici, mais avec aussi des illustrations du comportement homosexuel animal dans les collines limbourgeoises. Comme les animaux ne connaissent pas de frontières et que la province du Limbourg belge jouxte le Zuid-Limburg hollandais...
Il n'y a pas que les girafes, les hannetons et les pingouins chez qui le comportement homosexuel est largement répandu: il est attesté chez à peu près 500 espèces animales.
L' espèce championne toutes catégories est le cacatoès rose: la moitié des couples sont homosexuels. L'homosexualité est quelque chose de tout à fait banal dans le monde animal.
Quand on vous dira que c'est contre nature...
L'expo “Against Nature?” se visite jusqu'au 31 août au Natuurhistorisch Museum Maastricht, De Bosquetplein 7, 6211KJ Maastricht.
P.S.: Maastricht est à une heure de train de Bruxelles (autoroutes directes) et à un quart d'heure de Liège, hein!
Sources : le site du musée
http://www.nhmmaastricht.nl/nederlands/index2.htm
lundi 18 août 2008
Le sport contre l'homophobie : Le TSIGALEM 2008
Le TSIGALEM 2008 approche à grand pas et il vous est toujours possible de vous inscrire jusqu’au 31 juillet pour participer, pour donner un coup de main à l’organisation.
Pourquoi s’inscrire ?
Tout simplement pour montrer que l’association est présente pour cet événement, que notre combat contre l’homophobie est une lutte permanente qui s’inscrit dans le cadre de ce tournoi ouvert également sur la tolérance et le respect d’autrui quel que soit l’orientation sexuelle de chacun.En plus de la visibilité, c’est aussi une question de crédibilité vis-à-vis des collectivités, des institutionnels qui nous soutiennent en infrastructures, en subventions sans lesquelles l'association n’existerait.Et enfin, c’est aussi un grand moment d’entraide, de convivialité, de rencontres, de sportivité.Alors n’hésitez plus : rejoignez-nous !
Que vous soyez bénévoles ou participants (ou les deux), manifestez-vous auprès des responsables sportifs : . natation : Loïc, Laurent . VTT/ course à pied : Doan, Serge . badminton : Benoît . volley/ beach-volley : Rémy ou de l’organisation (Stéphan).Faisons en sorte qu’ensemble, cet événement soit réussi.
Très sportivement,Stéphan CASTELINPrésident de Chemin des Cimes
Vous pouvez nous aider !
tél : 06 60 46 41 70 / 04 30 10 77 52Venez vibrer aux couleurs de TSIGALEM 2008 !La 1ère édition de TSIGALEM 2008, rendez-vous sportif international, vous invite à joindre son équipe de bénévoles en participant à son bon déroulement (aide logistique, accueil, chronométrage...) et/ou en hébergeant un ou des participants. Si cela vous intéresse, merci d'imprimer et remplir le(s) formulaires(s) (fichiers pdf) et nous le(s) envoyer à l'adresse indiquée :
* proposition de bénévolat
* proposition d'hébergement de participants
Le sport contre l'homophobie !
> www.chemindescimes.com
> contact@chemindescimes.com
> www.tsigalem.com
La condition des femmes et celle des animaux: analyse d'une proximité politique
Dans le cadre des septièmes Estivales de la question animale qui ont lieu du 16 août au 23 août 08 à Parménie en Isère (35 kms de Grenoble)
Courriel: info@question-animale.org
Vous pouvez aussi contacter ces autres organisateurs des Estivales:
Agnese ou David: 04 78 69 90 71
David (portable): 06 77 02 29 53
Ces numéros sont en France. Depuis l'international, composer 0033 et le numéro sans le zéro initial.
Cette intervention le jeudi 21 août après-midi
La condition des femmes et celle des animaux: analyse d'une proximité politique
source : http://question-animale.org/fr/e08/pro/20080821je-pm2-condition_des_femmes.html
par Agnese Pignataro
Présentation:
Au-délà des déclarations formelles d'antisexisme, fondées sur une perception souvent floue du fait que toutes les dominations seraient «liées», le mouvement pour l'égalité animale s'intéresse très peu à la condition des femmes et à leur rapport avec les animaux non humains.
D'une part, on explique ce rapport simplement par l'attribution aux femmes d'une «plus grande sensibilité», ou «empathie», envers les animaux — avec le sous-entendu implicite que l'approche des hommes à la question animale serait plutôt cérébrale... donc plus objective!
D'autre part, les militantEs du mouvement de base se retrouvent souvent à remplir un rôle subordonné vis-à-vis de leurs camarades mâles: sauf de rares exceptions, elles s'occupent de tâches pratiques (organisation de manifestations, mise en page des revues, cuisine...) alors que les hommes jouent les chefs représentant le mouvement (prise de parole, écriture de textes, élaboration théorique...). Cette distribution de fonctions selon le genre contribue à ce que les idées des femmes au sujet de la question animale aient un poids très limité dans le débat.
À ces difficultés s'ajoute le fait que les critiques des animalistes contre l'utilisation du corps féminin par PETA semblent trahir une certaine ambiguïté du rôle de la femme dans l'imaginaire des militants.
Pourtant, une analyse sérieuse des conditions concrètes de l'assujettissement des femmes (plutôt que de sa transfiguration idéologique) peut fournir des éléments capitaux pour comprendre les modalités de l'exploitation des animaux. Et la découverte de cette proximité est d'autant plus précieuse qu'elle pourrait établir, entre le mouvement pour les animaux et celui des femmes, un contact solide - peut-être plus stable que celui avec le mouvement écologiste.
De fait, les femmes vivent dans leur chair des conditions d'oppressions qui sont proches de celles des animaux. En raison de cette circonstance historique, et non d'une prétendue «empathie» qui leur serait «essentiellement» propre, elles sont pourvues d'un point d'accès privilegié à l'expérience des animaux exploités; autrement dit, elles disposent d'un avantage epistémologique. Ainsi, la prise de parole de la part des femmes au sujet de la question animale doit être respectée et encouragée: leur prise de conscience d'un esclavage commun avec les animaux peut aboutir à la construction d'un positionnement inédit dans le parcours politique de la libération animale.
Violences impunies contre les femmes
Violences impunies contre les femmes
Les violences contre les femmes font l'objet de deux rapports d'Amnesty International rendus publics le 6 mars 2001 à Paris et aux Etats Unis
Le premier, intitulé "Torture : ces femmes que l'on détruit", publié par la section française d'Amnesty International, indique qu'une femme sur cinq dans le monde est victime de la torture au quotidien et que la torture "est enracinée dans une culture qui, partout, refuse aux femmes l'égalité des droits avec les hommes et tente de légitimer la violence à leur égard." Le rapport est publié en anglais sous le titre : "Broken bodies, shattered minds. Torture and ill-treatment of women" [Corps brisés, volontés détruites].
Assez !S'appuyant sur des statistiques de la Banque mondiale, Amnesty souligne qu'une femme sur cinq est ou a été victime de violences physiques ou d'agressions sexuelles. En Inde, la proportion s'élève à 40 % et en Egypte, à 35 %. L'organisation, qui cite de nombreux témoignages de femmes et de jeunes filles battues et violées, ajoute que "les tortionnaires" sont "le plus souvent de membres de leur famille ou de leur communauté, ou encore de leurs employeurs."
La rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme rappelle les horreurs qui frappent trop souvent la femme dans les sociétés humaines - depuis Zeynep Avci torturée à l'électricité, sodomisée et violée par des policiers en Turquie jusqu'aux nombreuses jeunes épouses brûlées ou défigurées à l'acide par leurs belles familles dans le sous-continent indien.
Amnesty demande aux Etats de "condamner publiquement les violences infligées aux femmes, à les interdire dans leur législation, à ouvrir une enquête sur toute allégation de violences, ainsi qu'à traduire en justice et à sanctionner leurs auteurs."
Le deuxième concerne "les mauvais traitements contre les femmes en prison" aux Etats-Unis. Il cite le cas de 1.000 femmes ayant subi des violences sexuelles en prison, par exemple dans le centre de détention de Turner Guilford Knight à Miami (Floride). L'organisation indique que, dans certains Etats, le détenu peut être tenu pénalement coupable de contacts sexuels avec un gardien. Seuls trois des cinquante Etats américains interdisent la fouille au corps par un gardien d'un autre sexe.
Amnesty juge "barbare" que l'on puisse enchaîner dans les prisons des Etats-Unis des femmes enceintes ou même - ce qui est autorisé dans 18 Etats - en train d'accoucher.
- Torture. ces femmes que l’on détruit
La torture des femmes et des fillettes se perpétue au quotidien dans l'ensemble du globe, indique Amnesty International dans son rapport "Ces femmes que l'on détruit". "Elle est enracinée dans une culture qui, partout, refuse aux femmes l'égalité des droits avec les hommes et tente de légitimer la violence à leur égard."
"Les tortionnaires sont parfois des agents de l'Etat ou des membres de groupes armés, mais il s'agit le plus souvent de membres de leur famille ou de leur communauté, ou encore de leurs employeurs. Pour un grand nombre de femmes, le foyer est un lieu de terreur."
Le calvaire de "K"
"K.", originaire de République démocratique du Congo, était mariée à un officier de l'armée qui la torturait régulièrement, bien souvent sous les yeux de ses enfants. Il la violait sans cesse et lui transmettait des maladies vénériennes. Il la menaçait fréquemment de l'abattre avec son pistolet. Un jour, elle a perdu une dent, a eu la mâchoire disloquée et a reçu dans l'oeil un coup de poing si violent qu'il a fallu lui faire des points de suture. Par la suite, elle a ressenti des douleurs continuelles au nez, à la nuque, à la tête, à la colonne vertébrale, à la hanche et au pied.
"K.", qui a fini par demander l'asile aux Etats-Unis, a affirmé qu'il aurait été vain de s'adresser à la police, à la fois en raison des liens unissant son mari avec la famille au pouvoir et parce que "les femmes ne sont rien au Congo". Un juge des services d'immigration américains a qualifié d'"atrocités" les violences qu'elles avait subies. Il a pourtant rejeté sa demande d'asile, décision qui a été confirmée en appel.
La violence au foyer : un phénomène universel
Le rapport d'Amnesty International s'inscrit dans le cadre de sa campagne mondiale contre la torture. L'organisation y exhorte les gouvernements à protéger les femmes et les fillettes contre les actes de torture. Ceux d'entre eux qui ne prennent aucune mesure pour les protéger contre la violence, qu'elle soit exercée au foyer ou au sein de la collectivité, ont leur part de responsabilité dans la torture et les autres formes de mauvais traitements qu'elles subissent.
"Aux termes du droit international, les Etats sont tenus d'interdire et de prévenir la torture, et ils doivent prendre des mesures contre ces violences en toute circonstance. Or, bien trop souvent, loin de fournir une protection suffisante aux femmes, les gouvernements se sont rendus complices de ces exactions, les ont dissimulées et cautionnées. Ils ont laissé la situation se perpétuer."
La violence au foyer est un phénomène universel. Les statistiques de la Banque mondiale montrent qu'au moins 20% des femmes dans le monde ont été victimes de violences physiques ou d'agressions sexuelles. Selon des rapports officiels publiés aux Etats-Unis, une femme est battue toutes les 15 secondes et 700.000 sont violées chaque année. En Inde, plus de 40% des femmes mariées ont affirmé être giflées, frappées à coups de pied ou agressées sexuellement pour divers motifs, par exemple parce que leur mari est mécontent de leur cuisine ou de la tenue du ménage, ou parce qu'il est jaloux. En Egypte, 35% des femmes ont déclaré que leur mari les battait.
Des "crimes d'honneur" signalés dans plusieurs pays arabes
Certains groupes de femmes, particulièrement exposés à la torture et aux mauvais traitements, font l'objet d'une discrimination aux multiples facettes. Ces femmes sont torturées non seulement en raison de leur sexe, mais aussi du fait de leur race, de leur origine ethnique, de leurs préférences sexuelles, de leur situation sociale, de leur classe et de leur âge.
Les employées de maison, ressortissantes étrangères pour la plupart, sont souvent maltraitées par leurs employeurs. Elles peuvent rarement obtenir réparation du fait de leur situation d'immigrées.
Nasiroh, une jeune indonésienne, est partie travailler en Arabie saoudite en 1993. Elle a déclaré à Amnesty qu'elle avait été agressée sexuellement par son employeur, puis accusée à tort de l'avoir tué. Elle affirme aussi avoir été torturée et soumise à des violences sexuelles par des policiers pendant sa détention au secret qui a duré deux ans. Aucun représentant de son ambassade n'est jamais venu la voir. Son procès a été tellement expéditif qu'elle ne savait même pas qu'elle avait été condamnée. Elle ne sait toujours pas quel est le "crime" qui lui a valu de passer cinq ans en prison.
Des "crimes d'honneur", qui vont jusqu'à la torture et l'homicide, sont signalés dans plusieurs pays, dont l'Irak, la Jordanie, le Pakistan et la Turquie. Des femmes et des fillettes de tout âge sont accusées d'avoir, de par leur comportement, déshonoré leur famille et leur communauté. Cette inconduite peut aller du simple bavardage avec un voisin de l'autre sexe aux relations sexuelles en dehors du mariage. La simple impression qu'une femme a porté atteinte à l'honneur de la famille peut conduire à la torture ou à d'autres mauvais traitements.
Des femmes achetées ou vendues
Les femmes qui ont été achetées et vendues à des fins de travail forcé, d'exploitation sexuelle ou de mariage forcé sont également exposées à la torture. Après la drogue et les armes, la traite des êtres humains constitue la troisième source de profit pour le crime organisé international. Les femmes qui en sont victimes sont particulièrement vulnérables aux violences physiques, notamment au viol, à l'enfermement illicite, à la confiscation de leurs papiers d'identité et à l'esclavage.
Dans les conflits armés, les femmes sont souvent victimes de torture en raison de leur rôle d'éducatrices et en tant que symboles de leur communauté. Ainsi, pendant le génocide perpétré au Rwanda en 1994 et le conflit en ex-Yougoslavie, des femmes tutsi, musulmanes, serbes, croates et kosovares ont été torturées parce qu'elles appartenaient à un groupe ethnique, national ou religieux particulier.
Les femmes qui ont été victimes de torture peuvent rencontrer de nombreux obstacles lorsqu'elles tentent d'obtenir réparation, notamment : l'indifférence de la police, l'absence de dispositions pertinentes dans la législation pénale, les partis pris sexistes dans le système judiciaire et les procédures pénales nuisant à l'équité des poursuites.
Lorsqu'elle avait quinze ans, Mme G. a été troquée par ses parents qui l'ont donnée comme épouse à un voisin afin qu'il les aide à rembourser un emprunt contracté pour leur ferme, au Salvador. Son mari avait l'habitude de la violer et de la battre, au point qu'elle a dû être hospitalisée. Mme G. s'est rendue deux fois à la police pour demander une protection, mais les policiers ont déclaré qu'il s'agissait d'un problème personnel. À l'âge de vingt ans, elle a pris la fuite en compagnie de ses deux enfants, mais ses parents et son mari l'ont retrouvée, et ce dernier l'a frappée à coups de bâton tandis que sa mère la tenait immobilisée. Mme G. s'est alors enfuie aux Etats-Unis, où elle a déposé une demande d'asile, mais elle a été informée qu'elle serait rapatriée dans son pays.
Dans certains pays, les femmes ne sont pas autorisées à comparaître en justice
Dans de nombreuses régions du monde, la police s'abstient régulièrement d'enquêter sur les cas de violence allégués par les femmes et les renvoient souvent à leur triste sort au lieu d'enregistrer leur plainte. Une étude menée en Thaïlande a montré que la police leur conseille généralement de se réconcilier avec leur partenaire et qu'elles doivent souvent acheter les policiers pour qu'ils engagent des poursuites. Seuls 27 pays sont dotés de dispositions législatives contre le viol conjugal.
Au Pakistan, les femmes victimes de viol qui ne parviennent pas à prouver qu'elles n'étaient pas consentantes peuvent être elles-mêmes accusées de zina (fornication), crime puni de mort par lapidation, ou de flagellation en public. Dans certains pays, les femmes ne sont pas autorisées à comparaître en justice : ce sont les hommes de leur famille qui sont censés représenter leurs intérêts. En Arabie saoudite, les femmes qui sortent de chez elles pour demander l'aide de la police risquent une arrestation pour s'être montrées en public sans être accompagnées par un parent de sexe masculin.
"Il est grand temps pour les gouvernements de reconnaître que la violence exercée au foyer et dans la communauté n'est pas une affaire privée, mais qu'elle met en jeu la responsabilité des Etats. Les normes internationales indiquent clairement que les Etats sont tenus de s'assurer que nul n'est soumis à la torture ou à d'autres mauvais traitements, quels que soient leur auteur ou leur contexte", indique Amnesty. "En ne tenant pas compte de cette obligation, ils partagent la responsabilité des souffrances qu'ils n'ont pas empêchées."
Sources : Amnesty International, Québec, mars 2001.
dimanche 17 août 2008
Come In, Kehr' Ein Bei Mir - Anne Clark
Découvrez Anne Clark!
Come In, Kehr' Ein Bei Mir Lyrics
You are tranquility and gentle peace You are desire and what satifies desire I dedicate to you, full of joy and pain my eye and heart as your dwelling place Come in and close the gates quietly behind you.
Drive out all other grief from my breast! Let my heart be full of your joy The cover of my eyes is lit by your glow alone Oh, fill it quite! |
Anne Clark
samedi 16 août 2008
Solidarité féministe, collectif marche de nuit prochaine réunion
“Le 14 juin 2008, à Paris, nous étions 500 filles, femmes, lesbiennes et féministes à marcher de la mairie du XIXe arrondissement à la place Jean-Jaurès pour dénoncer les violences masculines. Nous avons scandé des slogans, mais aussi chanté, jonglé avec du feu, peint sur les trottoirs et, à la fin, fait un grand cercle symbolisant notre solidarité.
Remplies de cette énergie, nous ne nous arrêtons pas là : le collectif Marche de nuit 2008 continue !
La prochaine réunion aura lieu le mercredi 3 septembre à la Maison des femmes de Paris.”
Vous pouvez les contacter à l’adresse suivante : marchedenuit2008@gmail.com
Non mixité, autonomie,
pour construire nos utopies!
Mujeres unidas,
Jamas seran vencidas
Lesbianas, unidas,
Jamas seran vencidas
The women, united,
Will never be defeated
Women unite, fight for your rights!
vendredi 15 août 2008
L’homosexualité chez les animaux
L’homosexualité chez les animaux
Par Delphine, étudiante en biologie lu sur http://www.ethologie.info/info.php
N’en déplaise à certains et certaines qui prétendent que l’homosexualité n’est qu’une anomalie de la nature et une perversion, il existe dans le règne animal de nombreux exemples qui tendent à nous montrer que cette pratique est toutefois naturelle.
Non je ne vous parlerais pas du phoque, qui malgré l’adage populaire : « Pédé comme un phoque » ne semble pas, malgré une sexualité précoce, montrer des signes d’activité homosexuelle.
Commençons par le dauphin, charmant Flipper qui réjouissait nos yeux de ses aventures et de ses prouesses à se faire comprendre du genre humain par des petits cris stridents. Et bien oui, ce même Flipper, comme certains de ces congénères vivant en captivité, a fait l’observation de rapports homosexuels. De là à passer ces aventures sous la signalétique "Interdit au moins de 12 ans", il n’y a qu’un pas que les prudes censeurs américains pourraient franchir.
Beaucoup plus proche de nous sur l’arbre de l’évolution, on trouve les bonobos, sous espèce de chimpanzés aux moeurs sexuelles tellement libérées qu’ils seraient capables de faire rougir une spécialiste de la libération de semence mâle. Ces charmants petits primates comptent environ 100 000 membres dans leur communauté. Dès leurs découvertes, de nombreux scientifiques, lubriques autant que curieux, se mirent à les étudier. Un scientifique, Frans de Wal, a noté leur intérêt pour les jeux érotiques et la fréquences de leurs rapports sexuels (envieux le scientifique ?).
Notez la précison des notes du Monsieur : « Entre mâles, les schémas allaient de montes rapides par-derrière à des embrassades excitées face à face accompagnées de brandissements et de frottements de pénis" de plus, il note que "A l’état sauvage, comme en captivité, les bonobos femelles ont des contacts sexuels intenses entre elles ».
Mais les mammifères ne sont pas les seuls représentants de la gay attitude de mère Nature, les lézards du genre Cnemidophorus sont très intéressants à de nombreux égards. En effet, cette espèce (peut être représentative du futur du genre humain) ne possède plus de mâles. Et pourtant, l’espèce perdure. Par quels mécanismes me direz vous ? La parthénogénèse : reproduction sexuée sans fécondation. Mais si les demoiselles n’ont plus besoin de ces messieurs pour assurer leur retraite, leur ovulation se doit tout de même d’être "excitée" par un accouplement. Rien de plus simple pour ces lézardes inventives, qui se travestissent chacune leur tour pour aider leur copine à fabriquer ses petits oeufs.
D’autres exemples peuplent notre planète, alors à tous ceux qui pensent que tout ça n’est pas naturel...
Pour les plus intéressés : La vie amoureuse et érotique des animaux de Sparks John (Edition Belfond, 1978)
*Source :http://www.ethologie.info/revue/spip.php ?article60
jeudi 14 août 2008
Le verbe être
Le Verbe Être
Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C’est le désespoir et ce n’est pas le retour d’une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n’est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C’est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n’a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C’est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l’existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n’en parlons pas. Nous n’avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l’abat-jour vers quatre heures, je désespère de l’éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d’haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s’il est mort. Je vis de ce désespoir qui m’enchante. J’aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l’heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c’est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L’air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C’est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d’un désespoir pareil ! Au feu ! Ah ! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable ! Dans ses grandes lignes le désespoir n’a pas d’importance. C’est une corvée d’arbres qui va encore faire une forêt, c’est une corvée d’étoiles qui va encore faire un jour de moins, c’est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.
André Breton
Extrait de "Le révolver à cheveux blanc" Poésie/Gallimard.
mardi 12 août 2008
Le monde a toujours ses douleurs... Barbara [Boltanski]
Le monde a toujours ses douleurs, ses déchirures, ses violences, mais jamais je n'ai senti les gens fragilisés, égarés comme aujourd'hui.
Bien sûr, il y a des miracles dans cette déchirure, il y a la poignée d'Arafat et de Rabin, que je ne pensais pas voir de mon vivant. mais le quotidien, autour de nous, est accablant...
Devant l'intolérance, devant l'exclusion, devant notre impuissance, c'est vrai qu'il y a des jours où j'ai honte d'exister.
mercredi 6 août 2008
Conséquences psychiques et physiques de la prostitution par Judith Trinquart
Conséquences psychiques et physiques de la prostitution
article publié le 23/10/2002
auteur-e(s) : Trinquart Judith
Les conséquences psychiques et physiques de la situation prostitutionnelle sont très graves pour la personne prostituée et ne se distinguent pas à la base des conséquences de la traite. Il est très important de noter également que le lien entre antécédents de violences sexuelles ) et entrée en prostitution est très fort : selon différentes sources, entre 80 et 95% des personnes prostituées présenteraient de tels antécédents. L’article de Judith Trinquart, médecin, propose des solutions pour une prise en charge efficace et appropriée des personnes prostituées.
Conséquences psychiques et physiques de la situation prostitutionnelle – Implications en termes de prise en charge socio-sanitaire
Cconséquences psychiques
Les conséquences psychiques de la situation prostitutionnelle se manifestent par des troubles psychiques de types dissociatif, c’est-à-dire un véritable clivage ou dissociation psychique entre la personnalité prostituée et la personnalité « privée » de la personne prostituée, constituant l’aspect psychique de la décorporalisation.
Ce clivage est un mécanisme de défense psychique contre les agressions et violences vécues dans la situation prostitutionnelle ; la première de ces violences est de subir des rapports sexuels non désirés de manière répétitive.
Les notions fondamentales en matière de sexualité sont celles de désir, de plaisir et de partage, conséquent de la bilatéralité de la relation. Dans la situation prostitutionnelle, ces notions se trouvent complètement perverties, et la notion de bilatéralité de l’échange disparaît totalement. La situation prostitutionnelle n’est donc pas un échange ou une relation à caractère humain, pas plus qu’une forme de sexualité.
Le fait de subir ces rapports sexuels de manière répétitive et non désirée entraîne une dissociation psychique afin de pouvoir départager les deux univers de la personne, et surtout protéger le domaine privé des atteintes vécues dans le domaine prostitutionnel en se coupant de ce qui est éprouvé dans ce dernier. Celui-ci est totalement factice : c’est une situation simulant une relation humaine mais où tout est artificiel ; les sentiments et les émotions n’existent pas, ils sont refoulés car considérés comme des obstacles par l’acheteur de services sexuels. L’absence de tout affect humain (autre que négatif, tel que mépris de la personnalité, déni de ses désirs, ignorance de son identité humaine, assimilation à un objet sexuel totalement soumis, en résumé tout ce qui fait le caractère humain unique d’une personne est nié et doit disparaître au bénéfice du rapport strictement commercial) est extrêmement destructeur pour toute personne vivant cette situation.
Une étude américaine faite dans 5 pays (USA, Zambie, Turquie, Afrique du Sud et Thaïlande) auprès de personnes prostituées a montré la présence de troubles psychiques (dont fait partie la dissociation psychique) analogues à ceux diagnostiqués chez les vétérans de la guerre du Vietnam, chez 67% de ces personnes prostituées : c’est ce que l’on appelle le PTSD (Post Traumatic Stress Disorder), dans lequel peut s’intégrer une décorporalisation.
Conséquences physiques
La dissociation existant sur le plan psychique va se manifester aussi sur le plan physique, car on ne peut dissocier de manière contrôlée le ressenti physique de ce qui se passe dans la tête de la personne ; ces troubles perturbent le fonctionnement de la sensibilité corporelle des personnes prostituées, et sont aussi un mécanisme de défense : ne plus ressentir physiquement ce qui n’est pas désiré.
Les manifestations physiques essentielles vont être des troubles de la sensibilité nociceptive (ou coenesthésique), c’est – à –dire de la sensibilité à la douleur et aux sensations tactiles (du toucher), dus à la dissociation « tête – corps », non – organiques.
Seuil de tolérance à la douleur supérieur à la moyenne et très élevé. Elles sont capables de supporter des douleurs nettement supérieures à celles que peut tolérer la population moyenne. Tolérance importante de symptômes d’alerte ou inquiétants.
Hypoesthésie. Sensibilité tactile et à la douleur inférieure à celle de la population moyenne d’une manière diffuse et générale.
Anesthésie. Plus la situation prostitutionnelle se prolonge dans le temps, plus l’hypoesthésie va se transformer en anesthésie.
Troubles de la sexualité : elle est tronquée, dysfonctionnelle, ou absente. Les subterfuges utilisés pour se protéger des sensations physiques liées à la relation sexuelle dans la situation prostitutionnelle « contaminent » la vie privée, et détruisent la qualité des relations sexuelles privées que ces personnes peuvent avoir.
Il est très important de bien comprendre la signification de l’ensemble de ces symptômes, non seulement sur le plan médical, mais aussi relationnel, social, psychologique et humain d’une manière générale :
Sur le plan médical, toute tentative de proposer des structures ou des actions de soins comme on le fait pour la population générale est vouée à l’échec : n’ayant plus la possession pleine et entière de leur propre corps, le concept même de soin n’évoque rien par rapport à un objet ou un instrument ; le soin se donne à un être vivant. Si le concept de corps dynamique et sujet disparaît, les concepts de soin et de santé disparaissent également. Ce qui n’est plus symbolisé n’est plus réel. L’absence de soins médicaux notamment, découlant de l’auto-négligence corporelle, se fait ressentir de façon importante dans l’évaluation de l’état de santé des personnes prostituées (données françaises, mais résultats similaires dans d’autres pays européens et les USA) :
D’ordre gynécologique : peu ou pas de suivi, de surveillance ou de dépistage pour les MST (dont le sida), pour les cancers gynécologiques, pour les problèmes péri – ménopausiques, pour la contraception, pour les grossesses,….
D’ordre infectieux : mauvaise prise en charge des problèmes infectieux en général (broncho – pulmonaires, ORL, cutanés, …).
D’ordre traumatique : conséquences physiques et psychiques des violences corporelles et sexuelles (coups à mains nues, avec objets contondants, blessures par armes blanches, viols par les proxénètes et les acheteurs) dans la prostitution et la traite, et des violences verbales (menaces, injures,…).
D’ordre psychologique : prise en charge inexistante des conséquences d’antécédents de violences sexuelles et familiales (80% à 95%des personnes prostituées auraient de tels antécédents, selon les enquêtes réalisées sur le sujet), et des conséquences de la pratique prostitutionnelle : dépressions, angoisse, phobies,…aggravant la négligence à prendre soin de son corps et de sa santé.
Aggravation de troubles ou de maladies à composante psychosomatique : dermatoses (eczéma, psoriasis), gastropathies (ulcère gastrique ou duodénal, reflux gastro –oesophagien), problèmes rhumatismaux.
D’ordre addicitf (toxicomanies) : aux drogues dures, aux psychotropes, à l’alcool. Si la toxicomanie peut être primaire, elle est aussi souvent secondaire ou maintenue par la pratique prostitutionnelle, car les personnes prostituées expliquent que cela les aide à supporter leur activité de prostitution et les effractions sexuelles à répétition.
Mauvais suivi en général sur le plan de la santé : réduction quantitative et qualitative des soins de santé.
Ce dernier résulte pour une part des difficultés matérielles et pratiques d’accès aux soins (problème de couverture sociale, problèmes de titres de séjour et de papiers d’identité, problèmes d’inadéquation du personnel et des lieux de soins, problème de stigmatisation sociale) qui sont bien réelles mais dont l’importance a toujours été grossie par rapport à l’autre facteur, plus difficile à identifier : la décorporalisation due à la pratique prostitutionnelle, qui est une perte de la possession pleine et entière de son propre corps, et qui se manifeste par les symptômes psychiques et physiques décrits ci-dessus. La douleur et le ressenti physique ayant disparu, le symptôme n’existe plus lui non plus. Il n’est pas ressenti, et les personnes ne vont plus se faire soigner, parvenant à des états de santé dramatiques avec des maladies très évoluées.
Toutes ces conséquences physiques médicales sont aggravées par l’exercice de violences très graves dans le contexte de la traite des êtres humains, mais on ne peut faire de différence à la base entre les conséquences physiques de la prostitution et celles de la traite. Seule la forme se modifie, mais pas le fond.
La prostitution est le phénomène principal générateur de ces troubles, et la traite des Etres Humains à des fins d’exploitation sexuelle et la prostitution infantile n’en sont que des phénomènes secondaires. C’est l’existence d’un marché pour l’utilisation à caractère sexuel du corps humain qui rend possible les extensions de marché que représentent la traite et la prostitution enfantine. Les conséquences physiques et psychiques mentionnées dans cette intervention sont bien celles de la prostitution, même sans violence physique telles que coups ou blessures, même sans contrainte de proxénètisme ou violence verbale ou psychologique ; d’autres types de violences peuvent se surajouter. Mais encore une fois, la violence primordiale est celle de l’acte sexuel non désiré qui s’apparente à une violence sexuelle compensée par de l’argent.
Sur le plan humain et psychologique, toute relation suivie et vraie est difficile, voire quasiment inexistante. La dissociation et l’éloignement des affects et des sentiments pour se protéger rendent très difficile à construire une relation humaine nécessitant ces éléments. Il y a une ambivalence de la parole et un discours paradoxal, simplement parce que le psychisme est dissocié et la personnalité clivée ; il ne s’agit pas de mensonge ou de manipulation, mais d’alternance très rapide de temps et de lieux différents dans lesquels la parole ou le sens des mots n’ont pas la même valeur ou signification. La signification d’un moment et du lieu est toujours réelle pour la personne.
La constance et la permanence de l’écoute de cette parole sont donc indispensable pour construire une relation de confiance ; il faut savoir écouter tous les aspects d’une même parole pour pouvoir en retrouver le fil conducteur. Deux discours contradictoires chez une même personne prostituée ne sont pas révélateurs d’une simulation ou d’une dissimulation, mais d’une dissociation psychique provoquée par la situation prostitutionnelle.
Sur le plan social, toute action ou aide demande un investissement à long terme, avec présentation répétitive de l’offre d’aide ; le découpage psychique conduisant au découpage du temps et de l’espace en petites unités aléatoires rendent difficile un travail d’une traite, avec un suivi optimal des différentes phases dans l’ordre chronologique. Le travail social ne peut démarrer qu’au moment ou l’offre d’aide tombe dans le bon temps ; la chronologie peut être très désorganisée, le suivi chaotique. Il peut y avoir reprise répétitive d’un travail amorcé sans parvenir à dépasser un stade donné pendant un certain temps.
Liens avec les antécédents de violences sexuelles
Il est très important de noter également que le lien entre antécédents de violences sexuelles (inceste, pédophilie, viols quel que soit l’âge de la victime) et entrée en prostitution est très fort : selon différentes sources, entre 80 et 95% des personnes prostituées (de souche française, chiffre n’ontégrant pas les personnes victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle) présenteraient de tels antécédents.
Si on ne retrouve pas d’antécédents d’inceste et de pédophilie chez toutes les personnes prostituées, on retrouve dans tous les cas des antécédents de famille « déstructurée » avec une image du père très dévalorisée (souvent sur le versant violent) et une image maternelle inexistante ou inconsistante. La mère a un rôle favorisant dans la mauvaise image que l’enfant se constitue de lui-même ; on parle d’injonction maternelle consciente ou inconsciente, c’est-à-dire que c’est la mère elle- même qui place son enfant dans une position où il pense que sa seule valeur est celle d’objet monnayable.
Nous voyons donc une continuité entre ce qui se passe dans l’enfance et ce qui se poursuit dans la vie adulte : on ne devient pas prostituée brutalement, du jour au lendemain. Il n’y a pas une frontière nette entre l’enfance et l’âge adulte.
Les conséquences psychiques des violences sexuelles et de la prostitution sont similaires ; dans la prostitution, nous voyons apparaître en plus des troubles physiques liés à la permanence de la situation d’agression sexuelle.
Nous devons prendre en compte cette continuité des situations de violence sexuelle, et savoir que même lorsque nous ne voyons pas de contrainte directe (comme le proxénète ou les trafiquants), il existe des contraintes psychiques invisibles à l’œil nu, mais tout aussi efficaces. Ces contraintes invisibles mais pourtant réelles montrent que la position de certaines personnes qui considèrent qu’il existe une prostitution « volontaire » ou « libre » n’est pas réaliste.
Quelles solutions pour une prise en charge efficace et appropriée ?
La première chose pour stopper le processus de décorporalisation est l’arrêt de l’activité prostitutionnelle. Pour effectuer une réhabilitation médicale de la capacité et de l’autonomie de prise en charge sanitaire des personnes prostituées, on peut proposer :
Restauration de la parole de la personne prostituée : lieux d’écoute psychologique spécialisée avec des intervenants formés pour écouter et surtout comprendre la parole de ces personnes. L’idéal serait un suivi par un même et unique écoutant pour ne pas rajouter de la rupture dans un milieu où il y en a déjà suffisamment.
Dévictimation : La prise de la parole de la personne prostituée doit s’accompagner d’un processus de dévictimation, terme criminologique désignant l’accompagnement des personnes victimes de toutes formes de violences et traumatismes et leur permettant de passer de la place de victime à une place de personne active ayant réintégré son schéma et son image corporels. La réparation passe par la reconnaissance sociale, les soins, sans oublier la prévention de nouveaux cas de prostitution et la lutte contre les instances qui favorisent le développement de situations prostitutionnelles. Chaque étape de ce difficile parcours peut être l’occasion d’une survictimation (aggravation de la stigmatisation sociale et de situations imposées où la personne est considérée comme passive et non – décisionnaire). Un tel travail d’accompagnement et de soins ne peut se concevoir qu’en mobilisant un réseau d’intervenants variés : justice, psychiatres et psychologues, médecins, association de victimes ou service d’aide aux victimes ". La création notamment de groupes de paroles de survivantes de la prostitution pourrait constituer un bon support de dévictimation en permettant à leur parole de s’exprimer directement, plus librement, avec des possibilités d’être entendues sur la place publique.
Recorporalisation : (permet à la personne de se réapproprier son corps, d’être de nouveau à l’intérieur et en un seul « morceau ») : restauration de l’intégrité corporelle par des soins physiques appropriés, appelés thérapies à médiation corporelle :
soins kinésithérapeutiques permettant de recouvrer le fonctionnement du corps, de réintroduire les perceptions corporelles dans l’espace par des jeux sollicitant la sensibilité profonde et superficielle ; les massages, la fungothérapie peuvent également être utiles pour restaurer la sensibilité cutanée.
activités sportives en groupe, qui sollicite l’interaction de la personne avec les autres participants, la réintègre dans un vrai jeu social, permettant une communication corporelle.
Les activités comme le théâtre, la comédie dans un contexte thérapeutique (art- thérapie) peuvent aussi être intéressantes. Des expériences de théâtre ou de composition littéraire ont été menées par des écrivains et des acteurs auprès de petits groupes de personnes en situation d’exclusion, et les résultats avaient été très positifs, ces personnes se sentant capables, par les rôles ou l’écriture qu’on leur avait confiés, d’être autre chose que des corps passifs et exclus.
Ces propositions sont coûteuses en temps et en argent , mais elles sont incontournables et indispensables si on veut pouvoir réhabiliter physiquement les personnes prostituées.
En même temps que ce travail de recorporalisation, le bilan médical et les soins pourront être entrepris, ces mots pouvant de nouveau prendre un sens sur un corps qui se remet à exister par une image et un schéma corporels en restauration, les soins venant alors s’intégrer eux – mêmes à ce processus pour le favoriser.
L’ensemble de ces propositions thérapeutiques pourrait être mis en place dans le cadre d’un Centre de Victimologie, qui permettrai d’une part de ne pas stigmatiser ces personnes (ce type de centre accueillant des victimes de tout genre de violences), de mettre en pratique les récentes avancées françaises incluant la prostitution comme une violence à l’encontre des femmes, et d’autre part de réunir dans un même lieu toutes les phases du processus de restauration psychique et physique spécifique à ce type de violence afin de ne pas mettre en péril la cohésion et donc la réussite de ce processus. Les professionnels intervenant dans ce cadre pourraient bénéficier d’une formation appropriée et spécifique à la prise en charge des personnes survivantes de la prostitution ; enfin, ce type de processus permettrai de compléter de façon indispensable les actions de réduction de risques existant déjà à l’heure actuelle, mais qui ne suffisent pas à prendre en charge les problèmes spécifiques liés à la situation prostitutionnelle. 1
source : Attac France
Girls, Welcome in Huntsmen's Land!
Que les femmes en viennent à de telles pratiques, en arrivent à commettre des actes d'une telle barbarie sur leurs propres filles dans l'espoir qu'elle ne soient pas enceintes trop tôt...nous montre combien le corps féminin dès qu'il pointe le bout de ses seins devient une proie potentielle, nous confirme la prédation masculine, l'atteste!
Oui! Eduquer les hommes, cette pratique de repassage des seins, perpétrée par les femmes elles-mêmes, met en exergue le peu de foi, le peu d'espoir qu'elles ont dans le changement de comportement sexuel des mâles de l'espèce dite humaine!
Les femmes provoquent à leur corps défendant, elles sont tenues coupables d'attiser la libido malgré elles, leur innocence est châtiée dans la douleur.
Pourquoi ne repasse-t-on pas les testicules?
Voilà un bel exemple de l'absurde logique d'une societé viriarcale!... imposant ce cruel chatiment à ces petites filles coupables de devenir objet sexuellement identifiable!
La seule protection serait-elle l'automutilation?
Lors de ma première mammographie, j'ai appris que nombre de femmes exprimaient cette remarque "Cet appareil a été conçu par des hommes!... se souciant peu du désagréable de l'examen.
Alors je n'ose imaginer le calvaire de ces petites filles... qui vivent le sexisme libidineux dans leur chair meurtrie, "drôle" d'approche du désir masculin!
Girls, Welcome in Huntsmen's Land!