Halte au repassage des seins
Source : Courrier international, 819, 13 juil. 2006
par Etienne Tassé
Masser les seins des jeunes filles avec des objets chauffés ou non pour les résorber est une tradition au Cameroun : cette pratique peut avoir des conséquences dramatiques pour la santé des femmes.
Le réseau d’associations Renata, qui regroupe des filles mères, mène campagne contre le “repassage” des seins. “Cette pratique terriblement douloureuse et très répandue consiste à masser les seins des jeunes filles avec des objets chauffés ou non dans l’intention de les faire disparaître”, explique Bessem Ebanga, secrétaire exécutive du Renata. Selon une étude menée en décembre 2005 dans tout le pays par l’anthropologue Flavien Ndonko, du Programme germano-camerounais de santé/sida, à Yaoundé, 24 % des adolescentes, soit près d’une sur quatre, en sont victimes.
Ariane, 19 ans, qui vit à Yaoundé, se souvient encore d’avoir hurlé de douleur quand sa mère la séquestrait dans la chambre pour lui “repasser” les seins. “Elle les écrasait à l’aide d’une pierre chauffée en se protégeant les mains avec un chiffon. Je criais de toutes mes forces : ‘Non maman ! Ça fait mal ! Non ! Non !’” Malgré ses supplications, sa mère a continué le massage pendant deux mois. Elle avait alors 12 ans et ses parents voulaient ainsi étouffer le développement de sa poitrine et de sa féminité. Une sorte de lait s’est mis à couler de ses seins traumatisés. Pour échapper à cette épreuve, Ariane faisait des fugues, devenait de plus en plus rebelle, n’allait plus régulièrement à l’école. Ironie cruelle, elle a fini par tomber enceinte un an plus tard.
Le “repassage” des seins est une tradition qui se transmet de mère en fille. “Je l’ai appris de ma mère peu avant mon mariage, dans le cadre de l’éducation à la vie conjugale que toute mère donne à sa fille. Depuis, je l’applique à toutes mes filles”, confie Christine Ngatchou. Surprise d’apprendre que cette pratique est dangereuse, elle explique que le massage des seins qui poussent avant 14 ans fait partie du b.a.-ba de la bonne conduite que toute femme doit connaître avant d’arriver au mariage.
L’étude effectuée en 2005 montre que toutes sortes d’objets et de substances sont appliqués sur les seins pour les résorber, certains chauffés (pierre, spatule, pilon, herbes, peaux de banane), d’autres non (sel, pétrole, serre-seins, etc.). Mais le but des parents est toujours le même : faire disparaître la poitrine de l’adolescente afin qu’elle n’attire pas les garçons, qu’elle continue ses études et ne s’engage pas précocement dans des relations sexuelles au risque de tomber enceinte.
Cette pratique est non seulement douloureuse mais dangereuse. A partir de témoignages de femmes qui l’ont subie, l’enquête a révélé les affections et les maladies qu’elle peut provoquer : abcès, kystes, disparition totale de la poitrine, voire cancer. Ce massage peut provoquer une réaction inflammatoire. Le tissu mammaire durcit, entraînant le rétrécissement des seins et parfois la formation de nodules et de cellules cancéreuses. Géraldine Sirri a vu sa poitrine disparaître à la suite du “repassage”, pour reprendre son développement plus tard. Mais, après son accouchement, celle-ci s’est mise à gonfler au point de l’obliger à arrêter l’allaitement de son fils. “Il a fallu un traitement médical pour que mes seins retrouvent une taille acceptable”, souligne-t-elle.
source : http://www.peuplesmonde.com/article.php3?id_article=608
Girls, Welcome in Huntsmen's Land!
Que les femmes en viennent à de telles pratiques, en arrivent à commettre des actes d'une telle barbarie sur leurs propres filles dans l'espoir qu'elle ne soient pas enceintes trop tôt...nous montre combien le corps féminin dès qu'il pointe le bout de ses seins devient une proie potentielle, nous confirme la prédation masculine, l'atteste!
Oui! Eduquer les hommes, cette pratique de repassage des seins, perpétrée par les femmes elles-mêmes, met en exergue le peu de foi, le peu d'espoir qu'elles ont dans le changement de comportement sexuel des mâles de l'espèce dite humaine!
Les femmes provoquent à leur corps défendant, elles sont tenues coupables d'attiser la libido malgré elles, leur innocence est châtiée dans la douleur.
Pourquoi ne repasse-t-on pas les testicules?
Voilà un bel exemple de l'absurde logique d'une societé viriarcale!... imposant ce cruel chatiment à ces petites filles coupables de devenir objet sexuellement identifiable!
La seule protection serait-elle l'automutilation?
Lors de ma première mammographie, j'ai appris que nombre de femmes exprimaient cette remarque "Cet appareil a été conçu par des hommes!... se souciant peu du désagréable de l'examen.
Alors je n'ose imaginer le calvaire de ces petites filles... qui vivent le sexisme libidineux dans leur chair meurtrie, "drôle" d'approche du désir masculin!
Girls, Welcome in Huntsmen's Land!