vendredi 16 novembre 2007

Au pays des " Na " Une société matriarcale en voie de disparition par Francis

Au pays des " Na " Une société matriarcale en voie de disparition par Francis

Au pays des " Na "

Soumis par francis le Dim, 30/09/2007 sur http://www.segoleneparis.fr/node/3902

Une société matriarcale en voie de disparition

Les Moso sont une ethnie du sud-ouest de la Chine, à la frontière des provinces du Yunnan et du Sichuan, sur les contreforts de l’Himalaya, à proximité de la frontière avec le Xizang, la région autonome du Tibet. Les Moso constituent un sous-ensemble de l’ethnie Naxi. Le terme "Moso" désignait anciennement tous les Naxi ; il est maintenant repris par un sous-groupe, essentiellement les habitants de Yongning et des bords du lac Lugu, qui souhaitent souligner les différences entre eux et les Naxi de la ville de Lijiang et des environs. Les ethnologues préfèrent l’appellation "Na" pour l’ensemble des populations qui utilisent pour autonyme la syllabe "Na" ; cette appellation recouvre les "Naxi" de Lijiang et les "Moso" de Yongning et du lac Lugu. Ainsi, un livre (en français) consacré aux coutumes des "Moso" est intitulé "Une société sans père ni mari : les Na de Chine".

Cette petite ethnie de 30 000 habitants a longtemps préservé des traditions et des rites particuliers.

Traditionnellement, il n’existait pas de mariage, et les enfants demeuraient toute leur vie dans la maison de leur mère. Cela a valu à la région l’intérêt de nombreux ethnologues, et d’abondantes publications. Actuellement, les mariages sont de plus en plus nombreux, sous l’influence du modèle social chinois, véhiculé par les média, l’éducation (dispensée en chinois mandarin), et une propagande active en faveur du mariage.

Les mères sont les piliers de la société. Seule l’ascendance féminine est prise en compte et la transmission du nom comme des biens est exclusivement féminine. La notion de père n’est pas inexistante (il existe un mot pour "père"), mais elle est très marginale. Les hommes et les femmes ne vivent pas en couple mais chacun dans sa famille d’origine. Les couples d’amoureux se retrouvent discrètement le soir (au domicile de la femme). Le tabou de l’inceste est particulièrement strict, en particulier entre frères et sœurs (qui logent sous le même toit et se partagent les tâches de la maisonnée). Les liaisons se nouent et se dénouent sans contraintes sociales (même si elles s’accompagnent à l’occasion d’une collaboration privilégiée entre les familles concernées, lors des travaux des champs par exemple). Sans mariage ni infidélité, ce système exclut si radicalement la possession que la jalousie en devient honteuse.

Le partage des tâches entre hommes et femmes est réglé avec précision, mais d’une façon qui varie beaucoup d’une localité à l’autre (les coutumes au bord du lac Lugu ne sont pas exactement les mêmes que dans la plaine de Yongning voisine). Au lac Lugu, les femmes en groupe assurent l’essentiel du travail pour la subsistance quotidienne.

Les enfants sont élevés par les oncles de la mère qui remplacent le père et ils ont de l’affection pour eux comme un père. Les femmes sont fières de leur position sociale et en riant, expliquent que les hommes dans la journée doivent se reposer pour être plus vaillants dans leur lit la nuit durant. Certaines femmes disent demeurer attachées au maintien de ce mode de vie car elles estiment ne vivre avec leur compagnon que des moments d’amour et de sentiments partagés sans que les questions pratiques (du quotidien, de la famille...) s’immiscent dans cette relation. Les aspects matériels, les questions de propriété, les aspects de l’éducation des enfants, tous les sujets dont débattent nécessairement les couples qui vivent ensemble, n’ont qu’une importance secondaire dans la relation entre amants du peuple moso. Il n’y a pas de relations amoureuses (et encore moins de mariages) arrangés ou pire, forcés. Ils se sont choisis et lorsque l’homme se languit d’une compagne, il va la voir.

La mère a un rôle de premier plan dans la famille, ce qui a pu faire dire qu’il s’agissait d’une société "matriarcale" où la mère est chef de famille ; en réalité, les frères et sœurs gèrent ensemble les affaires de la famille (les aînés ayant plus d’autorité que les cadets) ; d’une famille à l’autre, ce peut être un frère ou une sœur qui a le plus d’influence. Une femme âgée prépare une de ses filles à sa succession ; il est indispensable qu’une fille lui succède, car si elle n’a que des descendants de sexe masculin, leurs enfants habiteront la maison de leurs mères respectives et la maisonnée privée de descendants s’éteindra. Il n’y a pas de partage du patrimoine à sa mort. La propriété familiale reste la même de générations en générations.

A l’heure actuelle, le système familial décrit ci-dessus est en mutation, et de nombreux villages (dont ceux de la plaine de Yongning) rejoignent rapidement le modèle chinois dominant, celui du mariage, où l’épouse rejoint la maisonnée de l’époux.

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