Le gauchiste est-il asocial ? par CSP
Le gauchiste est-il asocial ?
"Étude de cas : moi-même. Puisqu’il m’est régulièrement reproché d’être : intolérant, sectaire, borné, fanatique, étroit, psychorigide, en un mot : con. Je tiens à préciser la chose suivante : tout ça est parfaitement exact. J’insiste. Je suis en effet tout cela, et d’autres choses encore...
Et non seulement je suis un gauchiste archaïque et donneur de leçons (et fier de l’être. Et même que ça ne s’arrange pas avec l’âge...) en matière politique, mais je pousse le vice jusqu’à appliquer cette étroitesse d’esprit et cette intolérance dans mon relationnel immédiat. En clair : je fréquente d’abord et avant tout des gens qui sont d’accord avec moi. C’est à dire de gauche.
La vraie gauche, évidemment : je n’ai aucune relation avec des strausskahniens et autres sociaux-libéraux, même de loin. Je n’en connais pas, et ne souhaite pas en connaître, pas plus qu’en rencontrer. Les quelques spécimens que je "croise" sur Internet me crispent assez comme ça : je n’ai pas de temps à perdre avec des gens pareils (de plus, dans la catégorie "donneurs de leçons infatués d’eux-mêmes", ils me surpassent de trèèèèès loin, ceux-là...).
Et bien évidemment, je ne fréquente personne de droite. Beurk. Pouah. Beuuuh, rien que d’y penser...Quelle horreur. Qu’ai-je à dire à ces gens ? Qu’avons-nous à partager ? Rien. Nous n’avons rien à nous dire. Et je refuse de discuter, de "dialoguer", d’avoir des "débats citoyens" (cette foutaise des "débats citoyens"...) avec des personnes aussi diamétralement opposées à mes convictions.
Puisque, précisément, ce dont je suis en train de parler, c’est rien moins que de mettre ses convictions en actes ; et y compris dans sa vie de tout les jours. Et quand on a des convictions, quand on croit, ne serait-ce qu’un minimum, à ce qu’on pense et à ce qu’on fait, on est pas sympa. On est pas cool. On fait pas de l’amélipoulisme. En un mot, on refuse le consensus, cette saloperie idéologique dont il faudra bien un jour se rendre compte qu’il n’est que la grimace veule de la domination, puisque sont but n’est que de déconflictualiser les rapports sociaux, en faisant croire qu’on peut être d’accord avec tout le monde...
Ce qui au final ne fait que le jeu de la domination, qui voit ainsi sa contestation diluée dans ce gloubiboulga "citoyen" et "responsable". Quand on a des convictions, on est pas consensuel. On ne cherche pas à se faire des copains à tout prix. On exclut, on excommunie, on rejette, on fait le tri.
Par exemple, si je me dis anticapitaliste, je ne vais pas avoir d’amis qui sont dans la finance : c’est une question de cohérence. Pas plus dans le marketing, la comm’ ou la publicité, ces boulots de parasites qui vendent du vent et dont la fonction principale est de lisser la violence de la domination de classe, et de son corollaire, l’exploitation. Hors de question, je le répète, hors de question de frayer avec ces collaborateurs d’un système d’oppression, qui gagnent leur vie en chantant ses louanges !
Alors bien sûr, je vous vois venir. Vous allez me dire : "oui mais y’a des gens sympas partout ! Même dans ces milieux là ! Moi-même, j’ai un(e) ami(e) qui travaille dans la pub/le commerce/la comm’/le design, et c’est quelqu’un de très bien ! En plus, il/elle a voté Besancenot ! ’Tain, faut pas être con comme ça !" Moui... Et vous savez quoi ? Vous avez raison. Il y’a des gens sympas partout, dans tous les milieux. Sisi, c’est vrai. Je ne peux parler qu’en mon nom propre. Mais personnellement, j’ai fait des choix, et je m’y tiendrai. Et ces choix sont radicaux ; je les assume comme tels.
Alors, le gauchiste est-il asocial ? Oui et non. Et il y’a suffisamment de gens à gauche, qui partagent mes idées, et travaillent dans le social, l’éducation, la santé, la culture...pour que je ne me sente pas seul du tout. Et peut-être, peut-être... Qu’à gauche, on gagnerait beaucoup à ne plus être dans cette culture sirupeuse du compromis...Du "tout le monde a raison, quelque part, tu’ois...". Que se donner les moyens d’une reconquête ne passe pas par "l’ouverture d’esprit", mais bel et bien par le verrouillage des certitudes ; on avance pas en se demandant sans arrêt si on a raison de penser ce qu’on pense et d’être ce qu’on est... Peut-être même que si on veut "redevenir durs", il faudra bien se décider à fracasser l’idéologie du consensus. "Redevenir bornés", en somme."
Écrit dans une fureur enthousiaste par comité-de-salut-public à l’adresse :http://comite-de-salut-public.blogspot.com
1 commentaire:
ça fait réfléchir ce genre de texte même si c'est compliqué parfois ^^
merci en tous cas
jvvlee
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