dimanche 7 septembre 2008

Sororité par Clémentine Autain

Sororité

La chronique de Clémentine Autain

source : http://www.humanite.fr/2000-10-26_Tribune-libre_Sororite

Chaque jour, au détour d’un mur ou d’une page, on peut croiser la devise républicaine, héritée de la Révolution française : " Liberté, égalité, fraternité ". Rappel aux valeurs fondamentales des droits de l’homme, il résonne en chacun-e avec la force de l’évidence. Si la référence à la liberté et à l’égalité souffle les contours d’un projet politique avant-gardiste, qui, si elle résiste aux tentatives de détournements de fond, conserve pertinence et actualité, celle de fraternité mérite un réexamen. L’idéologie libérale tend à détourner la notion de liberté. Niant les contraintes socio-économiques et valorisant l’idée que " chacun est libre " a priori, comme s’il suffisait de le déclarer, le système libéral fait de la liberté son faire-valoir. À des fins marchandes, il récupère, par exemple, l’imagerie et les idéaux des mouvements issus de Mai 68 qui ont fait rêver toute une génération.

La notion d’égalité, valeur par excellence de la gauche (de gauche), est également souvent dévoyée. Promouvoir l’égalité, c’est lutter contre les inégalités sociales et toutes les formes de discrimination, qu’elles soient fondées sur le sexe, l’origine, la sexualité ou encore le handicap. L’idéologie dominante tend à créer volontairement une confusion entre égalité et identité, agitant le spectre d’une société d’êtres uniformes. Dès lors, promouvoir une société fondée sur la valeur d’égalité reviendrait à souhaiter que tous les êtres humains deviennent identiques. Ce serait oublier que l’inverse de l’égalité, c’est l’inégalité, et que le contraire de l’identique, c’est la différence. L’égalité ne vise donc pas à bannir les différences, mais à permettre à chacun-e de s’épanouir.

Difficile en revanche de brandir fièrement l’étendard de la fraternité ! Issue de la Révolution de 1789 qui a promu l’universel masculin, la fraternité est d’abord une notion masculine. Comme le masculin n’est pas neutre, il serait plus judicieux de se référer collectivement à un terme plus universel. Sinon, quid de la " sororité " ? La fraternité pêche également par sa référence à la consanguinité, évoquant le droit du sang, contraire à une conception progressiste de la nation. Enfin, la référence à la famille est pour le moins gênante : la nation n’est pas une excroissance de la famille, tout comme la famille ne doit pas être pensée comme la cellule de base de la société ! Triplement condamnable, la fraternité a-t-elle toute sa place dans la devise de la République ? Pourquoi ne pas lui préférer la " solidarité ", qui est sous-entendue dans la fraternité, mais ne tombe dans aucuns de ces écueils ? Sororité, mes frères !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je dirais "liberté égalité solidarité justice" ^^parce que solidarité sans justice ça peut être aider n'importe qui ^^solidarité avec qui??

Tu peux pas savoir ce qui m'énerve ce terme fraternité pas seulement pour les liens du sang à déplorer ou l'universel masculin mais parce qu'aussi la solidarité masculine face à la division féminine bonjour les dégâts....

Anonyme a dit…

jvvlee