lundi 23 juin 2008

Des mots qui font mal

Des mots qui font mal
par M-J. G.
source : Libération
vendredi 16 mai 2008


«Sale gouine», «Tu broutes le gazon ?», «Si t’es gouine, c’est que t’as jamais couché avec le bon mec : viens, je vais te montrer». Voilà le genre de provocations que les lesbiennes entendent, le plus souvent dans la rue. Les couples lesbiens font fantasmer. Des passants leur proposent tout de go des parties à trois ; des propriétaires leur adressent des photos de cul, comme si lesbienne et porno, ça marchait forcément ensemble. L’autre versant de la lesbophobie, «c’est le déni», souligne Pauline Londeix, vice-présidente d’Act-Up Paris, auteur du Manifeste lesbien (1). Pour beaucoup, deux femmes qui marchent ensemble dans la rue sont forcément copines, asexuées, invisibles en tant que lesbiennes. «Qu’est-ce que tu as fait de ton homme?» interroge une femme qui reçoit pour la première fois une collègue de travail et s’étonne de la voir arriver seule. «Je t’aime beaucoup mais je ne te comprends pas», dit une ado à sa copine lesbienne. «Je préférerais que tu aies le sida plutôt que tu sois lesbienne», tacle une mère.



(1) Le manifeste lesbien, éditions L’Altiplano, avril 2008, 160 pages.

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