A propos de l’Appel à une Marche de nuit non mixte contre la violence le 14 juin 2008
mercredi 7 mai 2008 par ResistingWomen.Net , E-Leon’e
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- L’Appel, p1
L’intérêt premier du document présenté ci-après, d’un point de vue historique, est sa volonté d’articulation critique entre violences masculines et nouvelles politiques sécuritaires et racistes, par des féministes et lesbiennes de diverses origines mouvementistes... non par des marges féministes et antiracistes ostracisées, « Indigènes de la République » et autres intellectuels et militants vilipendés sous le nom infâmant d’« islamo-gauchistes » (et dont des analyses similaires ont depuis leur naissance été décriées... violemment... par les "féministes historiques", dit aussi maintenant parfois "féminisme d’Etat", justement). Ce texte en effet produit une double dénonciation : les violences sexistes ne peuvent se penser désormais sans lien au racisme actuel et à la mise à l’index des étrangers par un système patriarcal dominant qui s’autolégitime en reprochant notamment aux "cultures" des "étrangers" d’être antiféministes par "nature" et seules porteuses des violences faites aux femmes. Cet appel fait directement écho en cela aux textes produits par les Italiennes lors de leur Marche romaine du 25 novembre 2007, traduits sur ce site en français (notamment le texte "25 novembre tous les jours !"). Un nouveau féminisme de gauche semblerait en train de naître... Renouveau générationnel pour un féminisme antitotalitaire en évolution, totalement ancré, et même plus que jamais, dans les problématiques de société actuelles ?
Ensuite, pour pinailler un peu tout de même, faut-il s’interroger sur la forme même de l’initiative. Elle a quelque chose de poétique et paradoxal en même temps. Non pas tant à cause du « romantisme » de la nuit, qui renverrait aux peurs et solitudes comme aux rapprochements intimes, à l’obscurité infernale et aux froides étoiles... L’initiative, bien sûr, n’est pas sans lien éventuellement à une critique de ce romantisme, qui évoque une relation homme-femme codée, modélisée, désirée parfois, mais impossible plus souvent encore, et figée surtout, sans aucun espace pour ce « trouble dans le genre » par lequel les femmes ont conquis de nouvelles libertés et modes d’agir...
Non, cette initiative est poétique et paradoxale parce que les féministes entendent ici « occuper » l’espace public, mais... à l’heure où celui-ci est désert, dans une époque où la fameuse « parité » n’a toujours pas réussi à balayer l’image d’un monde décisionnel avant tout masculin et autrement visible. Elles le font à l’heure où il n’y a personne. Elles s’affirment, mais comme à moitié. Elles se montrent et se cachent à la fois. Certes, l’espace urbain de jour est saturé de signes déjà, et cette marche nocturne incarne une stratégie de visibilisation qui se défend. Certes encore, il s’agit de « dire »... et de convier les femmes à « vaincre » leurs peurs. Des peurs qui remontent du fond des âges. Fragilité extrême refusée mais montrée en même temps, mise en scène sous les lumières artificielles, comme pour un théâtre ambitieux. Cette « action » renvoie, qui plus est, aux marches aux flambeaux de la vulgate romantique révolutionnaire ! Et pourtant... Marche victorieuse ou marche des damnées ? Acte politique ou acte manqué ? Du fond de la nuit, je hurle la douleur de mon oppression. Mais en silence, on peut le parier... Non au nom de quelque communion avec le monde de la Reine de la Nuit. Mais parce qu’il ne faudrait pas réveiller les enfants. Quand le soleil se lèvera-t-il enfin aussi pour les femmes ?
E-Leon’e
L’Appel, p1 (dans son intégralité)
Des filles, des femmes, des féministes et des lesbiennes, réunies régulièrement à la Maison des Femmes de Paris, appellent toutes celles de la région parisienne et d’ailleurs à :
un RASSEMBLEMENT suivi d’une MARCHE DE NUIT NON-MIXTE
le SAMEDI 14 JUIN 2008 à 19H30,
à PARIS, place Armand Carrel (métro Laumière)
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