mardi 12 février 2008

A Bagnols-sur-cèze,(30,Gard) une affiche de théâtre privée d'affichage

voir l'affiche ici :
http://archipelrouge.blogspot.com/2008/02/cachez-ce-balcon-que-je-ne-saurai-voir.html

Source : Midi Libre

Édition du mardi 5 février 2008


A Bagnols, une affiche de théâtre privée d'affichage



Théâtre / Polémique L'affiche que la mairie a fait interdire Jacques Pouradier- Duteil estime être dans son rôle d'élu laïque en prenant cette décision« L'affiche est une continuité artistique »

Est-il opportun d'interdire dans les emplacements municipaux une affiche qui annonce Le Balcon, une pièce de théâtre de Jean Genet, auteur quelque peu sulfureux ? « Oui » répond Jacques Pouradier Duteil, l'adjoint à la culture de Bagnols-sur-Cèze, qui estime être dans son rôle d'élu laïque en prenant cette décision. Selon lui, « cette affiche peut blesser une partie de mes concitoyens ».

L'affiche litigieuse, décrite par Fred Tournaire, son auteur et metteur en scène de la pièce, comme « une continuité artistique », et qui évoque « un fantasme », présente en avant-plan
un homme habillé en mariée portant un autre homme évoquant le Christ. « C'est une provocation volontaire », rétorque l'élu qui se défend de tout électoralisme, étant en effet candidat UMP aux cantonales sur Bagnols. « J'aurais fait la même chose l'an dernier. » Le metteur en scène, lui, s'étonne et n'entend pas choquer. « Il n'y a rien de pervers là-dedans. » La pièce, créée en novembre dernier, a déjà été jouée quatorze fois dans l'Hérault, les PO et la Lozère, sans que l'affiche ait été interdite.

F. G.

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Polémique : L'affaire du "Balcon" provoque de vives réactions

Édition du jeudi 7 février 2008




Polémique Quand l'affiche interdite devient électorale La liste d'union de la gauche appelle la population à venir soutenir la pièce ce soirThêatre : le rideau se baisse sur l'affaire du "Balcon"


La mairie de Bagnols a fait interdire l'affiche d'une pièce de théâtre jugée provocante


Comme coup de pub, on pouvait difficilement faire mieux. "Le Balcon" de Jean Genet, du moins la version proposée demain soir au centre culturel (lire ci-contre) par la compagnie montpelliéraine "Pourquoi pas les Thélémites", aura eu droit à une première partie des plus polémiques signée Jacques Pouradier Duteil. L'interdiction d'affichage sur les espaces municipaux, annoncée par l'adjoint au maire délégué à la culture et au patrimoine, et présentée comme la décision d'un « élu laïque »,
souhaitant faire en sorte « que chacun soit respecté dans sa foi et ses convictions », a fait réagir plusieurs lecteurs de Midi Libre.


Pour l'interdiction.


Charles de Taxis du Poet : « L'affiche annonçant "Le balcon" a un fort caractère publicitaire de très mauvais goût. Elle exprime une dominante de bêtises avec ce mélange de drogue, de passion ou autre collage de parapluies... Son regard sur la religion est tellement déplacé et farfelu qu'il en devient honteux et ridicule. Cette affiche n'est pas belle, elle n'attire pas vers le haut et le vers mieux. Ces symboles grotesques n'ont rien à faire dans un affichage municipal. L'interdiction me semble adaptée à l'aspect négatif de l'affiche. »

Contre l'interdiction.


Bernard Rouil : « M. Pouradier Duteil se dit peut-être laïque, mais il n'est pas démocratique en interdisant cette affiche, tel est mon point de vue. »

Vincent Causse et Pierrette Pasquini Houille :

« Si Jacques Pouradier Duteil estime être dans son rôle d'élu laïque en prenant la décision d'interdire une affiche qui pourrait heurter les convictions de certains de ses concitoyens, il se trompe : la laïcité n'a pas vocation à créer une censure religieuse, bien au contraire. Elle a justement pour essence de combattre cette censure. Cela relève de l'ineptie »

« La séparation des églises et de l'État permet une libre expression indépendante de toute pression philosophe ou religieuse. L'Etat ne reconnaît pas les notions de "sacré" ou de "blasphématoire". La liberté de conscience respecte les droits de croyance et de non-croyance, mais n'interdit pas de critiquer ces croyances , précisent ces deux représentants de l'amicale Laïque de Bagnols Ufal Bagnols , c'est ce que n'avait pas compris M. Roubaud quand il voulait rétablir le "délit de blasphème". Cette tentative liberticide heureusement avortée réapparaît aujourd'hui déguisée par M. Pouradier au nom d'un prétendu "respect mutuel" et d'une conception du principe de laïcité qui relève de l'ignorance.

Que M. Pouradier ait fait le choix d'interdire une affiche illustrant un spectacle qu'il avait lui-même programmé est déjà une incohérence. Qu'il le fasse au nom d'une bienséance contestable en faisant fi de la liberté de création artistique en est une autre. Qu'il invoque pour justifier son choix la laïcité est tout à fait choquant et dénote une méconnaissance totale d'un principe universel qui est celui de la liberté de conscience et de la libre expression dans la sphère publique. »
« Chacun a le droit de ne pas aimer une affiche, de la louer ou de la critiquer mais la soustraire aux regards sous des prétextes de bienséance relève d'une conception obscurantiste, ajoutent ces deux lecteurs bagnolais, M. Pouradier a fait son choix, qu'il l'assume pour ce qu'il est : une censure et qu'il ne se permette pas d'invoquer la laïcité pour le justifier. »

De nombreuses personnalités politiques montent actuellement au créneau dans cette affaire.

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