mardi 26 février 2008

Le silence des femmes, enquête de l'Insee sur la violence envers les femmes

LE MONDE | 22.02.08

Selon l'enquête Cadre de vie et sécurité, publiée jeudi 21 février par l'Insee, les femmes sont autant exposées à la violence dans leur propre foyer qu'à l'extérieur de leur domicile : 3,3 % des femmes ont déclaré avoir subi en 2005 ou 2006 une agression physique ou sexuelle de la part d'une personne vivant chez elle, et 3,3 % l'ont vécue hors de chez elles.

Les violences conjugales sont, le plus souvent, tues : un cinquième des victimes de violences physiques et le tiers des victimes de violences sexuelles n'ont ni porté plainte, ni enregistré de main courante, ni parlé à qui que ce soit. Quand elles évoquent l'agression, elles s'adressent en priorité à un proche (41,6 %), puis à une association ou à un professionnel (19,4 %), ensuite seulement à la police (11,1 %).

Cette enquête précise également le profil des auteurs de violences conjugales : ils ont souvent plus de 45 ans et sont faiblement diplômés. "Les agressions sexuelles et les violences domestiques envers les femmes se rencontrent dans tous les milieux sociaux, constatent les auteurs de l'étude, Lorraine Tournyol du Clos et Thomas Le Jeannic, mais elles sont plus fréquentes dans les milieux à faible niveau scolaire.
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Violences : le silence des femmes

Soumis par francis le Ven, 22/02/2008 Société
source : http://www.segoleneparis.fr/node/4703


Une femme victime de violences physiques au sein de sa famille sur cinq n'a pas porté plainte, ni parlé à qui que ce soit de ces agressions.


Dans un cas sur cinq, les femmes victimes de violences physiques au sein de la famille gardent le silence. Elles ne portent pas plainte, n'en parlent ni à la police, ni à un ami, ou à un médecin. C'est ce que révèle jeudi une enquête de l'Insee réalisée dans des conditions de confidentialité inédites.

Pour les violences sexuelles, la proportion de victimes murées ainsi dans leur silence est même de une sur trois, selon l'étude de l'Institut national de la Statistique et des Etudes économiques (Insee), réalisée entre janvier et mars 2007 auprès de 17.500 personnes.

"Et quand la victime se confie, c'est rarement à la police", qui ne reçoit que 12% des victimes (plainte ou main courante) pour les violences physiques, et 8% pour les violences sexuelles, "soit globalement à peine une sur dix".

6% des femmes de 18 à 59 ans

Quand elles se décident à parler de l'agression subie, c'est plus souvent à un proche ou un ami (42%) ou à un professionnel (19%) qu'à la police.

"Tout se passe comme si elles cherchaient davantage à être comprises et soignées que vengées, ou comme si elles n'avaient pas confiance dans les chances de voir leur agresseur puni", commentent les auteurs de l'étude.

Au total, 6% des femmes âgées de 18 à 59 ans disent pourtant avoir été l'objet d'injures sexistes, 2,5% avoir été agressées physiquement et 1,5% avoir subi un viol ou une tentative de viol en 2005 ou 2006, selon les témoignages recueillis par les quelque 300 enquêteurs déployés trois mois durant par l'Insee pour l'enquête.

"Une fois sur deux, c'est le conjoint qui est l'auteur des violences envers la femme à l'intérieur du ménage. C'est même le cas trois fois sur quatre quand il s'agit de violences sexuelles".

Dans le cas des viols, un sur cinq est perpétré par l'ex-conjoint et la moitié des victimes connaissaient leur agresseur, selon l'étude.

Comment les enquêteurs de l'Insee parviennent-ils à "faire parler" ces femmes de violences qu'elles n'ont jusqu'ici osé rapporter à personne ? Comment libérer leur parole quand quelqu'un du ménage, peut-être même leur bourreau (mari, ami, fils, père, mère, etc), peut être présent dans la pièce pendant le questionnaire ?

Sans doute en grande partie grâce à un procédé jusqu'ici jamais utilisé pour ce type d'enquête : un casque qui isole la personne interrogée de son entourage et lui permet d'être seule à entendre les questions.

Quand on lui demande dans le casque relié à un ordinateur portable "en 2005 ou 2006, est-il arrivé qu'une personne qui vit actuellement avec vous, vous gifle, vous frappe, vous donne des coups ou vous fasse subir toute autre violence physique ?", elle se contente de taper sur une touche correspondant à "oui" ou "non".

Le questionnaire devient alors de plus en plus précis: "à quelle fréquence ont lieu ces violences ? par qui ?, etc.", sans que personne alentour, pas même l'enquêteur, ne connaisse les questions et réponses qui sont ensuite dépouillées anonymement par un centre informatique à Lille.

Jusqu'ici silencieuse, la victime peut ainsi - parfois pour la première fois - exister en tant que telle, une étape symbolique importante quand on sait la culpabilité et la honte souvent ressenties par les femmes battues.

Elles ne sont pas les seules: les hommes sont aussi parfois victimes de violences conjugales, physiques ou sexuelles, précise l'Insee: "moins nombreux que les femmes, ils taisent ces violences encore plus certainement".
Source : L'Express

Ndlr : Si je sais que les vices et les vertus ne sauraient être genrées, cela n'altère en rien mon féminisme, car il importe de souligner que dans le cas d'hommes victimes de violences il s'agit bien souvent d'actes de représailles de femmes battues, violentées.
La barbarie subit par les femmes est, sans équivoque, sans équivalent!

Sémaphore

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