dimanche 13 avril 2008

Gravissime



Gravissime

source : L'HUMA

Article paru le 5 avril 2008

Editorial par Pierre Laurent

N’ayons pas peur des mots. Les mesures annoncées hier par Nicolas Sarkozy en matière de conduite des politiques publiques nationales sont gravissimes. Quand on voit les dégâts qu’est en train de provoquer dans l’éducation nationale la première vague de réduction de 11 000 postes, on imagine ce qui peut découler d’une application généralisée et intangible du principe de non-remplacement d’un départ en retraite sur deux dans la fonction publique. Nicolas Sarkozy veut en faire une règle intouchable. Lancé à plein régime, c’est un missile qui pourrait déstabiliser l’éducation nationale, la santé hospitalière, la justice, les services de l’État dans leur ensemble, et pour tout dire l’action publique en général. C’est d’ailleurs bien celle-ci, et non quelques dépenses excessives, qui est visée. L’action publique au sens large, d’ailleurs, et dans toutes ses dimensions, y compris internationales. Dans une verve aussi démagogique que populiste, le chef de l’État s’est par exemple laissé aller à ridiculiser les effectifs diplomatiques de la France au Sénégal, laissant entendre qu’il fallait sérieusement les dégraisser. Mais que penser de cette déclaration venant d’un président qui rentre de Bucarest, où il vient de procéder à un alignement historique de la France sous les jupes de l’OTAN, recevant des félicitations aussi ridicules qu’enthousiastes de George W. Bush, certain de tenir en Nicolas Sarkozy « la dernière incarnation d’Elvis Presley » ? On rirait aux éclats si ce n’était pas si grave.

Une fois encore, Nicolas Sarkozy n’a pas dit la vérité. Car comment expliquer qu’il se soit lancé à l’occasion de ce discours sur la modernisation des politiques publiques dans une diatribe fustigeant les Français qui voudraient tous rentrer dans un logement social ? Tout simplement parce qu’il envisage de sabrer comme jamais dans l’effort public en matière de logement.

Il s’est bien gardé de le dire. Et a préféré pointer du doigt ces salariés demandeurs de logement HLM, trop nombreux à ses yeux. À le suivre, pour diminuer les files d’attente du logement social, la solution est simple. Il faut non pas répondre à la demande, mais sabrer dans ces files d’attente. Là comme ailleurs, le discours de Nicolas Sarkozy annonce de très graves régressions. Tout doit être fait pour contrer la politique annoncée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

gravissime, c'est ce que je n'arrête pas de dire, et nos angoisses sont tout à fait justifiées !