mercredi 16 avril 2008

L’art de la féminité, c’est de la putasserie. Virginie Despentes



« L’art de la féminité, c’est de la putasserie. L’art de la servilité. On peut appeler ça séduction et en faire un machin glamour. Ca n’est un sport de haut niveau que dans très peu de cas. Massivement, c’est juste prendre l’habitude de se comporter en inférieure. Entrer dans une pièce, regarder s’il y a des hommes, vouloir leur plaire. Ne pas parler trop fort. Ne pas s’exprimer sur un ton catégorique. Ne pas s’asseoir en écartant les jambes, pour être bien assise. Ne pas s’exprimer sur un ton autoritaire. Ne pas parler d’argent. Ne pas vouloir prendre le pouvoir. Ne pas vouloir occuper un poste d’autorité. Ne pas chercher le prestige. Ne pas rire trop fort. Ne pas être soi-même trop marrante. Plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu’on gomme tout ce qui relève du domaine de la puissance. Pendant ce temps, les hommes, en tout cas ceux de mon âge et plus, n’ont pas de corps. Pas d’âge, pas de corpulence. N’importe quel connard rougi à l’alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions sur le physique des filles, des réflexions désagréables s’il ne les trouve pas assez pimpantes, ou des remarques dégueulasses s’il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter »

Virginie Despentes, King Kong théorie, Grasset, 2006, p 136-137.

nota bene :
je vous recommande la lecture de l'article de Florence & Sylvie Tissot
sélectionné par mauvaise herbe

3 commentaires:

Anonyme a dit…

oui c'est assez ça ! malheureusement ... l'injonction de se comporter en paillasson ... (ceci dit je suis pas une fana de Despentes)

Anonyme a dit…

Simple, direct, efficace, réaliste, authentique et vérifiable.
J'ai bcp aimé le livre de Virginie Despentes.

Romane

sémaphore a dit…

Bienvenue Romane, j'entends votre enthousiasme de lectrice à ce nouvel opus de V.Despentes, ai découvert cet appel aux lectrices et lecteurs de King Kong théorie, son style est sans concession en adéquation avec son entité, sa pensée, sa personnalité, sa dénonciation du système androcentré.

@Emelire, tous ces - "Ne pas" faire ci, être comme ça - portent les stigmates d'une conception patriarcale réduisant la femme à un état d'immaturité placée sous tutelle masculine, de la féminité comme un art de la tapiserie sans rien qui dépasse, il ne faudrait pas leur faire de l'ombre...
Voilà une parole qui claque!
Claque la porte à toutes soumissions!