vendredi 21 mars 2008

Excision : L'OMS fait état de risques à l'accouchement

Excision : L'OMS fait état de risques à l'accouchement


Plus de 3 millions de fillettes sont excisées chaque année en Afrique, selon l'OMS.
Dans son rapport, publié à l’issue d’une enquête sur la pratique, l’OMS explique que les femmes qui ont subi l’excision ont de fortes chances d’accoucher par césarienne et le taux de mortalité est 50% plus élevé chez leurs enfants.
L’étude de l’OMS, qui a été publiée dans la très sérieuse revue médicale, "The Lancet", concerne plus de 28.000 femmes dans 6 pays de l’Afrique au sud du Sahara : le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, le Nigeria le Sénégal et le Soudan.

Les mutilations génitales féminines sont une pratique courante dans certaines régions d’Afrique, encouragées par des croyances et coutumes qui considèrent qu’elles protègent l’honneur des filles.

"Torture injustifiable"

Ce rapport est le premier du genre à faire un examen aussi approfondi sur les conséquences à long terme de l’excision.

L'OMS estime que rien ne peut justifier cette torture du corps des fillettes et lance un appelle pour mettre fin à toutes ses formes, même celles effectuées par le personnel médical.

Joy Phumaphi, directrice générale adjointe de l'OMS, pour la santé familiale et communautaire, a souligné qu’il est hors de question d’accepter une médicalisation des mutilations génitales féminines.

Pourtant, le médecin égyptien Munir Falsi, affirme que les types 1 et 2 (voire encadré) de mutilations génitales ne sont ni cruels ni dangereux.

Il soutient que ces formes d'excision ne posent aucune sorte de problème ni pendant la grossesse ni lors de l’accouchement. Il précise en outre que 90% des femmes égyptiennes sont excisées.

Selon le professeur Munir Falsi, la plupart des complications sont liées du type 3.

Des millions d'excisées

Le rapport de l’OMS estime que plus la mutilation est importante plus les risques sont sérieux, mais l'organisation souligne que toutes les formes sont dangereuses.

Selon les auteurs de l’enquête de l’OMS, le risque de césarienne est 30% plus élevé pour les femmes qui ont été excisées.

Par ailleurs, elles ont 66% de chance de donner naissance à un bébé qui aura besoin de soins intensifs pendant que 55% d’entre elles risquent de perdre leurs enfants avant ou après l'accouchement.

Joy Phumaphi de l’OMS a indiqué que cette étude apporte, pour la première fois, la preuve que les femmes excisées sont davantage exposées à des complications lors de l'accouchement.

Selon l’OMS, de nombreux pays africains ont adopté des lois pour lutter contre l’excision mais l'application de ces textes rencontre des problèmes sur le terrain.

Les mutilations génitales féminines sont pratiquées dans 28 pays, principalement en Afrique sub-saharienne, aussi bien dans les communautés musulmanes que chrétiennes.

L’OMS ne fournit pas de chiffres sur le nombre de morts provoquées par l’excision mais le docteur Heli Batchiya a déclaré à la BBC que la pratique touche chaque année 3 million de fillettes.

Au total, plus de 100 millions de femmes en ont été victimes dans le monde.

La situation varie fortement d’un pays à l’autre : de 20% de filles au Sénégal à 90% au Soudan.

Mais selon l'OMS, même au Sénégal, le taux peut atteindre 100% dans certaines zones, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes.

TYPES DE MUTILATIONS
Type 1 – Excision du prépuce, avec ou sans excision partielle ou totale du clitoris ;
Type 2 – Excision du clitoris, avec ablation partielle ou totale des petites lèvres ;
Type 3 – Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation).

Source : OMS, http://www.who.int/fr/

3 commentaires:

Anonyme a dit…

une amie qui a des contacts en Afrique de l'Ouest me parle justement des accouchements. Elle me dit que dans tel centre de santé, il y a une salle prévue pour faire des césariennes, il y a eu 14 césariennes. Alors je lui dit : c'est super. Alors elle me dit : mais toutes les femmes sont décédées. Et elle ajoute, que l'anesthésie n'est pas totale, parce qu'ils manquent de tout.

sémaphore a dit…

Merci pour ce témoignage Emelire,
il nous montre combien la non répartition des richesses tue chaque jour, traduisant là toute l'indécence de l'injustice en matière de soins.

Que représentent la souffrance de ces femmes pour les grands lobbies pharmaceutiques ?...

Quand nous songeons aussi à leur opposition à l'utilisation de génériques pour les malades du sida!

C'est le monde qui est malade, malade du capitalisme

Anonyme a dit…

Les éditions chèvre-feuille étoilée viennent de publier un livre, Entière ou La réparation de l'excision.
"Des femmes ont excisé des fillettes. Le chirurgien, Pierre Foldes répare la mutilation. L’anesthésiste, Michèle Wilisch, et la sexologue, Frédérique Hédon, à l’écoute de ces fillettes devenues adultes, les accompagnent sur le chemin de leur reconstruction.
Marie-Noël Arras a recueilli leurs témoignages ainsi que celui de Mahoua Kone, temps fort, pour prouver, si besoin est, combien il est important d’informer sur la possibilité de réparer une mutilation qui touche aujourd’hui en France environ 60 000 fillettes selon le ministère de la santé !
www.chevre-feuille.fr