La poésie est une arme chargée de futur
Quand on n'attend plus grand-chose qui nous exalte à nous-mêmes
Mais que palpitent et s'affirment en deçà de la conscience.
La sauvage existence et l'aveugle présence,
Comme un pouls qui palpite dans les ténèbres
Martèle les ténèbres,
Lorsque l'on regarde en face
Le vertigineux regard pâle de la mort, Les vérités s'avancent
Les barbares, terribles cruautés de l'amour,
Cruautés de l'amour.
C'est la poésie des pauvres, la poésie nécessaire
Comme un pain pour chaque aurore
Comme l'air que nos poumons veulent à chaque seconde
Pour être et puisque nous sommes, dire un oui qui
Nous fasse hommes, dire un oui qui nous fasse hommes.
Car nous vivons à la force, et c'est à peine s'ils nous Laissent leur dire qui nous sommes
Alors nos chants ne peuvent être sans péché pure forme,
Nous touchons au fond de l'ombre,
Nous touchons au fond de l'ombre.
Maudite la poésie qui fut conçue comme un luxe Culturel par tous les neutres
Ceux qui font la sourde oreille, ceux qui gardent les mains propres, Maudite la poésie dont pas un mot
Ne s'engage, s'engage et compromette.
Je fais miennes les fautes, je ressens les souffrances,
Et respirant, je chante,
Chante et chante, et chantant au-delà de ma peine,
De mes peines personnelles,
J'avance, j'avance.
Je veux vous redonner vie, provoquer de nouveaux actes
Et calcule en cela ce que peut ma technique
Je me sens un ouvrier du vers, un ingénieur
Qui travaille avec vous en l'Espagne,
L’Espagne en sa puissance.
Ma poésie n'est pas goutte à goutte pensée.
Ce n'est pas une fleur, et pas un fruit parfait.
C'est ce qui est nécessaire et qui n'a pas de nom,
Des actes sur la terre,
Un cri vers l'horizon.
Car nous vivons à la force, et c'est à peine s'ils nous laissent Leur dire ce que nous sommes.
Alors nos chants ne peuvent être sans péché pure forme
Nous touchons au fond de l'ombre,
Nous touchons au fond de l'ombre.
Gabriel Celaya, poète espagnol (1911-1991), trad. P Pascal, 1970.
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