Hillary Clinton et les primaires américaines - Fini, tout cela (bis)
par Robin Morgan
Source originale : "Goodbye To All That (#2)".
http://www.womensmediacenter.com/ex/020108.html
Finies donc, les conversations au sujet de la cicatrice la plus profonde de notre pays, l’esclavage, où personne n’admet que l’esclavage tout court et l’esclavage sexuel existent encore aujourd’hui aux États-Unis et ailleurs dans le monde, et que la majorité des esclaves sont des femmes.
Les femmes ont été la cible de haine à cause de leur sexe/race/origine ethnique/religion ; elles ont été violées, battues, envahies dans leur esprit et leur corps et forcées à enfanter ; elles ont toujours été majoritaires parmi les pauvres, les analphabètes, les handicapés, les réfugiés, les soignants, les séropositifs/sidéens, les impuissants. Nous avons survécu à l’invisibilité, au ridicule, aux intégrismes religieux, à la polygamie, aux gaz lacrymogènes, au gavage, à la prison, à l’asile, au sati, au purdah, aux mutilations génitales, aux bûchers dressés pour les sorcières, aux lapidations et aux tentatives de gynocide. Nous avons tout essayé : les appels à la raison, la persuasion et la surqualification, pour apprendre après tous nos efforts que nos difficultés n’avaient rien à voir avec un manque de compétence. Nous savons qu’à l’époque où nous vivons, les femmes perçoivent le monde différemment des hommes - bien qu’elles ne le perçoivent pas nécessairement toutes de la même façon - et qu’elles peuvent gouverner autrement, comme en témoignent Elizabeth Tudor (8), Michèle Bachelet (9) et Ellen Johnson Sirleaf (10).
Finie, ma patience pour les jeunes femmes qui, pour s’attirer l’approbation des hommes, s’empressent de montrer qu’elles ne sont pas des féministes (du moins pas de celles qui menacent le statu quo), qui ne peuvent pas s’identifier à une femme candidate qui n’a pas peur du pouvoir (le vilain mot !), qui craignent que leur copain ne les regardent de travers si elles disent du bien de Hillary. Et que répondre aux femmes frileuses de tout âge qui, encore une fois, ne se sentent pas à la hauteur et boudent Hillary sous mille prétextes : « Et si elle n’avait aucune chance d’être élue ? » ou « Et si le féminisme était dépassé et que nous avions déjà l’égalité ? ». J’ai envie de leur citer une formule magnifique de Harriet Tubman (17). Quand on lui a demandé comment elle avait réussi à sauver des centaines d’esclaves afro-américains grâce à l’« Underground Railway », la filière d’évasion qu’elle avait mise en place pendant la Guerre civile américaine, elle a répondu avec amertume : « J’aurais pu en sauver des milliers - si seulement j’avais pu les convaincre qu’ils étaient esclaves. »
Lire, dans son intégralité, cet article magistral sur Sisyphe :
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2912
notes :
8. Elizabeth Tudor (1533-1603) : reine d’Angleterre, fille d’Henry VIII et de Anne Boleyn.
9. Présidente de la République du Chili depuis le 11 mars 2006.
10. Présidente du Libéria depuis le 23 novembre 2005.
17. Harriet Tubman est une abolitionniste qui, après avoir échappé à l’esclavage, a accompli treize missions pour sauver 300 esclaves en utilisant le réseau militant des abris sécuritaires, appelé "le chemin de fer clandestin".
samedi 8 mars 2008
Hillary Clinton et les primaires américaines - Fini, tout cela (bis) par Robin Morgan [extraits]
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