Le PSOE de Zapatero remporte les élections espagnoles
Belle victoire pour les socialistes espagnols, et clair regain de légitimité pour le président du gouvernement sortant José Luis Rodriguez Zapatero. Le PSOE a remporté les élections parlementaires de dimanche, alors que son rival le parti populaire gagne aussi des sièges, signe d'une bipolarisation croissante de la vie politique espagnole.
Avec 78,27% des votes dépouillés, le Parti socialiste ouvrier espagnol obtenait 44,17% des voix et 168 sièges à la chambre basse (contre 164), avec une marge confortable devant le Parti populaire (PP, conservateur), à 39,88% et 154 sièges (contre 148). Le PSOE ne semblait donc pas pouvoir atteindre la majorité absolue, à 176 sièges de la chambre basse.
Juste après avoir reçu un appel de féliciations de son rival malheureux Mariano Rajoy, Zapatero a prononcé devant une foule de partisans en joie qui brandissaient une mer de drapeaux du PSOE un discours de victoire aux allures de programme pour la "nouvelle ère" des quatre années à venir.
Remerciant les Espagnols pour cette "claire victoire", il a dit souhaiter "ouvrir une nouvelle étape", "sans crispation" et un "nouveau temps", consacré à corriger les erreurs faites en quatre ans et à poursuivre les chemins à succès.
Répétant "je gouvernerai" à plusieurs reprises, il a précisé qu'il le ferait avec "la main ferme, et la main tendue", à la tête d'une Espagne qu'il veut "unie et diverse", "libre et tolérante", et en "pensant à tous mais avant tout à ceux qui n'ont pas tout".
Le PSOE avait revendiqué la victoire un peu plus tôt dans la soirée, après le dépouillement de 50% des votes. Zapatero "est en meilleure position pour gouverner ces quatre prochaines années et entamer une nouvelle période de changement et de progrès avec un gouvernement socialiste", c'est une grande victoire", a lancé le porte-parole du PSOE José Blanco, sous les vivats des militants socialistes réunis au siège du parti à Madrid.
Juste après les premiers sondages sortie des urnes, peu après 20h, le porte-parole avait surtout évoqué la famille d'Isaïas Carrasco, l'ancien conseiller municipal socialiste assassiné à l'avant-dernier jour de campagne au pays basque, crime attribué aux séparatistes d'ETA, et toutes les victimes du terrorisme: "le premier gagnant est la démocratie", a ajouté Blanco.
Samedi, peu avant les funérailles de son père, la fille aînée d'Isaïas Carrasco, Sandra avait lancé un vibrant appel aux Espagnols, les exhortant à se rendre en masse dans les bureaux de vote en signe de défi à ETA.
A son tour, la première vice-présidente du gouvernement Maria Teresa Fernandez de la Vega, intervenant vers 22h30, a rendu un hommage ému à l'ex-édile assassiné, lançant: "nous n'oublierons jamais Isaïas", avant de s'engager à "ne jamais plier devant la violence".
En début de soirée, le porte-parole du PP Pio Garcia Escudero ne renonçait pas à l'optimisme, estimant que seuls les résultats définitifs comptaient et que le PP ferait "un magnifique résultat". Plus tard, il a reconnu la victoire du PSOE, tout en se félicitant effectivement du gain en sièges de son parti.
Car la bipolarisation de la vie politique espagnole se confirme et se renforce également, à l'issue d'une campagne électorale tendue: les deux grands partis gagnent en sièges, alors que les petits partis tirent fort mal leur épingle du jeu, hormis les nationalistes catalans modérés de Convergencia I Unio (CiU), qui se maintiennent à dix sièges, et les nationalistes basques du PNV (qui perd un siège, à 6).
Les autres petites formations sont laminées, IU (Izquierda unida, qui passe de 5 sièges à 3) et surtout ERC, les indépendantistes de Catalogne, grande perdante du scrutin, qui glisse de 8 sièges dans l'assemblée sortante à 3.
Le chef de IU, Gaspar Llamazares, a reconnu le "mauvais résultat" de son parti, et déploré le "tsunami bipartisan", dangereux selon lui pour la représentation des idées et "injuste" en raison du système électoral basé sur les provinces, qui pénalise particulièrement IU.
La victoire du PSOE qui vient conforter le bilan des quatre années de gouvernement Zapatero, entamées sur un autre drame sanglant, celui des attentats du 11 mars dans le métro de Madrid, et sur le retrait des troupes espagnoles d'Irak. C'est un satisfecit pour les réformes sociales radicales qu'il a menées en quatre ans, mais aussi une défaite personnelle pour Mariano Rajoy, rival de Zapatero déjà en 2004, qui, malgré sa ligne dure sur la question d'ETA et ses critiques, enregistre là son deuxième échec face au socialiste. AP
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